FFC : Tout pour les Jeux Olympiques

Crédit photo DirectVelo

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Paris a obtenu les Jeux Olympiques de 2024. Dans la foulée, Laura Flessel, ministre des sports, a annoncé vouloir doubler le nombre de médailles, soit 80 podiums si on se fie au résultat de Rio 2016. Autant dire que le ministère va demander des objectifs à remplir aux fédérations.

Le cyclisme est un sport riche en probabilité de médailles. "C'est le troisième sport olympique avec 24 médailles d'or distribuées, derrière la natation (49) et l'athlétisme (48)", rappelait David Lappartient à l'Assemblée générale du comité de Bretagne, samedi dernier à Paimpont (Ille-et-Vilaine).

Si la FFC veut répondre aux objectifs de la ministre, elle doit donc mettre l'accent sur les disciplines olympiques. Yannick Pouey, secrétaire général de la fédération française de cyclisme, ne s'en est pas caché devant les délégués des clubs bretons, pendant cette même Assemblée générale. "La logique de la filière olympique est de concentrer les moyens sur les disciplines olympiques qui seront prioritaires sur le plan financier", a-t-il déclaré après avoir rappelé que "les finances de la FFC sont fragiles et qu'il faut les redresser".

« ARRÊTER LE SAUPOUDRAGE »

Interrogé par DirectVelo, Yannick Pouey précise : "Cela ne veut pas dire que nous allons abandonner les autres disciplines mais nous allons arrêter le saupoudrage. Nous allons, en particulier, favoriser la piste." A Tokyo, il y aura douze médailles d'or en jeu sur le vélodrome.

En clair, on marche sur les traces de la RDA et de l'URSS, chez qui on appliquait le principe : "t'es pas olympique ? T'as pas un kopeck !" (1). Quand seuls les "Amateurs" étaient autorisés par le Comité International Olympique, les disciplines mises à la porte des Jeux pouvaient s'en tirer grâce au secteur professionnel. C'est de moins en moins le cas depuis que le CIO carbure au Coca et au McDo.

Parmi les disciplines qui recevront moins d'argent, le secrétaire général parle du cyclo-cross et de l'Equipe de France sur route Espoirs puisque "ce sont les professionnels qui vont aux Jeux Olympiques", fait-il remarquer. Mais la piste aussi devra parfois réduire la voilure. "Chaque déplacement doit avoir un objectif. Quand on aura marqué suffisamment de points pour se qualifier, si on peut économiser un déplacement, on le fera", ajoute-t-il en prenant l'exemple de la Coupe du Monde de Santiago du Chili où les coureurs de l'endurance étaient absents.

La rigueur budgétaire touche tous les pays. En Italie c'est même le Comité national olympique, le CONI qui demande à la fédération de réduire ses programmes sportifs pour boucler le budget (il en manque 20%). Et la piste avec son programme planétaire est la plus gourmande en moyens.

L'EQUIPE DE FRANCE ESPOIRS PERD DES COURSES

L'Equipe de France Espoirs voit déjà son calendrier 2018 réduit en dehors des courses de la Coupe des Nations (voir ici). Au plus grand regret des coureurs concernés. L'un d'eux s'exprime auprès de DirectVelo : "l'Equipe de France Espoirs c'est important quand on veut se faire remarquer pour passer professionnel". En effet, si depuis 1996, les pros sont admis aux Jeux Olympiques, ils ont été Amateurs avant d'être néo-pros. Un exemple parmi d'autres : David Gaudu. C'est sous le maillot tricolore et dans la côte de Cadoudal du Grand Prix de Plumelec qu'il a tapé dans l'oeil des pros, avant la Course de la Paix et le Tour de l'Avenir.

Le milieu du cyclo-cross s'inquiète aussi. Selon plusieurs sources, le budget de l'équipe de France va se délester de 30 000 euros soit environ 25% du budget total. La France n'est pas la seule à délaisser la discipline qui reste en marge du programme olympique. Au Championnat d'Europe de cyclo-cross de Tabor, l'Allemagne, l'Italie, la Slovaquie, trois pays qui ont eu une forte tradition de cyclo-cross, sont loin d'avoir rempli leurs quotas.

Contrairement à la natation qui découpe ses distances pour multiplier les récompenses, le programme du cyclisme s'étoffe à coup de nouvelles disciplines : le VTT en 1996, le BMX en 2008 et le BMX free style, acrobatique, en 2020. "C'est la première fois qu'un sport cycliste devient olympique avant d'être universel. C'est un sport à notation qui change notre philosophie", admet le Président de l'UCI. Un autre sport à notes, le cyclisme artistique, tape à la porte du CIO à coups de pétitions, sans trouver la clef.

MATHIEU VAN DER POEL PASSERA PAR LE VTT

Si des sports rentrent dans la quinzaine olympique d'autres en sortent. Le vélo a longtemps été sur la sellette et aurait pu être exclu dans son entier (lire ici). Michel Thèze, entraîneur national sur les JO de 1988 et 1992, les deux derniers réservés aux Amateurs, se souvient du 100 km contre-la-montre par équipes sacrifié sur l'autel de la "nouveauté". "Il fallait faire le ménage dans les disciplines cyclistes pour faire rentrer le contre-la-montre individuel et surtout le VTT, qui fait ses débuts aux Jeux d'Atlanta en 1996. Et ensuite le BMX. L'esprit des Jeux demeure, le programme évolue...", déclarait-il à DirectVelo en 2016.

Le 100 kilomètres n'a même pas survécu au programme du Championnat du Monde car les pays n'avaient plus d'intérêt de préparer cette discipline exigeante sans objectif olympique au bout. Le tandem rayé du programme de la piste à Montréal 1976, disparaît du Championnat du Monde, en même temps que le 100 bornes, en 1994.

Que faudrait-il pour trouver un laisser-passer olympique pour le cyclo-cross ? A part organiser de nouveau les Jeux à Anvers et en faire une discipline de démonstration, on voit mal le cross sortir des sous-bois. Les coureurs l'ont bien intégré et Mathieu Van der Poel, une des deux stars de la spécialité, mise sur le VTT pour être présent à Tokyo en 2020.

(1) Une commission du cyclisme pro a existé en Allemagne de l'Est jusqu'en 1958. En 1968, la RDA participe pour la première fois aux JO séparée de la RFA. Le demi-fond, très populaire et très rentable dans les deux Allemagne après-guerre mais qui avait le seul défaut de ne pas être olympique est abandonné au milieu des années 60 en RDA - voir ici.

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