Pierre Lebreton est coureur à l'USSA Pavilly Barentin mais aussi médecin à l'hôpital du Havre et docteur du Mouvement pour un cyclisme crédible (MPCC). Avec ses patients, il est confronté à la troisième vague du coronavirus. "En cancérologie, on perd des patients comme dans la première vague alors qu'ils n'ont pas encore reçu de traitement qui diminue leurs défenses immunitaires". Pour réduire les risques de contaminations, le coureur de N2 en appelle à l'arrêt des compétitions amateurs. Avant le discours du président de la République, Emmanuel Macron ce mercredi à 20h, il a expliqué pourquoi à DirectVelo. 

« On devrait se poser la question du maintien de la tenue des courses amateurs, sur leur légitimité vu le nombre de contaminations. On devrait faire une pause d'au moins un mois.

Est-ce que ça vaut le coup de maintenir ces courses ? Il faut penser à ce qui se passe après la course. Est-ce que ça vaut le coup de contaminer l'encadrement ou les parents de coureurs ? Nous sommes confinés dans la Seine-Maritime mais on a le droit d'aller faire une course de vélo. On va me dire que je parle ainsi car je n'ai plus 23 ans, je n'ai pas la carrière d'un Espoir mais ce sont ces personnes qui transmettent le virus.

La saison a débuté, on a fait des courses, certains ont pris des risques car il y a eu de belles gamelles avec 200 coureurs au départ. Mais le variant anglais change la donne, il est beaucoup plus transmissible. Les protocoles de l'an dernier ne sont peut-être plus autant adaptés à la situation actuelle.

Les sports en extérieur ne sont pas plus à l'abri. Il n'existe pas d'études épidémiologiques fiables pour affirmer ou infirmer qu'il y a moins de contaminations dans ces conditions. Au moment du départ, les coureurs enlèvent leur masque et ils sont tout près les uns des autres. Et il y a forcément des masques qui ne sont pas portés.

Pour reprendre la compétition en Amateurs, il faut réunir plusieurs conditions : qu'il n'y ait plus de confinement ni de couvre-feu, qu'il n'y ait plus de limite de six personnes, de diminuer la pression en réanimation. Mais les Minimes et les Cadets pourraient reprendre avant les Amateurs. Les plus jeunes ont moins de risques et il y a moins d'adultes présents surtout. Et c'est à cet âge qu'ils apprennent le cyclisme, sinon, on aura un creux de renouvellement.

Il faut savoir ce qu'on veut, les sacrifices, il faut les faire maintenant ».