Jarno Widar, « une force mentale bien au-delà de ce qu’il avait montré auparavant »

Crédit photo Tour du Val d'Aoste
Jarno Widar s’est imposé avec éclat ce dimanche au terme du Tour du Val d’Aoste (2.2U), s’adjugeant à nouveau la victoire finale après avoir remporté trois étapes consécutives. Cette réussite, remarquable à plus d’un titre, s’est déroulée dans un contexte empreint d’émotion et de gravité. L’édition 2025 restera en effet marquée par le décès tragique du coureur italien Samuele Privitera, survenu lors de la première étape. Ce drame a profondément affecté l’ensemble du peloton. "Ce fut une semaine particulière, pour ne pas dire étrange", confie le directeur sportif Wesley Van Speybroeck à DirectVelo. "Lucas Van Gils a assisté à l’accident et, mentalement, il n’était pas en mesure de poursuivre. Milan Donie a également été très éprouvé. J’ai donc laissé à chacun la liberté de choisir de continuer ou non".
UNE FORCE MENTALE NOUVELLE
Pour sa part, le grimpeur de la Lotto Dstny DT a longtemps envisagé l’abandon. Il entretenait une relation personnelle avec Samuele Privitera, ayant partagé avec lui dix jours de cohabitation en Juniors. Ce n’est qu’après l’annulation de la deuxième étape, en hommage à la mémoire de son ami, qu’il s’est résolu à poursuivre la compétition, nourrissant une volonté claire : courir pour lui rendre hommage. "Il s’est donné pour mission de gagner en son nom". La troisième étape, marquée par la neutralisation des quarante premiers kilomètres, voyait la majorité des coureurs hésiter à livrer bataille. C’est alors que le vainqueur de Liège-Bastogne-Liège Espoirs s’est imposé comme le patron. "Il est allé plaider auprès des commissaires, des directeurs sportifs et des coureurs afin que la compétition ait lieu. Son engagement était total, porté par ce désir profond d’honorer Samuele. Sa force mentale, cette année, est impressionnante, bien au-delà de ce qu’il avait montré auparavant".
L'Espoir 2 a confirmé son engagement en remportant successivement les trois dernières étapes. "Réussir un tel exploit dans un contexte aussi lourd est d’une rare intensité. Le Tour du Val d’Aoste est la course la plus exigeante du calendrier U23 en haute montagne, ce qui rend sa performance d’autant plus remarquable". Les victoires, bien que splendides, furent célébrées dans un silence respectueux. "Habituellement, les étapes sont suivies de célébrations, avec champagne et discours. Cette fois, tout s’est déroulé dans une atmosphère recueillie, lourde d’émotion". Outre ses résultats, c’est la progression générale du coureur qui séduit son encadrement. "Jarno a nettement amélioré son placement au sein du peloton, évoluant constamment dans les quinze premières positions. Cette qualité est essentielle, car elle optimise le travail de ses coéquipiers et lui permet d’économiser son énergie".
STAGE EN ALTITUDE AVANT L'AVENIR
Malgré un effectif réduit à trois coureurs, Kamiel Eeman et surtout Niels Driesen ont joué un rôle fondamental. "Niels a mené le peloton du premier col jusqu’à dix kilomètres de l’arrivée avec un niveau remarquable". Si les équipes Visma et Groupama-FDJ étaient absentes, le plateau restait néanmoins de très haut niveau. "Le gratin de la catégorie était présent. Au vu des performances affichées, il est probable que Jarno aurait pu briguer la victoire au Giro U23 sans sa chute. Malheureusement, on ne pourra jamais le prouver".
Jarno Widar observera désormais trois jours de repos avant d’entamer un stage en altitude en vue du Tour de l’Avenir, où il devra notamment se mesurer à Paul Seixas. "Ce qui est encourageant, c’est qu’il n’a pas encore épuisé ses ressources. Il semblait frais et lucide à l’arrivée. Ce sera un beau duel". Enfin, l’un des objectifs majeurs de la saison demeure le Championnat du Monde Espoirs au Rwanda. "Jarno a choisi de rester en catégorie Espoirs pour décrocher ce titre mondial. Aujourd’hui, tout laisse penser que son rêve est à portée de main". En montagne comme dans l’épreuve, Jarno Widar a montré qu’il avait déjà le moteur d’un champion… Mais aussi le cœur pour le devenir.
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