Mathias Guillemette, comme sur le vélodrome

Crédit photo Joey Photovisions

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C'est un baptême pour Mathias Guillemette. Peu habitué aux courses sur route de ce niveau, le coureur de la Tudor Pro Cycling U23 a ouvert son compteur ce vendredi, sur la deuxième étape du Tour d'Alsace qui arrivait à Sélestat. "C'est la première victoire UCI. Mais en fait, je pense que je n'ai jamais fait de points UCI tout court, rigole-t-il. Je pense que cette étape-là est toujours un peu chaotique. Sur la première étape, c'est encore plus dur vu que tout le monde est frais, tout le monde veut gagner". Le Québécois s'est plu dans ce sprint houleux. "Je pense que c'était parfait pour moi, c'est bien quand tout le monde est sur les nerfs et un peu déchaîné".


Après un cri de rage au moment de serrer ses coéquipiers dans ses bras, Mathias Guillemette n'en oublie pas pour autant qu'il ne s'agit pas de gagner qu'une fois. "C'est bien de gagner, mais je veux être plus consistant. Je veux essayer de bien faire sur plusieurs courses. Il faut juste garder les jambes pour le reste de l'année". Cette victoire est un petit miracle compte tenu de sa situation dans la préparation du sprint, où il n'était pas dans le bon wagon. "Il y avait du monde qui se poussait un peu partout. Mais c'est normal quand il y a 20 équipes qui veulent sprinter. Après, on est arrivé dans le rond-point. J'étais pris un peu à l'arrière. J'ai réussi à venir sur le côté et j'avais déjà la vitesse. C'était parfait. Je dirais que les sprints comme ça, c'est tout le temps un peu à l'instinct. Donc ce n'est pas nécessairement le champion du monde qui gagne".

« JE PENSE QUE J'AI CHUTÉ QUINZE FOIS CETTE ANNÉE »

Avec sa grande expérience de pistard, lui qui est de nombreuses fois Champion du Canada et auteur de plusieurs résultats au niveau international, Mathias Guillemette s'est cru sur le vélodrome. "Aujourd'hui, ça ressemblait un peu plus à de la piste qu'à de la route. C'était plus en ligne à 60 km/h et on roulait à bloc. C'est plus ça qu'on fait en piste quand il faut pousser au train". Pas si surprenant, donc, de le retrouver aux avant-postes. Mais beaucoup plus étonnant pour le principal intéressé quand il sait d'où il vient. "Cette année, je ne pensais vraiment pas gagner une course en Classe 2. J'avais beaucoup à apprendre au début de l'année. Je pense que j'ai chuté quinze fois cette année. On apprend à chaque course. On apprend un peu les règles, comment courir. Mais je pense que depuis le début de l'année, j'ai les jambes pour faire de belles choses".

En fait, s'il a davantage l'habitude des vélodromes, il n'en est pas pour autant un débutant sur la route. "J'ai toujours fait de la route. J'ai commencé la route quand j'avais 9 ans. Mais deux ans avant les Jeux de Paris, j'ai décidé de me concentrer sur la piste". Le covid a aussi motivé cette décision, puisque les Nord-Américains avaient des difficultés à rejoindre l'Europe pour courir. "Pendant le covid j'étais junior et c'était impossible pour moi de trouver une équipe U23. Donc j'ai décidé de me concentrer complètement sur la piste vu que notre programme de piste au Canada est quand même excellent. Mais ça m'a enlevé toutes les opportunités en route".

UN RETOUR SUR PISTE AU CHILI

Pas découragé pour autant, le 7e de la poursuite par équipes aux Jeux de Paris y croyait. "J'étais sûr que si je m'entraînais bien et que j'avais du potentiel, quelqu'un allait me recruter. Tudor croyait en moi et en mes chiffres. Ils m'ont donné une chance cette année". C'est par le bouche-à-oreille et le réseau que le Canadien a débarqué dans l'équipe suisse. "Mon entraîneur connaissait un entraîneur de Tudor. Ils ont regardé mes chiffres rapidement et ça s'est fait comme ça. J'ai eu un entretien de 15 minutes et c'était fini, j'avais le contrat".

Mathias Guillemette a prévu de retrouver la piste en fin de saison, pour le Championnat du Monde au Chili. "En octobre, les courses sont plutôt finies. Il y a plus de jeunes qui montent dans l'équipe, donc c'est bien que j'y aille et que j'essaie de leur donner un peu de mon expérience". Il lorgne notamment sur la poursuite par équipes et la course aux points. "Ce sont les deux courses que j'adore, mais peut-être que j'aurai une autre opportunité". Le résident de Gérone, en Espagne, n'en est pas encore là, et aura peut-être une autre occasion de faire parler de lui ce samedi, à Altkirch. "Je pense qu'il y a d'autres personnes dans mon équipe qui ont faim. On va voir ce que le directeur sportif veut, mais je pense que ce serait bien aussi de faire briller les autres dans l'équipe".

Crédit photo : Joey Photovisions

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