Warren Barguil : « Il fallait que je casse cette routine »

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Un retour là où tout a commencé chez les pros, pour tenter de donner un nouvel élan à sa carrière. Après avoir quitté le Team Sunweb fin 2017, Warren Barguil retrouve cette saison la WorldTeam néerlandaise, désormais sous le nom de Team dsm-firmenich PostNL. Un choix mûrement réfléchi, avec sa compagne, dès le printemps dernier, et qui s’est concrétisé au moment des Ardennaises. À 32 ans, voilà le grimpeur breton reparti pour une aventure de (au moins) trois ans. Avec, encore, des rêves plein la tête. L’ancien meilleur grimpeur du Tour de France 2017 a fait le point avec DirectVelo ce vendredi soir, à l’hôtel à Valence, en amont des Boucles Drôme-Ardèche. Entretien. 

DirectVelo : Tu as réalisé une bonne rentrée au Moyen-Orient !
Warren Barguil : Ce n’était pas trop mal pour un début (6e de la Muscat Classic et 6e du Tour d’Oman, NDLR). J’ai fait un hiver correct, même si je suis tombé malade juste avant le stage de janvier. J’ai loupé un jour de stage à cause d’une gastro. Mais je n’ai pas à me plaindre, globalement tout va bien et je suis content de ma préparation. On va voir comment ça va aller demain (entretien réalisé ce vendredi soir à Valence, NDLR). Normalement, j’ai besoin de jours de course pour performer mais je me suis bien entraîné. J’ai fait des courses à l’entraînement (rire). On va voir si ça va payer. On a une bonne équipe avec Romain (Bardet) et moi ici. Avec l’équipe que l’on a emmené ici, on doit être capable de jouer la victoire, c’est l’objectif.

Pourquoi avoir fait ce choix de revenir dans ton ancienne équipe ?
Je n’ai pas d’agent. C’est mon oncle qui a géré l’essentiel de ma carrière. Je suis arrivé à un tournant. J’ai toujours besoin de ses conseils mais je ne cherchais pas quelque chose de différent. Au contraire, je voulais savoir où j’allais. J’ai 32 ans, je n’ai plus de temps à perdre. Pour performer, je me devais de faire le choix le plus raisonnable possible. Le critère principal, c’était clairement le sportif, plus que le financier. Je connais les exigences sportives d’Ivan (Spekenbrink, le manager général de l’équipe, NDLR). Je l’ai appelé avant la Flèche Wallonne. Il m’a dit : “Rappelle-moi demain quand tu auras fait Top 10”. Je l’ai fait (10e, NDLR) et c’est parti de là. On n’a pas parlé de valeur marchande. Encore une fois, ce n’était pas ma priorité. Sinon, j’aurais pris un agent et j’aurais peut-être pu trouver une équipe qui m’offre un peu plus. Là, je savais où je revenais et c’est ce qui m’intéressait le plus. C’est un choix raisonné.

« JE SUIS TOUJOURS AUSSI MOTIVÉ »

En signant un contrat de trois ans, tu te projettes encore sur le vélo jusqu’à, au moins, 35 ans…
Ivan m’a fait une offre. C’est lui qui m’a proposé les trois ans. J’ai accepté sans chercher à comprendre. Je lui fais confiance. Peut-être que certains se disent que trois ans, c’est long. Mais je sais qu’en réalité, ça va passer très vite. Je suis très passionné, je suis toujours aussi motivé. Là par exemple, je viens de recevoir un nouveau vélo et je suis super content de le voir. Peut-être que dans deux ans, je n’aurai plus la même vision mais pour l’instant, je ne pense pas à la retraite. C’est d’ailleurs aussi pour ça que je me suis sorti du confort que j’avais chez Arkéa, étant donné que j’y avais mes habitudes depuis des années. Il fallait que je casse cette routine. L’idée, c’est de voir si je peux encore progresser ou changer des choses. C’est la raison de mon changement. Ivan m’a dit qu’il fallait que je sois prêt à travailler encore plus dur cet hiver, à faire plus de stages en altitude avec l’équipe, même si je rallongeais déjà les stages avec Arkéa pour en faire un peu plus. Ça me va.

Ce week-end en ProSeries est-il une exception au milieu des courses WorldTour ?
Il n’y aura pas beaucoup de Classe 1 ou de ProSeries en effet. Si j’avais voulu un programme pour lever les bras absolument, j’aurais mis plus de ProSeries au calendrier. J’aurais d’ailleurs pu rester chez Arkéa pour enchaîner les belles courses de ce niveau en France. Mais le but, c’est d’avoir un gros programme en WorldTour. J’ai laissé l’équipe décider. Là aussi, je voulais sortir de ma routine. Chez Arkéa, il m’arrivait de négocier des choses à l’entraînement (sourire). J’en faisais parfois trop, ou pas assez. Je n’écoutais pas toujours totalement ce que l'entraîneur me disait même s’il a bien travaillé et qu’il m’a emmené à un bon niveau. Maintenant, je veux partir sur autre chose et laisser totalement l’équipe décider.

« IL A VRAIMENT MANQUÉ CETTE VICTOIRE D'ÉTAPE AU TOUR »

De quoi rêves-tu encore ?
Le rêve ultime, c’est d’être Champion du Monde. Je sais que ce sera hyper compliqué, encore plus maintenant avec (Tadej) Pogacar et (Jonas) Vingegaard. Je pense que ça restera de l’ordre du rêve. Mais cette année, il y a un beau parcours. Je compte faire mes preuves pour y être sélectionné, déjà, dans un premier temps. Je vise aussi un podium sur la Flèche Wallonne et je vais essayer de gagner, à nouveau, une étape sur le Tour. Je ne suis pas passé loin pendant deux fois. Enfin, il y a aussi cette étape au Giro qui m’attend. Après avoir gagné sur la Vuelta puis sur le Tour, j’aimerais arrêter ma carrière en ayant gagné une étape sur chacun des trois Grands Tours. C’est aussi pour ça que le contrat sur trois ans va être utile (rire). L’objectif Giro, ce sera pour 2025. Gagner à chaque fois avec ce maillot-là, cette structure, sur chacun des trois Grands Tours, ce serait quelque chose, même si j’aurais aussi vraiment aimé gagner une étape du Tour de France avec Arkéa.

Arkéa-Samsic, justement : que retiendras-tu de tes six saisons “à la maison”, dans une structure bretonne ?
J’ai contribué à faire grandir l’équipe. J’ai réussi à décrocher un titre de Champion de France qui a été un énorme tournant, pour l’équipe comme pour ma propre carrière. Ça restera gravé, c’était à un moment de ma carrière où il y avait un gros moment de flottement. Il y a eu cette victoire d’étape à Tirreno, c’était bien, mais il a vraiment manqué cette victoire d’étape au Tour. C’est le plus gros regret de mes années avec Arkéa, mon crève-cœur.  

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Warren BARGUIL