Maxime Chevalier : « Ce serait irréel »

Crédit photo Zoé Soullard / DirectVelo

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À quoi pouvait bien penser Maxime Chevalier en allant faire “une belle petite sortie d’endurance de 200 kilomètres” ce mardi après-midi ? Au Tour de France, forcément. Certes, le néo-pro n’est pas encore totalement assuré de participer à la prochaine édition de la Grande Boucle, mais les chances qu’il y figure semblent désormais très importantes, à en croire les termes employés par son manager Jérôme Pineau (lire ici). Alors qu’il était encore amateur il y a à peine quatre mois, l’ancien sociétaire du VCP Loudéac pourrait donc participer à la plus grande course du monde cet été, à 21 ans. Le tout alors qu’il n’a, pour le moment, pas encore disputé la moindre course WorldTour dans sa carrière, ni même participé à une épreuve de plus de six jours. DirectVelo fait le point avec celui qui pourrait vivre “un rêve éveillé” dans deux mois et demi.

DirectVelo : Tu fais officiellement parti des dix présélectionnés de la formation B&B Hôtels-Vital Concept pour participer au Tour de France. C’est une sacrée sensation !
Maxime Chevalier : Je ne m’y attendais pas du tout lorsqu’on me l’a annoncé. C’est une grande surprise pour moi. Je me souviens très bien du moment où j’ai appris la nouvelle. C’était le 11 mai, précisément. Didier Rous m’a appelé et m’a dit que j’étais dans la liste. Depuis ce jour-là, je me suis toujours mis en tête que ce n’était qu’une pré-liste et que rien n’est définitivement fait, car j’aurais trop peur d’être déçu si finalement je n’étais pas pris. Mais dans tous les cas, c’est déjà énorme qu’ils pensent à moi pour participer au Tour dès cette année.

Bien que ce ne soit pas encore totalement fait, on sent tout de même à travers les mots de Jérôme Pineau qu’il envisage très sérieusement ta participation au Tour…
Oui, c’est du sérieux (rires). Je fais confiance à Jérôme, à Didier et à l’ensemble de l’équipe, comme à mon entraîneur. Si ils imaginent cette possibilité, c’est qu’ils m’en sentent capable. Pour autant, ce n’est pas fait, j’insiste. D’ailleurs, il se pourrait même qu’un coureur qui n’est pas dans la pré-liste de dix coureurs participe finalement au Tour, Jérôme l’a dit aussi. Alors prudence. J’imagine que ça dépendra aussi du “début de saison”, des courses de reprise. En tout cas, rien n’est impossible et si je peux y aller, j’irai !

T’imagines-tu capable d’aller au bout d’un Tour de France, sur trois semaines de compétition ?
Je n’ai aucune référence mais si j’y vais, ce sera pour faire les trois semaines, bien sûr. Par contre, je ne pourrai jamais faire les 21 étapes à bloc. Si je suis au Tour, je serai obligé de me restreindre sur certaines étapes, de gérer… Il ne faudra pas que je me laisse emporter par l’euphorie de l’événement, à vouloir trop en faire. On a déjà discuté de tout ça avec Didier et Jérôme. Jusqu’à présent, la course la plus longue que j’ai disputée, c’était sur six jours, en Croatie (en octobre dernier, NDLR). Ce serait quelque chose de nouveau pour moi, il faudra que je tente d’économiser mes forces quand ce sera possible, et si c’est possible… 

« JE NE VEUX SURTOUT PAS TOMBER DANS CE PIÈGE-LÀ »

Quel sera ton programme d’avant Tour de France ?
La préparation sera forcément particulière cette année et je pense d’ailleurs que c’est pour ça que l’équipe envisage de me mettre sur ce Tour de France. Dans un contexte “normal”, je n’aurais pas été dans cette pré-liste. Pour le calendrier, sincèrement, rien n’est encore décidé. Tout ce que je sais, c’est que je vais me forcer à ne pas trop en faire à partir de maintenant. Je ne veux surtout pas tomber dans ce piège-là, même si je ne vais certainement pas arriver les mains dans les poches non plus. Il va falloir trouver le bon équilibre et ne pas faire n’importe quoi. 

Sur quelles courses aimerais-tu t’aligner avant le Tour ? Ne serait-il pas souhaitable de découvrir le niveau WorldTour sur le Critérium du Dauphiné avant de disputer la Grande Boucle, par exemple ?
Les deux stages de l’équipe serviront de grosse préparation. En terme de courses, il n’y aura qu’un mois avant le Tour. Forcément, ça ne laisse pas le temps de disputer 50 courses différentes… Le Dauphiné, ce serait bien, pourquoi pas… Mais je ne vais pas choisir. Je fais totalement confiance à l’équipe pour décider de ce qui sera, ou serait, le mieux pour moi au cas où je ferais le Tour. 

Certains coureurs attendent durant toute leur carrière de pouvoir, potentiellement un jour, disputer le Tour de France, y compris parmi tes coéquipiers actuels. Ressens-tu une quelconque pression à l’idée de faire partie des huit sélectionnés en tant que néo-pro ?
Ce sont des choix qui appartiennent à l’équipe, et pas à moi. Si j’ai la chance de participer, ça ne se refuse pas. Peut-être que certains coureurs de l’équipe pourraient trouver ce choix curieux mais encore une fois, c’est une décision du manager et du staff. Pour ce qui est de la pression, pour l’instant, je préfère me dire que je ne suis pas encore sur le Tour. Je suis jeune, j’ai le temps… On va prendre ça étape par étape. S’il est officialisé que je suis sur le Tour, je pourrai envisager tout ça plus clairement (sourire). Pour l’instant, je ne prends pas du tout cette participation comme acquise car j’aurais trop peur d’être déçu si je me monte la tête et que ça ne se fait pas au dernier moment. 

« JE ME SOUVIENDRAI TOUTE MA VIE DE CETTE ANNÉE 2020 »

On te sent très calme quant à la situation mais on imagine que les proches qui t’entourent doivent eux-mêmes être très excités à l’idée de te voir sur la plus grande course du monde…
C’est exactement ça ! Depuis que Jérôme (Pineau) a officialisé la pré-liste aujourd’hui (mardi), j’ai reçu beaucoup de messages de gens qui me disent que je vais faire le Tour et que c’est génial. Mais j’essaie de prendre du recul. Il le faut. 

Ce calme apparent laisse aussi imaginer que tu ne réalises peut-être pas totalement ce qui est en train de se jouer !
C’est ça ! Faire le Tour, ce serait irréel, en quelque sorte. Tout ça paraît complètement fou. Il y a quelques mois, j’étais sur l’Essor basque, sur le Circuit des Plages vendéennes… Puis il y a eu ce coup de fil, un lundi, pour m’annoncer que je passais pro pour remplacer Jimmy Turgis. Le week-end suivant, j’étais sur le week-end en Drôme-Ardèche. Tout s’est enchaîné si vite ! L’hiver dernier, lorsqu’il a été annoncé que l’équipe allait faire le Tour, je ne me suis pas projeté une seule seconde d’un point de vue personnel, évidemment. Et pourtant…. Quoi qu’il arrive, je me souviendrai toute ma vie de cette année 2020. 

Depuis le début de saison, tout semble aller extrêmement vite pour toi. Comment l’expliques-tu ?
Je n’ai pas beaucoup couru chez les Juniors. J’ai plus ou moins montré le bout de mon nez pour ma première année chez les Espoirs. Et encore, je n’ai pas fait de miracles (rires). Mais l’année dernière, il s’est vraiment passé quelque chose. Il y a eu une sorte de gros déclic et tout s’est parfaitement enchaîné. Depuis, je vis ma meilleure vie ! 

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