Steve Chainel : « L'équipe de Ligue 2 en Ligue des Champions tous les dimanche »

Crédit photo Arnaud Guillaume - DirectVelo

Crédit photo Arnaud Guillaume - DirectVelo

Il y a 21 ans, Steve Chainel - Junior 1ère année -, disputait son premier Championnat du Monde de cyclo-cross aux Pays-Bas, à Sint-Michielsgestel. Le même week-end, Adrie Van der Poel participait à son treizième et dernier Mondial, à plus de 40 ans. Dimanche à Ostende, avant son vingtième rendez-vous arc-en-ciel, à 37 ans, le coureur du Cross Team Legendre est allé discuter avec le père de David et Mathieu. "L'âge, j'en ai parlé avec Adrie Van der Poel. Il m'appelle « Le Vieux » et je lui ai répondu, "Le Vieux, il n'a pas été Champion des Pays-Bas à 40 ans ?". Ce vingtième Championnat du Lorrain a été écourté par la règle des 80%. "C'est décevant de se faire arrêter à un tour de l'arrivée mais c'est la course" (voir le classement). Mais Steve Chainel a toujours de l'énergie à revendre pour le cyclo-cross, sur le vélo et autour du vélo, comme il le raconte à DirectVelo.

DirectVelo : Comment s'est passé ton Championnat du Monde ?
Steve Chainel : C'était très dur, comme pour tout le monde. On savait que c'était un parcours très très très physique et en plus du physique, il fallait avoir le bon feeling dans le sable, ne pas descendre trop tôt du vélo pour ne pas se faire monter le cœur.

Quel était ton objectif au départ ?
On est une bonne poignée de coureurs à espérer terminer entre la 12e et la 20e place. Je voulais être parmi ceux-là mais aujourd'hui (dimanche), je n'ai pas eu le feeling dans le sable, j'ai été très mauvais. Ce sont des choses qui arrivent. J'ai pris très cher dans le sable.

« PAS D'EXCUSE À CHERCHER »

Comment l'expliques-tu ?
Je m'étais très bien préparé. Nous avons fait un bon stage avec l'Équipe de France, j'étais bien à Mol où j'ai fait une bonne course dans le sable. Il y a des jours, on se lève, on est un peu fatigué et d'autres où on est de bonne humeur. Aujourd'hui, il fallait être très bon. Je n'étais pas dans un très bon jour techniquement et physiquement, j'ai fait une très bonne préparation, je ne pouvais pas être mieux. Mais c'est un Championnat. J'ai déjà été Champion de France et parfois j'ai pris des volées. J'ai terminé 11e au Championnat du Monde à Coxyde (dans le sable en 2012 NDLR), parce que j'avais un super feeling mais là je ne l'avais pas. Il n'y a pas d'excuse à chercher. 

C'était aussi ton vingtième Championnat du Monde...
J'ai toujours la même envie. N'en déplaise à ceux qui critiquent que je sois toujours sur le vélo à 37 ans, très clairement, je les emm... En cyclo-cross, il y a des choses qu'on peut apprendre grâce à l'expérience. Oui, je suis moins tonique qu'il y a dix ans. Oui, je suis moins "foufou" qu'il y a dix ans, mais je peux encore apporter énormément à la discipline. Je suis le recordman des participations et je peux me regarder droit dans une glace, je sais exactement par où je suis passé, j'ai eu des moments difficiles dans ma vie. Aujourd'hui, je suis à la tête d'une équipe qui est la première et la seule équipe française UCI pro. Je suis multicasquette. Je mets mes détracteurs au défi de prendre ma place, de faire aussi bien et s'ils y arrivent, je les féliciterai plutôt que de les jalouser. C'est un message pour tous ceux qui prennent un malin plaisir à critiquer le cyclo-cross français sur les réseaux sociaux. Je les invite à mettre une paire de gants et à venir donner un coup de main, c'est beaucoup plus productif. 

« LE CYCLO-CROSS PEUT DEVENIR UNE DISCIPLINE PHARE DE L'HIVER »

Y'aura-t-il un 21e Championnat du Monde ?
Il ne faut pas se voiler la face, cette année a été difficile pour tout le monde et encore plus pour le cyclo-cross français. Nous avons été confrontés au très haut niveau, nous n'avons pas pu courir en France, nous n'avons pas pu avoir notre fil rouge que reste la Coupe de France. Nous, les Français, nous étions un peu l'équipe de Ligue 2 qui jouait en Ligue des Champions tous les week-ends. Forcément, on prend des volées. De temps en temps, on arrive à ne prendre que 2-0, ça a été le cas avec nos Espoirs par moments, ça a été le cas avec moi par moments aussi, David Menut ou Timon Rüegg. On préfère jouer le Championnat de Ligue 1 ou Ligue 2, monter petit à petit pour essayer de jouer beaucoup plus fort. L'an prochain, le fil rouge sera la Coupe de France de cyclo-cross. Il faudra que le Cross Team Legendre soit le meilleur mais il y aura de la rude rivalité avec Yan Gras et Joshua Dubau. Mais je reste très motivé, toujours avec l'envie de bien faire. Si je continue à être sérieux comme je le suis, il n'y a pas de raison que ça ne fonctionne pas. J'ai 37 ans mais peut-être qu'il me reste encore de belles années à faire.

Tu es aussi candidat pour être le représentant des cyclo-crossmen à la Commission des Athlètes de l'UCI. Peux-tu nous expliquer pourquoi ?
En 20 ans, le cyclo-cross a évolué, il va encore évoluer. Je parle peut-être comme un vieux con mais ce n'est plus le même cyclo-cross qu'il y a 30 ans. Il y a beaucoup de choses qui ont été faites par Katarina Nash et Simon Zahner (les deux coureurs élus il y a quatre ans, NDLR). J'ai envie de m'investir dans ma discipline de cœur. Quand on est coureur, on ne se rend pas compte de tout ce qu'il y a à faire au niveau organisation, sécurité, ou au niveau des teams. Avoir ma propre équipe me permet de m'en rendre compte. Il y a des règlements qui peuvent être adaptés, des circuits qui peuvent être améliorés. Par exemple, aujourd'hui, je me fais arrêter car je suis à 80% (son retard était de 80% du temps au tour des premiers coureurs, NDLR), personne ne nous a signalé qu'on allait se faire arrêter. On se battait avec Felipe Orts et un Italien (Cominelli, NDLR) et il n'y a pas eu de bagarre finalement. Ce sont des choses auxquelles on ne pense pas forcément. Je veux rendre au cyclo-cross ce que je peux rendre. Il faut le rendre dynamique. Il peut devenir, comme le biathlon, une des disciplines phare de l'hiver. 

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