Alexys Brunel : « Ça faisait longtemps ! »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Alexys Brunel a appris à relativiser au cours des dernières semaines. Percuté par une voiture au cours d'une sortie d'entraînement, le sociétaire de la Groupama-FDJ Continental a traversé une période délicate (voir ici). Auteur du 13e meilleur temps des Championnats d'Europe du contre-la-montre (voir classement), il n'a pas réussi à se hisser au niveau de ses principaux concurrents. Pourtant, l'essentiel est ailleurs pour lui. ''Je suis juste content d'avoir fait un beau chrono et d'avoir pris du plaisir à me faire mal. Ça faisait longtemps que ça n'avait pas été le cas'', explique-t-il à DirectVelo à l'heure de tirer le bilan de sa journée.

DirectVelo : Comment s'est passé ton contre-la-montre ?
Alexys Brunel : Ça s'est plutôt pas mal passé. J'avais de bonnes sensations la veille et ça s'est confirmé aujourd'hui (jeudi). Au niveau des watts, j'ai été vraiment costaud, j'ai battu certains de mes records. Je suis plutôt de content ça. Bien sûr, le classement reste important, mais je ne savais pas où me situer au départ. Je pense avoir fait un chrono propre au niveau technique. Outre le résultat, ce sont des points importants, surtout que je n'ai pas pu faire beaucoup de chronos cette année.

« CONTENT D'AVOIR PRIS DU PLAISIR »

Dans quel état d'esprit te trouvais-tu ?
J’avais vraiment besoin de me rassurer parce que ces dernières semaines n'ont vraiment pas été faciles. Après être sorti de l'hôpital, je n'avais pas envie de reprendre. J'avais vraiment peur. J'ai eu besoin de beaucoup discuter et de voir mes proches. J'ai été suivi par un psychothérapeute. J'avais besoin que l'on me comprenne et que l'on m'aide. Je me posais des tas de questions et j'avais besoin d'aide pour y répondre.

As-tu pensé à ces moments difficiles sur le vélo ?
Oui, j'y ai pensé. Je me suis dit qu'il fallait que j'appuie très fort parce que ça faisait longtemps que je ne l'avais pas fait. Je pense que j'ai encore ma place parmi les meilleurs rouleurs. Au départ, tout le monde veut gagner ou faire une bonne performance, mais là, je suis juste content d'avoir fait un beau chrono et d'avoir pris du plaisir à me faire mal. Ça faisait longtemps que ça n'avait pas été le cas ! Même si je n'ai pas de résultat aujourd'hui (jeudi), je suis content de ma performance.

Tu n'as pas été épargné au cours de cette saison...
Durant le début de saison, je n'avais pas les jambes. Mentalement, c'était vraiment très dur. Je n'avais pas de résultats sur les Classiques. Je n'étais jamais dans le Top 10 alors que d'habitude, j'étais devant. Je ne comprenais pas pourquoi. C'était ma première année pro, je me disais que ça serait peut-être plus facile. Le niveau était le même, mais je n'étais pas bien. J'avais de mauvaises sensations et l'impression de ne pas avoir de force. J'étais vraiment frustré parce que je m'entraînais comme il le fallait. Je n'avais rien changé et j'avais même amélioré des choses. Je faisais plus attention, je faisais preuve de rigueur. Je me suis vraiment beaucoup remis en questions. Je m'étais rassuré au Giro en faisant 6e du prologue, puis 3e de la première étape. Ensuite, lors de la quatrième étape, le moteur a failli casser. Je suis arrivé hors-délais. Ça m'a remis un coup au moral. Je me battais pour le maillot rose la veille et le lendemain, je me retrouvais lâché avec les sprinteurs. Après, j'ai su pourquoi. J'étais malade. Une fois rentré chez moi, je me suis fait renverser par une voiture en roulant.

« J'AI ENCORE DU TEMPS »

Désormais, tu sembles avoir repris une spirale plus positive...
Quand je suis sorti de l'hôpital, j'ai su que j'allais disputer les Europe. Ça m'a fait du bien. J'avais besoin de faire un Championnat. Puis, j'ai appris que j'allais être stagiaire. Ça m'a vraiment remotivé. Je l'attendais dans un coin de ma tête, mais je n'étais sûr de l'être. Vu que je n'ai pas eu beaucoup de résultats, voire pas du tout, je l'aurais compris si je ne l'avais pas été. J'aurais été content si ça avait été quelqu'un d'autre de l'équipe.

Ton objectif sera donc d'intégrer l'équipe WorldTour en 2020 ?
En début d'année, j'étais content que Kevin Geniets passe dans la WorldTour. Pour ma part, il me reste encore une année Espoirs l'année prochaine. J'ai encore du temps. Si je signe avec la WorldTour l'année prochaine, je serais très fier. Mais si ce n'est pas le cas, il me restera encore une année de contrat avec la Conti et je pourrai m'améliorer. J'apprends à relativiser et ça me rend plus serein. C'est sûr que je préférerais passer dans la WorldTour, mais si on m'explique pourquoi ça ne se fera pas cette année, je ne le prendrai pas mal. Il faudra bien travailler pendant le stage et montrer ce que je suis capable de faire avec eux. L'an passé, je m'étais fait plaisir et j'avais beaucoup appris avec Steve Morabito et Anthony Roux. C'était une fierté de rouler pour eux.

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