Mattéo Vercher : « Je voulais à tout prix gagner cette année »

Crédit photo Christian Cosserat - DirectVelo
Mattéo Vercher a ouvert son compteur chez les pros. Le pensionnaire de TotalEnergies a remporté, ce dimanche, le Tour du Doubs, huitième manche de la Coupe de France FDJ (voir classement). Le coureur de 24 ans exprime sa joie au micro de DirectVelo, neuf mois après être passé près de lever les bras sur une étape du Tour de France (voir sa fiche DirectVelo).
DirectVelo : Tu obtiens ta première victoire chez les pros sur ce Tour du Doubs !
Mattéo Vercher : C'est une fierté et une consécration, ça fait un petit moment que je tourne autour. Gagner chez les pros, quand on regarde la télé, ça a l'air facile, mais en réalité, ça ne l’est pas. C'est vrai que j'ai fait 2e d’une étape du Tour l'année dernière. On m’en parlait souvent. C'est une bonne pression, mais c’est aussi dur mentalement d’encaisser toujours les mêmes remarques. Je voulais à tout prix gagner cette année. Mentalement et physiquement, j'en avais besoin. Ça va me débloquer pour la suite. Ça va me donner de la confiance aussi.
« LES PLACES D’HONNEUR N’INTÉRESSENT PAS GRAND-MONDE »
Ton équipe TotalEnergies a beaucoup travaillé durant les trois jours du Triptyque franc-comtois. Finalement, ça a payé le dernier jour...
On n'a pas toujours été récompensés. C'est vrai que Jordan (Jegat) est passé à côté deux fois. Mais sur ces trois jours, on a pris la course en mains à plusieurs repris. On a été actifs. Ça me fait plaisir de récompenser ce travail collectif sur les trois jours. Heureusement qu'on avait dans l'équipe Fabien Doubey, qui habite dans le coin, il a pu nous aiguiller. Encore aujourd'hui, sur tous les points précis du circuit, les relances, la descente et l'approche des bosses, il a été vraiment essentiel. On a fait une super course d'équipe. Les mecs m'ont protégé toute la journée, ils m'ont mis en confiance. Je pense qu'on le méritait vraiment. Je leur dois cette victoire, ils ont accompli un boulot de malade. Dans le vélo, les places d’honneur n’intéressent pas grand-monde. Il faut gagner des courses.
Dans les dix derniers kilomètres, ton groupe ne comptait qu’une dizaine de secondes d’avance sur le peloton…
Je me suis retourné plusieurs fois pour juger de l’écart. J'avais aussi Joris (Delbove), qui était dans le groupe derrière, qui m'informait à l'oreillette qu'il n'y avait qu'un seul coureur qui roulait. Devant, on était quatre ou cinq à tourner. Sachant qu'il restait moins de cinq kilomètres, je voyais difficilement un retour, à moins qu'on se pose vraiment. En plus, il y avait quand même deux coureurs de la Groupama-FDJ dans l'échappée. Si jamais ça rentrait, je pense qu'un des deux se serait sacrifié. C’est technique, il faut avoir la tête froide pour réfléchir à tout ça tout en roulant. J'ai essayé de gérer au mieux mon affaire et me faire oublier pour arriver le plus frais possible au sprint.
Comment as-tu manœuvré au sprint ?
Quand on a tourné au virage, je m'attendais à ce que ce soit plus long. J'ai été surpris par la distance qui était plus courte. Au panneau des 100 mètres, je ne voulais pas avoir de regrets. J'ai lancé le premier, assez loin, j'ai surpris le groupe. Au final, c'était quand même long, il fallait vraiment aller chercher la ligne d’arrivée, mais j’ai réussi à m’imposer.
« SI J’AVAIS GAGNÉ SUR LE TOUR, ÇA AURAIT PEUT-ÊTRE ÉTÉ TROP RAPIDE »
Sens-tu que ton statut a changé depuis ta 2e place sur une étape du Tour de France ?
Oui, le Tour m'a fait prendre confiance en moi. Je pense que le pire ennemi, c'était surtout moi-même. J'ai pu aller au bout des trois semaines. Ça s'est plutôt bien fini en terminant 2e d’une étape. J'ai pris conscience qu'il n'y a pas que les autres qui pouvaient gagner et que j’étais aussi capable de lever les bras. Ça passe par les Coupes de France avant de gagner sur le WorldTour, c'est sûr. Si j’avais gagné sur le Tour, ça aurait peut-être été trop rapide. Donc, on y va étape par étape. Là, j'ai gagné sur une Coupe de France, ça va me donner encore plus d'ambition pour la suite, ce n'est pas si mal.
Récemment, tu t’étais classé 6e de la Semaine Internationale Coppi et Bartali….
L'équipe me fait confiance. J'ai changé de rôle, d'équipier à coureur protégé. C'est un nouveau statut pour moi que je découvre cette année. C’est de la pression mentale qu'il faut gérer. Tout doucement, étape par étape, je gravis les échelons.
Quelles sont tes attentes, plus généralement, pour ta troisième année pro ?
C'est de relever les bras. J'ai goûté à la victoire aujourd'hui. Ce sont quelques secondes de bonheur pour des mois et des années d'entraînement. Dans une carrière, il y a beaucoup de moments difficiles. On se remet beaucoup en question. Grâce à ce genre de journée, on oublie tout. C'est important de faire des résultats dans une carrière. Ça permet de rester motivé et de performer à nouveau.
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