Sebmotobikes CX : « Continuer sans vouloir trop grossir »

Crédit photo Arnaud Guillaume - DirectVelo

Crédit photo Arnaud Guillaume - DirectVelo

Avec le Championnat du Monde de cyclo-cross en guise d'épilogue, la saison de cyclo-cross touche doucement à sa fin. Pour le Sebmotobikes CX Team, il y a des motifs de satisfaction. Les protégés de Sébastien Marasco, emmenés par Electa Gallezot et Perrine Clauzel chez les femmes, et par Lorenzo Marasco chez les messieurs, ont répondu aux attentes de leur dirigeant. Au micro de DirectVelo, Sébastien Marasco a fait le bilan de l'hiver, rappelant le travail effectué par une structure comme la sienne, dans l'ombre des plus grosses écuries certes, mais qui n'a pas à rougir des efforts fournis.

DirectVelo : Quel est le bilan de cette saison ?
Sébastien Marasco : Le bilan est hyper positif à nouveau. On est quand même rentré des Championnats nationaux avec cinq médailles entre la France et le Luxembourg. Donc rien que là c'est hyper positif. On a eu des beaux coups d'éclat, genre Perrine (Clauzel) qui est allée gagner une course UCI en Suisse. On n'avait pas prévu qu'elle allait nous en claquer une comme ça. Le même jour, Lorenzo (Marasco) va nous chercher une 2e place, aussi sur une course UCI en Suisse, à moins de 30 secondes de la gagne. Donc c'est hyper positif. Après, le seul souci qu'on a eu, c'est avec notre Luxembourgeoise Liv Wenzel, qui malheureusement a eu une mononucléose quand elle a fait le Tour de l'Avenir féminin. Donc elle a été arrêtée pendant très longtemps. Malheureusement elle n'a repris la saison que très tard, elle n'a pu faire que trois courses. Et là elle a préféré ne pas venir au Mondial car elle n'était pas prête. Sinon on avait beaucoup d'espoirs pour elle, et on attend vraiment l'année prochaine pour repartir. Sinon c'est une saison positive.

Tu as pu compter sur Lorenzo Marasco cet hiver, qui semble continuer à progresser...
Il ne faut pas l'oublier. 9e du Championnat de France, pour nous c'est comme s'il avait gagné. C'est quand même un gamin qui a maintenant 27 ans. Il n'a jamais été dans les radars de rien du tout. En temps normal, si on n'avait pas monté cette équipe, je pense qu'il aurait déjà arrêté le vélo depuis très longtemps. Mais on a insisté, insisté. Et là tous les ans il ne fait que progresser. Que ce soit sur la route ou en cyclo-cross. Je suis sûr que quand la saison de route va commencer pour lui, il sera déjà au rendez-vous et encore mieux que l'année dernière. Tous les ans il passe des paliers. Donc c'est la preuve que c'est bien d'avoir des gamins qui marchent très fort, très jeunes, mais il ne faut pas oublier ceux qui vont arriver à maturité plus tard. Parce que quand on regarde le cyclo-cross français aujourd'hui chez les Elites, l'âge moyen est quand même assez élevé. Venturini a la trentaine, Fabien Doubey a la trentaine, Dadou (David Menut), Dubau... La maturité du cross, ce n'est pas à 18 ans. Il ne faut pas laisser tomber les anciens. Et nous on travaille dans ce sens-là. C'est pour ça que quand Perrine avait proposé de nous rejoindre, c'était un challenge qui m'intéressait vraiment. Parce que pour moi, elle a encore cinq ans devant elle. Il n'y a qu'à voir chez les filles, on a des anciennes qui sont toujours là.

« ON PRÉFÈRE ÊTRE MAUVAIS CHEZ LES BONS QUE BONS CHEZ LES MAUVAIS »

En amont vous aviez fait un stage au mois d'août...
Tous les ans on prévoit un stage à Livigno en préparation. C'est une station qui se situe à peu près à 1800 mètres. Pour le sport c'est vraiment bien, parce qu'on peut travailler sur des bonnes altitudes. Et généralement c'est ce qui lance la saison de nos coureurs. Quand on rentre de ce stage, généralement nos coureurs marchent vraiment très bien. Donc on va continuer comme ça. Pareil pour notre programme de courses, on n'a fait pratiquement que des courses UCI à l'étranger. On est un Team UCI, donc l'idée quand je l'ai créé, c'était de courir vraiment à l'étranger, ne pas rester qu'en France ou au Luxembourg.

Vous avez une bonne situation géographique, à Yutz, pas loin du Luxembourg, de la Belgique, de l'Allemagne, de la Suisse...
On a la chance d'être à peu près à 300-350 kilomètres des meilleures courses, mais ça ne nous a pas empêchés de faire la Coupe du Monde à Besançon le 29 décembre, pour être le lendemain à Diegem. Il y a quand même un delta de 700 kilomètres à peu près. Donc on n'hésite pas à faire des kilomètres malgré tout. Mais c'est vrai que ma stratégie est très simple. On préfère être mauvais chez les bons que bon chez les mauvais. Parce qu'à se confronter au haut niveau, on finit par progresser. Si on roule au niveau normal, on a l'impression qu'on a réussi, et quand on va se retrouver confronté au haut niveau, là c'est la claque. Donc on va vraiment continuer sur cette stratégie.

« ON TRAVAILLE UN PETIT PEU À LA BELGE »

Concernant ton Team, on peut réellement parler d'une organisation familiale !
On parle souvent des structures belges. Mais si on regarde bien les structures belges, c'est quoi ? C'est la famille. Généralement ils ont un camping-car. Je prends par exemple le cas de Puck Pieterse. Le papa conduit le camion, la maman est là pour faire à manger, et la fille roule. Et après généralement l'équipe ramène sur place un ou deux mécanos. Mais malgré tout au poste, c'est quand même le père qui est là. Nous c'est un petit peu la même chose. On privilégie vraiment la cohésion d'équipe. C'est pour ça que dans le recrutement, quand on vient me voir, je fais presque abstraction des capacités physiques du coureur. Ce qui m'intéresse, c'est qu'il rentre dans le moule. Parce que je sais que de toute façon s'il rentre dans le moule, avec la cohésion qu'on a aujourd'hui, il va finir par marcher. On va continuer dans ce sens-là, sans vouloir trop grossir non plus. On veut rester une équipe à taille humaine pour tout maîtriser de A à Z. Les Belges, on a l'impression que ce sont des grosses équipes, parce qu'on voit des gros bus et tout. Mais au final, la famille est toujours présente. Donc nous on travaille un petit peu pareil, un petit peu à la belge.

Avec moins de moyens néanmoins...
Avec moins de moyens oui, mais après il n'y a pas besoin d'avoir des moyens gigantesques pour réussir. La preuve, nous avec un budget limité, on est présents sur les mêmes courses que les autres. Et puis de temps en temps, on arrive à performer quand même.

« ON PEUT PERDRE UNE COURSE AU POSTE »

Comment avez-vous géré cette saison, avec une grosse concentration de manches de Coupe du Monde à partir de mi-décembre ?
On a dû s'adapter au calendrier. Ils ont fait une concentration de manches de Coupe du Monde qui arrivent toutes les unes derrière les autres. Ce qu'il faut, c'est ne pas tomber malade. À titre d'exemple, sur quatorze jours, on a été présents sur huit ou neuf courses. Il fallait le faire quand même. Après la ligne, la course est loin d'être finie, parce qu'il faut remettre le matériel en état, on pense tout de suite à l'étape d'après. C'est sans fin. C'est devenu pratiquement un travail à temps plein pendant cette période. Mais tout le monde aime ça. Ça ne nous poserait aucun problème que la saison dure encore deux ou trois semaines.

Et l'adrénaline aide à avancer !
Complètement, oui. Pendant la période des fêtes, il faut savoir que tous les autres sports sont à l'arrêt quasiment. Les seuls qui restent, qui sont en activité, c'est nous. Donc ça nous permet de faire parler du cyclo-cross. Et puis j'espère donner envie à de nouveaux partenaires, bien sûr, et aux clubs locaux, que ce soit au Luxembourg ou en France, pour donner envie de perdurer là-dedans, d'organiser des courses, d'amener des gamins, pour qu'on puisse les récupérer et les amener au haut niveau. Parce qu'aujourd'hui on est obligé quand même de prendre des coureurs un peu à droite, à gauche. On a très peu de Mosellans, par exemple. Le Luxembourg, c'est pareil. Si je voulais prendre un autre Luxembourgeois, ça serait très difficile, il n'y en a pas. C'est vraiment maigre.

Est-ce qu'il y a déjà des projections sur le recrutement ?
Ce week-end, on a eu pas mal de contacts en arrivant ici. On va faire le bilan avec tous les coureurs. Savoir s'il y a des coureurs qui souhaitent partir ou s'ils restent. Je pense qu'il n'y en a pas beaucoup qui vont partir. Mais comme j'ai dit, on ne veut pas trop grossir. On a six coureurs. J'ai Margot (Marasco) parfois qui vient se greffer à la structure en plus. La difficulté pour nous, c'est de trouver du staff derrière. Ce n'est pas facile. Je suis souvent tout seul ou avec un assistant. Donc ce n'est pas évident d'avoir vraiment du staff permanent. Et surtout, du staff qui s'y connaît. Beaucoup de gens veulent venir nous aider. Mais le cyclo-cross, malgré tout, c'est technique. Quand on arrive au poste, quand on passe le vélo, on récupère le vélo... On peut perdre une course au poste.

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