Quentin Jauregui : « De quoi devenir fou »

Crédit photo Julie Desanlis / DirectVelo

Crédit photo Julie Desanlis / DirectVelo

Auchy-les-Mines. C’est ici, dans le Pas-de-Calais, que Quentin Jauregui a repris la compétition dans les sous-bois, dimanche dernier. Le Nordiste, sur la touche durant près d’un an à cause d’une douleur au genou - syndrome de l’essuie-glace -, souhaite profiter de l’hiver pour retrouver du rythme, des sensations et du plaisir en cyclo-cross, la discipline qui l’avait révélé durant ses jeunes années sur le vélo. Jeudi, il va d’ailleurs enchaîner une deuxième compétition à Bruay-la-Buissière, une fois encore tout près de la maison, lui qui réside à Lens depuis le début d'année. DirectVelo s’est entretenu avec le sociétaire de la formation B&B Hôtels p/b KTM, 27 ans, lequel n’a qu’une idée en tête : briller sur le prochain Championnat de France de la discipline, à Liévin. Et pour le coup, ce sera vraiment à domicile, sur un circuit qu’il aura le temps de connaître par cœur d’ici-là. 

DirectVelo : Tu as repris la compétition sur un cyclo-cross dimanche dernier. Est-ce le début d’une longue série d'épreuves dans les sous-bois pour toi ?
Quentin Jauregui : Oui, c’est le plan. J’ai besoin de retrouver de la confiance et des sensations. J’ai remarqué, depuis un certain temps, que je marche moins bien sur la route depuis que je ne fais plus du tout de cross. Et en plus, je me suis blessé au moment où j’ai arrêté le cross, également. Ce n’est peut-être qu’un hasard mais je me suis retrouvé à choper une merde au moment où je n’ai plus fait de cross… De toute façon, j’avais envie de reprendre la discipline, ça me manque et avec la saison pourrie que j’ai connue sur la route, j’avais besoin de me remettre dedans. Tout était réuni pour me décider à faire la saison de cyclo-cross.

Revenons à ce problème physique qui t’a lourdement handicapé pendant une longue durée, puisque tu n’as pas couru entre le 31 octobre 2020 et le 18 août 2021. Que s’est-il passé ?
J’ai ressenti une douleur au genou, un frottement, à partir du 31 décembre, ou du 1er janvier, pendant un jogging. Comme je n’ai jamais été blessé jusque-là, je ne me suis pas vraiment inquiété. Le jour où j’ai ressenti cette douleur pour la première fois, j’ai continué de courir jusqu’à la maison. Puis j’ai roulé les jours suivants. En me forçant, et malgré la douleur. Mais ça me faisait de plus en plus mal et mes sorties devenaient de plus en plus courtes. Au bout d’un moment, je ne pouvais plus rouler. Comme je venais d’arriver chez B&B Hôtels, je n’osais pas vraiment m’arrêter de rouler. J’avais honte, en quelque sorte. Je n’avais pas envie de passer pour un con auprès de mes employeurs, qui venaient de me faire confiance. Mais le temps passant, on a tous fini par comprendre qu’il n’y avait plus le choix et je me suis mis au repos complet pendant un mois, en avril. Le temps de reprendre les charges d’entraînement petit à petit, ça m’a emmené jusqu’au mois d’août avant de pouvoir retrouver la compétition.

« JE N’OSAIS MÊME PLUS REGARDER LES COURSES »

Tu as dû trouver le temps long…
Franchement, il y avait de quoi devenir fou. J’étais en train de vriller dans ma tête, au bout de trois mois… Quand tu vois tous les mecs courir et que tu restes à la maison, c’est horrible. Au bout d’un moment, je n’osais même plus regarder les courses à la maison, ça me rendait dingue ! En plus, tout juste revenu à la compétition, je suis tombé durant le Tour Poitou-Charentes. Heureusement, je ne me suis retrouvé sur le carreau que pendant une semaine (sourire). Mais ça commençait à faire beaucoup. Ensuite, j’ai fini la saison comme je le pouvais, avec une vingtaine de jours de course au compteur, contre 70 ou 80 d’habitude. Mais il faut faire avec.

Quels enseignements tires-tu de cette période difficile ?
Je ne pense pas refaire de course à pied, pour ne pas prendre de risques. C’est franchement embêtant parce que j’adore cette discipline. D’ailleurs, pendant le confinement, je ne faisais même pas de vélo, je ne faisais que courir (rires). Maintenant, même sur les cross, je ne vais pas trop oser courir… Ou au minimum. Je passe ma vie à faire attention à tous les petits détails, je m’étire tout le temps. J'ai pris de nouvelles habitudes. 

« JE VAIS SÛREMENT PRENDRE DEUX BRANLÉES »

Et te revoilà donc en cyclo-cross. Avec quelles ambitions ?
J’ai un objectif : le Championnat de France, à Liévin. Maintenant que j’ai déménagé à Lens, c’est juste à côté de la maison. J’habite à deux kilomètres du circuit. J’en ai bien discuté avec mon entraîneur, Jimmy Turgis. Je vais reprendre tranquillement, sans me prendre la tête. Pour l’instant, il m’en manque beaucoup pour espérer être performant. Je n’ai fait que deux entraînements sur le vélo de cyclo-cross, j’enchaîne surtout les sorties sur route, mais seulement de 2h ou 2h30, sans aucune intensité. Je vais me rendre sur les prochaines manches de Coupe de France mais sans grande ambition, hormis celle de gagner quelques places sur la grille de départ en vue du Championnat de France.

Tu n’as donc pas le moindre espoir d’être performant dès la double manche de Coupe de France à Bagnoles de l’Orne ?
Non, je vais sûrement prendre deux branlées là-bas (rires). Mais bon, je suis quand même content de retrouver les meilleurs Français et je me dis qu’il faut passer par là. J’ai conscience que les mecs sont forts. Quand je vois les frères Dubau, par exemple, ça avionne… Je ne suis pas du tout à leur niveau pour l’instant, c’est une certitude. Mais je ne m’affole pas, j’ai deux mois pour retrouver de bonnes jambes. Je vais tout faire pour être bien au Championnat de France, je suis super motivé. Et si ça ne marche pas, ce sera de toute façon bénéfique avant la saison sur route. 

« JE N’AI PAS ENVIE DE PARTIR AUX ÉTATS-UNIS À CE MOMENT-LÀ »

Il te reste encore deux mois avant Liévin. Penses-tu avoir le temps de t’y présenter à 100% de tes capacités physiques ?
Je l’espère, et je le pense, oui. Je ne sais pas si ça suffira pour être parmi les meilleurs mais une chose est sûre : il n’y aura pas plus motivé que moi. Avec ce qu’il m’est arrivé cette année, et avec ce Championnat à domicile, je suis plus déterminé que jamais. Je passe devant le circuit de Liévin tous les jours à l’entraînement. Les deux fois où je me suis entraîné spécifiquement pour le cross, je suis allé sur le parcours. La FFC l’a déjà tracé donc c’est parfait. J’ai le temps de bien l’apprendre (rires).

Pourrait-on te voir également sur des manches de Coupe du Monde ou lors du Mondial ?
Ma priorité, ça reste B&B Hôtels et la route. C’est normal, l’équipe m’a pris pour ça, pas pour le cross. Je ne vais pas tirer de plan sur la comète mais je ne serais pas contre le fait de disputer une manche de Coupe du Monde entre les fêtes de fin d’année, si ma condition physique me le permet. Après le Championnat de France, il y aura le stage avec l’équipe et ce sera donc difficile de continuer le cyclo-cross. En plus, ma femme est enceinte et il est prévu qu’elle accouche fin janvier. Je n’ai donc pas envie de partir aux États-Unis à ce moment-là et de prendre le risque de rater l’accouchement. Je n’irai donc pas au Mondial, c’est sûr.

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