Marion Borras : « J'espère qu'il est fier de la manière dont je me suis battue »

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Sur le podium, elle portait un brassard de deuil sur sa manche gauche. Marion Borras avait la médaille d'argent autour du cou mais c'est l'or qu'elle aurait voulu aller chercher au bout de la course aux points pour rendre hommage à Claude Chérod, mécano de l'équipe de France piste, mort samedi matin (lire ici). "J'y ai pensé toute la journée. Ce soir, j'ai essayé de courir pour lui, mais clairement je n'y étais pas. J'ai couru un peu à contretemps et à l'envers toute la course. Ça me déçoit d'autant plus de passer à côté de ce titre pour lui. Mais j'espère qu'il est quand même fier de la manière dont je me suis battue aujourd'hui", commente-t-elle, émue, pour DirectVelo.

Et pourtant, l'habituelle sociétaire de Cofidis était costaud ce samedi soir pour boucher les trous, faire les classements, doubler en groupe. Avant le dernier sprint, elle est encore en lice pour le titre mais Yvonne Stenberg vient la sauter sur la ligne et prend deux points de plus que la Française qui fond la différence entre le maillot étoilé et la médaille d'argent. "Du début à la fin, c'était dur. Il faisait très chaud dans le vélodrome. J'ai du mal, honnêtement, quand il fait chaud comme ça", ajoute-t-elle.

« ON S'EST POSÉ LA QUESTION DE S'ARRÊTER LÀ »

Pour le dernier jour de compétition ce dimanche, Marion Borras s'alignera dans l'Américaine avec Victoire Berteau, pour reformer la paire vice-Championne du Monde l'an dernier. Mais comme toute l'équipe de France, l'Iséroise a été minée par une intoxication alimentaire. "Il y a trois jours, j'ai passé ma nuit aux toilettes à vomir. Il a fallu assurer les poursuites par équipes le lendemain quand même. J'étais à côté de mes pompes sur le vélo, mais j'ai fait avec l'énergie que j'avais".

L'équipe de France, qui a récolté une autre médaille dans la soirée, en bronze, grâce à Rayan Helal en vitesse, était réunie devant le podium, digne et silencieuse, toujours en pensant à Coco. "Ils nous ont tous réunis pour annoncer la nouvelle. On s'est posé la question de s'arrêter là et puis on s'est dit que le meilleur moyen de lui rendre hommage, c'était de courir pour lui. On est attentif aux uns et aux autres, mais on essaie de gérer chacun notre deuil à notre manière parce qu'il faut gérer aussi la compétition". Dans le petit monde de la piste des liens forts peuvent se créer. "On vit des émotions incroyables, autant de galères que de bons moments. Tout ce qui se passe quand on est en déplacement, on le vit fois mille. Coco, je l'ai connu en 2014, sur mes premiers déplacements en Junior, et on ne s'est jamais quitté depuis".

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