Bruno Armirail, l’antistar

Crédit photo A.S.O / Billy Ceusters
Deux salles, deux ambiances. L’image de l’ultra-dominant Tadej Pogacar, reprenant et débordant Bruno Armirail pratiquement comme si ce dernier était un coureur amateur, dans les premières pentes d’Hautacam, n’était pas sans rappeler la fameuse scène Armstrong-Chavanel, il y a 22 ans de cela, déjà dans les Pyrénées, à Luz-Ardiden, la tape sur le dos en moins. Avant la montée finale ce jeudi, les chances de voir le rouleur de Decathlon AG2R La Mondiale résister au retour des favoris étaient bien minces, alors qu’il ne comptait que deux petites minutes d’avance au pied. Difficile d’imaginer tout de même que l’athlète de 31 ans serait repris si tôt dans l’ascension. “Il est passé très très vite. J’ai juste eu le temps de le regarder, et Au revoir”, plaisantait Bruno Armirail après coup, au micro d’Eurosport.
“Avec deux minutes au pied, je savais que ça allait être compliqué. Il aurait fallu cinq ou six minutes pour aller au bout. C’est comme ça, j’ai essayé et on essaiera à nouveau”. Ou peut-être même plus, qui sait, tant Tadej Pogacar semblait déterminé à gagner à Hautacam, là-même où il avait une fameuse “revanche” à prendre, comme il l’avait lui-même répété plusieurs fois. Pas de regrets, dans ces conditions, pour un Bruno Armirail qui s’est montré le plus costaud des plus de 50 coureurs présents dans l’échappée du jour, sur ses terres pyrénéennes. “Ce n’était pas facile, il fallait déjà réussir à être dans l’échappée, ça a été chose faite et après, il a fallu se faire violence”.
SUR LE PODIUM PROTOCOLAIRE ET EN DISCUSSION AVEC LE PRÉSIDENT
Bruno Armirail était, de surcroît, accompagné d’Aurélien Paret-Peintre dans un premier temps. Un joli coup réalisé par la WorldTeam française. “Franchement, 50 coureurs devant… C’est rare. Je n’étais pas top sur le plat mais tout le monde était dans le dur avec la chaleur”, explique le Haut-Savoyard, qui voulait surtout servir de point d’appui pour Félix Gall. “On n’avait pas forcément les jambes pour être dans les 20 premiers en haut du Soulor alors il valait mieux anticiper pour lui donner un coup de pouce à Hautacam”. Le Champion de France du chrono, lui, a joué son va-tout en déposant Michael Woods et Mattias Skjelmose après la descente du Soulor. Pour se retrouver en solo, dans un exercice qu’il affectionne depuis toujours, à l’offensive. “J'attaque jusqu'au moment où je n'en peux plus... Je m'ennuie en restant dans les roues”, déclarait-il auprès de DirectVelo en… 2013, année durant laquelle il s’était révélé.
Sur cette 12e étape du Tour de France, Bruno Armirail avait d’autant plus envie de se faire plaisir à l’avant qu’il évoluait sur des routes qu’il connaît très bien. “C’est difficile mais quand on est devant, c’est encore plus plaisant. Énormément de gens m’ont encouragé. Courir à la maison, c’est toujours exceptionnel. J’ai vécu de très bons moments. J’avais les frissons”. Loin, très loin de l’OVNI Pogacar et de la lutte pour le maillot jaune, Bruno Armirail l’antistar a lui aussi eu les honneurs du podium protocolaire, puisque logiquement élu coureur le plus combatif de la journée. Ce qui lui aura permis, en outre, de pouvoir échanger quelques mots avec le président de la République, Emmanuel Macron, en marge de la cérémonie des récompenses. Il n’est pas près d’oublier cette belle journée à l’avant. Même si Bruno Armirail attend toujours d'en claquer une belle.
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