Tim Wellens les a tous essorés un par un

Crédit photo ASO - Charly Lopez
Le Pas du Sant devait faire office de juge de paix, ce dimanche, sur la 15e étape du Tour de France disputée entre Muret et Carcassonne. Mais comme souvent quand le niveau est homogène entre puncheurs/grimpeurs, c'est dans les bascules, quand tout le monde doit souffler, qu'une différence est susceptible de se faire. Si le sommet était situé à plus de 50 kilomètres du but, il a fallu attendre une dizaine de kilomètres de plus, dans les toboggans, pour qu'un homme vêtu de trois couleurs mate tout le monde. Si d'abord c'est un quatuor qui ouvrait la route, composé de Tim Wellens, Quinn Simmons, Michael Storer et Victor Campenaerts, le retour par l'arrière de poursuivants a relancé l'histoire.
Sans doute pas très heureux d'être à huit plutôt qu'à quatre, Tim Wellens n'a pas accordé beaucoup de temps aux quatre coureurs revenus pour souffler. Le Champion de Belgique a accéléré l'allure depuis l'arrière. Tout le monde s'est alors regardé, deux ou trois secondes. Suffisant pour prendre quelques dizaines de mètres, avant que ce soit Warren Barguil, l'un des quatre revenants, qui décide d'accélérer pour retrouver la roue de l'attaquant. "Wellens, je le connais le spécimen depuis que je suis en junior, sourit le Breton, interrogé par Ouest-France. C’est la tendance d’attaquer à 50 bornes de l’arrivée, et de résister. Je ne suis pas sûr d’être capable d’en faire autant".
QUINN SIMMONS EN VEUT AUX MOTOS
Pourtant, le Français croit réussir à inquiéter la machine belge. Mais ce dernier, bien qu'il n'ait que quelques mètres d'avance, ne lâche pas son effort d'un watt. Le coureur du Team Picnic PostNL explose en plein vol. Quinn Simmons, pas maladroit quand il s'agit d'écraser les pédales, se casse les dents aussi. Mais le Champion des Etats-Unis, bien qu'il garde la face auprès d'ITV Cycling, sourit jaune. "C'était le gars le plus fort au meilleur moment... avec la moto". Avant que le journaliste qui l'interroge ne lui demande de préciser. "Tu n’as pas regardé la retransmission ? On a déjà vu ça plusieurs fois ici sur le Tour. Un jour, tu profites de la moto, mais la plupart du temps, c’est quelqu’un d’autre qui en bénéficie. On le sait tous, donc tu dois juste trouver un moyen d’être le premier à créer l’écart, et tu es parti".
Le coureur de la Lidl-Trek veut quand même rester bon joueur. "Il a juste choisi un très bon moment. Et bien sûr, tu dois quand même être super fort, ce n’est pas donné gratuitement. Mais c’est clairement un facteur à prendre en compte si tu veux être prêt à partir tôt dans la course", nuance-t-il. Ce bon moment, c'est celui que Michael Storer n'a pas réussi à trouver. Le coureur de la Tudor avait lui misé sur le Pas du Sant pour s'isoler. "Il aurait fallu que j'arrive à partir seul après la montée difficile, mais ça n'a pas marché malheureusement. Après je savais que mes chances de résultat étaient limitées dans ce groupe". L'Australien entrera lui aussi dans la machine à laver, essoré par Tim Wellens.
« CE N'EST PAS LE GARS QUE TU VEUX VOIR DANS UNE ÉCHAPPÉE »
Le groupe de tête ne manquait pourtant pas de rouleurs. Victor Campenaerts connait bien son compatriote. "On s'entend bien en dehors. Mais en course, ce n'est pas le gars que tu veux voir dans une échappée. Il est intelligent, il est malin, il sait comment jouer. Il a été super fort au moment important, il a fait une course parfaite quand il fallait". Le coureur de la Visma-Lease a Bike n'a ensuite plus beaucoup passé de relais, au grand dam de Warren Barguil. "Quand Campenaerts est avec moi dans une échappée, ça ne marche jamais, sourit le Breton, qui a finalement vu son adversaire filer seul vers la 2e place, dans le final. Quand il est sorti en contre, je n’ai jamais senti les mecs avec moi impliqués pour essayer de boucher l’écart. Tout le monde était résigné".
Victor Campenaerts regrettait de ne pas être arrivé pour la victoire, mais il n'y avait pas grand chose à faire. "On ne court pas pour ça donc c'est décevant. Mais il n'a pas volé la victoire. Je savais qu'il était l'homme à battre, avec son expérience et sa forme". Mais que ce soit à l'arrière quand Tadej Pogacar tape sur la tête des leaders, ou à l'avant quand un garçon comme Tim Wellens broie tous les échappés, tout le monde souffre tous les jours. Et ce dès le début d'étape puisqu'il faut des dizaines et des dizaines de kilomètres pour que les baroudeurs obtiennent un bon de sortie. "Il n'y a pas d'étape de transition, on n'a pas d'étape où on ne fait rien. Tout le monde a ses intérêts chaque jour. Tout le monde voulait aller devant donc c'est normal que ça roule vite", analyse Kévin Vauquelin. Alors la journée de repos fera sans doute du bien à tout le monde.
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