Anthony Ravard : « On veut tout redynamiser »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo
En marge du dernier Championnat de France, l’Union Cycliste Nantes Atlantique a annoncé franchir une nouvelle étape dans son développement. L’équipe professionnelle soutenue par CIC et les magasins U a déposé le nom France Pro Cycling Academy, “une marque forte pour affirmer son ambition et son engagement dans la formation d’élite”, pouvait-on lire dans un communiqué. Manager de la structure qui évolue en Continentale depuis 2022, Anthony Ravard en dit plus à Directvelo sur la suite qu’il aimerait donner à son projet.
DirectVelo : Pourquoi faudra-t-il parler désormais de France Pro Cycling Academy ?
Anthony Ravard : Il y aura toujours les namers devant le nom de l’équipe, que ce soient CIC et U. On s'appellera l'an prochain CIC U France Pro Cycling Academy. La marque France Pro Cycling Academy a été déposée à l’INPI. On veut marquer notre positionnement en termes de formation et puis, on est chez les pros. On veut montrer qu'on a envie d'évoluer. La ville de Nantes est toujours partenaire mais ils ne seront plus dans le naming. Le nom France, c'est parce qu’on est le seul Centre de Formation agréé du pays. On souhaite marquer notre positionnement et notre territoire.
Concrètement, qu’est-ce que ça va changer ?
On veut tout redynamiser. L'idée, c'est d'investir aussi sur quelqu'un qui va nous faire de l'image et de la photo pour alimenter nos réseaux. On veut passer ProTeam d'ici 2027 et faire le Tour de France à l’horizon 2032, donc pour ça il était nécessaire de déposer une marque forte pour montrer qu'on prenait un vrai virage. Il va y avoir beaucoup de changements au niveau de la structure, que ce soit en termes de visuel, de maillot ou de véhicules. Il y a un virage qui est pris entre nos débuts en Continental, avec un fonctionnement encore quelque peu amateur, et celui plus professionnel qu’on veut donner.
« LES GARDER UN PEU PLUS LONGTEMPS DANS LA STRUCTURE »
Pourquoi ce changement maintenant ?
Nous avons huit coureurs qui sont passés au-dessus en trois ans et certainement dix en quatre ans. Si on pouvait former pour nous, ça nous arrangerait quand même. Nos jeunes Juniors ne font souvent qu’un an au maximum chez nous et un coureur comme Clément Braz Afonso n’a fait qu’un an chez nous avant d’aller en WorldTour (à la Groupama-FDJ, NDLR). Dès qu'ils commencent à performer, les coureurs partent et n'ont même pas le temps de gagner une course avec nous. L'objectif d’une équipe de vélo, c'est quand même de gagner des courses. On voudrait pour cela les garder un peu plus longtemps dans la structure.
D’où le passage souhaité en ProTeam ?
En passant ProTeam, l'idée serait de pouvoir les garder davantage. On serait toujours dans la formation parce que tu ne peux pas garder longtemps un coureur si tu n’es pas WorldTeam ou si tu ne proposes pas le Tour de France. On voudrait proposer des contrats de deux ans et pouvoir discuter avec la WorldTeam qui souhaiterait engager le coureur. On voudrait récupérer aussi un peu de financement et aussi structurer le côté Centre de formation. On voudrait mettre en place des fonds de formation. Le problème actuellement c'est qu'un jeune formé chez nous, s'il est pris dans une WorldTeam ou une ProTeam, on n'a rien qui nous finance la formation qui a été faite. Le jeune arrive chez nous avec un niveau régional et à la sortie des Juniors, il a un niveau international. Ils sont alors courtisés par des réserves WorldTeams, et nous, derrière, qu'est-ce qu'on reçoit ? S'il a été licencié chez nous, on a 1000 ou 2000 euros en fonction de sa signature dans une ProTeam ou WorldTeam. Ce n'est pas ça qui va financer la formation. C'est quand même nous qui avons fait le travail pour qu’il arrive à ce niveau-là. On veut être récompensé de nos efforts. Si à un moment donné on pouvait former aussi pour nous, ce serait quand même pas mal. On veut continuer de grandir, on espère que ce soit à court terme.
« NOTRE SAISON EST GLOBALEMENT CORRECTE »
Tu te sens un peu lésé dans la situation actuelle ?
Pour moi, il n'y a pas de reconnaissance sur la formation. C'est pour ça qu'il faut qu'on se structure de ce côté-là.
Mais est-ce que ce n’est pas la logique pour une structure de formation de voir partir ses coureurs ?
J'aimerais simplement qu'on s'y retrouve un peu plus dans la formation. Comme je l’ai dit, on veut pouvoir garder un peu plus longtemps nos coureurs. Un coureur qui doit aller en WorldTour comme Louis Barré, il ne resterait de toute façon pas chez nous. En étant en ProTeam, ça nous permettrait juste de les garder peut-être un peu plus longtemps et de négocier avec les WorldTeams qui veulent racheter leur contrat par exemple.
Pour parler de la saison 2025, comment la juges-tu pour le moment ?
On est dans le rythme. Notre saison est globalement correcte avec des coureurs que l'on forme pour aller vers le top niveau. St-Michel-Preference Home-Auber 93 fait une meilleure saison que les autres Continentales françaises. De notre côté, nous avons eu de beaux accessits. Le dernier en date, c'est Yaël Joalland qui a fait 7e du général de la Route d’Occitanie. On arrive à aller jouer face à des WorldTeams et ProTeams. C'est ça qui est sympa. Le seul petit bémol de la saison, c'est qu'on n'a pas gagné de course même si on a fait deux places de deux et une place de trois. Mais comme je l’ai dit quand on fait du vélo, l'objectif c'est quand même de gagner des courses.