La barre des dix podiums est proche. Vice-Champion de France Espoirs ce vendredi, à Lorrez-Le Bocage-Préaux (Seine-et-Marne), Mathis Le Berre a signé son neuvième podium, et sa quatrième 2^e place de la saison, lui qui n’a levé les bras qu’une seule fois cette année, sur une manche de la Ronde Finistérienne. Mais dans ce groupe de quatre qui s’est joué le maillot bleu-blanc-rouge, il a encore manqué un petit quelque chose pour décrocher la plus belle de sa jeune carrière (voir classement). "J'ai une petite déception, admet-il après le podium protocolaire. Ils étaient deux de Chambéry (Valentin Retailleau et Alex Baudin, NDLR). Je savais qu'il (Valentin Retailleau) allait vite, il a une giclette que je n'ai pas, du coup il m'a mis tout de suite un vélo, et je n'ai jamais pu revenir. Il aurait peut-être fallu que je lance mon sprint, mais c'était compliqué".

Pourtant, plus tôt dans la course, Mathis Le Berre fait partie des piégés et doit chasser seul derrière des hommes forts. Mais il revient, et preuve de sa progression, il ne sera plus jamais à contre-temps jusqu’à la ligne d’arrivée. "J'arrive un peu mieux à sentir les coups maintenant. Mais j'ai fait un effort assez costaud pour rentrer devant tout seul, j'ai lâché des cartouches. Mais je sentais que je n’avais pas de crampes et que j'étais bien. C'était sûr que c'était le bon coup, vu les gars devant et les mecs de Chambéry... J'ai mis un tour à rentrer, j'ai lâché presque tout ce que j'avais mais il n'y avait pas le choix". Et comme souvent lorsque le scenario de la course est complètement fou, Mathis Le Berre est à l’avant. Avec Ewen Costiou, son coéquipier. "J'ai dit à Ewen « je me mets à la planche », mais il m'a dit « je ne sais pas si je suis très bien ». Alors ça s'est regroupé, et dans la deuxième bosse, c'est là qu'on est sorti en costaud".

« L’ANNÉE DERNIÈRE, J’ÉTAIS UNE CATASTROPHE AUX FRANCE »

Celui qui a terminé 2^e de la SportBreizh se débarrasse de quelques coureurs d’AG2R Citroën U23, qui avait cinq éléments dans le groupe de tête. Mais Alex Baudin et Valentin Retailleau sont toujours sur son porte-bagage, en plus d’Antoine Devanne (Vendée U). "J'ai passé mes relais. Quand ils sont cinq (d'AG2R Citroën U23, NDLR) comme ça, ils peuvent vite nous mettre dans la caillasse si on ne tourne pas. Il ne faut pas trop jouer avec eux, ils peuvent vite faire des cassures. Dans le final ils étaient deux, derrière ils n’étaient qu’à dix secondes donc je suis passé quand même". Les trois médailles se sont ainsi jouées à quatre. Mais Mathis Le Berre doit s’incliner au sprint face à Valentin Retailleau. "Valentin a lancé plus vite, il était costaud, il a une sacré giclette", applaudit encore le coureur de Côtes d’Armor-Marie Morin-U, qui n’avait pas d’autres idées pour disposer de ses adversaires. "Dans les bosses avant ils auraient accroché, c'est sûr. Je sais que j'ai une pointe de vitesse aussi, mais il (Valentin) va très vite".

Ce final lui a rappelé quelques mauvais souvenirs, lorsqu’à Beauvais, en 2019, il avait pris la 4^e place après avoir tout perdu dans les 50 derniers mètres. "Quand on s'est retrouvé à quatre j'y ai pensé. Je me suis dit « là il ne va pas falloir faire 4^e ». Parce que j'ai mon DS, Sébastien Cottier, qui m'avait dit que j'avais très mal couru en Juniors, donc je devais lui montrer que j’étais capable de mieux courir. Mes coéquipiers m’ont aidé". Au moins, le coureur de 20 ans s’est testé. "C'était du placement dès le début. Moi j'étais mal placé, et je sentais que c'était deux fois plus d'efforts et qu'il valait mieux tourner devant avec les gars. Mais j'essaye de me canaliser, parfois je suis trop dans tous les coups dès le début. L'année dernière, j'étais une catastrophe aux France", plaisante-t-il, lui qui va basculer avec Arkéa-Samsic pour son stage. "Je devrais courir en Belgique. Les courses avec du vent comme ça, des pavés… Moi j'aime bien quand ça bourrine". Mathis Le Berre l’a montré ce vendredi encore.