On a retrouvé : Maxime Piveteau

Crédit photo Freddy GUÉRIN / DirectVelo

Crédit photo Freddy GUÉRIN / DirectVelo

Champion de France du contre-la-montre chez les Juniors en 2012, à la Chapelle-Caro (Morbihan), Maxime Piveteau avait rejoint les rangs du Vendée U pour ses débuts en Espoirs, la saison suivante. Moins d’un an plus tard, l’ancien spécialiste de la piste - double Champion de France en poursuite et médaillé aux Championnats d’Europe - décidait d’arrêter le cyclisme pour se consacrer à ses études. Sept ans plus tard, c’est de l’autre côté de l’Atlantique, en Pennsylvanie (États-Unis), que DirectVelo a trouvé trace du Vendéen.

DirectVelo : Fin 2013, tu avais décidé d’arrêter le cyclisme au terme de ta première année chez les Espoirs. Qu’es-tu devenu depuis ?
Maxime Piveteau : Lorsque j'ai arrêté le vélo, je me suis consacré aux études pendant quelques années, comme prévu (lire ici). Je me suis orienté vers le marketing, au niveau stratégique pour les entreprises. J’ai d’abord étudié à Kedge Business School, à Bordeaux, là où j'étais déjà installé pour le vélo. J’ai validé deux Masters : l’un en MSC Marketing et l’autre en Brand Management. J’ai effectué mon année de césure à Paris et j’ai passé une période en Irlande également puisque j’avais une opportunité là-bas et que j’avais envie de découvrir le monde de l’entreprise à l’étranger. Malgré mes deux Masters de front, il m’arrivait de m’ennuyer un peu (sourires). Alors j'ai décidé de monter un projet. Je me suis penché sur plusieurs possibilités puis j’ai fini par opter pour le projet d’une écurie qui bossait en F1 et qui se lançait aussi dans l’enduro. Le but était de travailler sur un nouveau prototype de voiture. Je me suis rendu sur des événements comme les 24h du Mans. C'était une expérience enrichissante.

Tu as donc gardé un pied dans le monde du sport…
Pendant un temps, j'ai hésité à me spécialiser dans le sport. Après avoir arrêté la compétition, j'ai donné un coup de main aux jeunes de Vendée Juniors, comme prévu, là aussi. Je voulais garder un pied dans le milieu. Mais d’un autre côté, je préférais essayer de m’ouvrir un maximum de portes possible et acquérir beaucoup d’expérience dans des domaines variés. Si je restais uniquement dans le sport, j’avais peur d’être enfermé là-dedans indéfiniment. Alors qu’à l’inverse, si je partais sur autre chose, je savais qu’il y aurait toujours la possibilité de revenir au sport plus tard. Je sais où je veux aller. Je sais ce que je dois faire pour y arriver, et quelle expérience je dois emmagasiner.

Où en es-tu aujourd’hui ?
Après notre première expérience à l’étranger avec ma copine, en Irlande, on souhaitait retenter le coup.  Et c’est ce que nous avons fait ! Aujourd'hui, je travaille aux États-Unis - depuis un peu plus d'un an - pour un gros groupe français, Saint-Gobain, à Philadelphie (Pennsylvanie). Ma petite amie et moi-même sommes tous les deux dans l’entreprise. Tout ça s'est fait par le hasard des choses, sur un très gros coup de chance. Elle a décroché un emploi là-bas et trois mois plus tard, j'ai obtenu un poste dans la même entreprise... Entre temps, j'avais prévu de partir au Brésil. J'avais une opportunité là-bas car ma manager partait au Brésil pour l'organisation des Six jours de Sao Paulo, une épreuve qui fait partie du même calendrier que les 24h du Mans. Mais finalement, ça l'a fait avec cette boite américaine... Et je me suis donc retrouvé là-bas avec ma copine ! Parfois, les gens pensent que c'est corrélé mais même pas (sourires). Au début, on ne leur a même pas dit que l'on se connaissait et que l'on était ensemble. Je crois que les Américains ne sont pas super "chaud" pour recruter des couples. Car si ça se passe mal avec l’un, le second risque de s’en aller aussi. Or ils ne veulent pas perdre deux employés d'un coup. Au début, on a donc gardé ça sous silence (sourires).

Envisages-tu ton avenir à long terme dans l’est américain ?
Depuis le début de cette aventure, on ne s'est pas projeté sur plus de deux ou trois ans. On compte revenir en France. Je souhaitais depuis longtemps découvrir la vie aux États-Unis, même si j’y avais déjà été en tant que touriste, mais ce n’est pas la même chose. Je suis, et nous sommes, très heureux de cette belle expérience.

« C'ÉTAIT TROP IMPORTANT À MES YEUX »

Tu résides à environ 200 kilomètres de New York, la ville et la zone la plus durement touchée au monde par l’épidémie de Covid-19. Comment vis-tu la situation actuelle en Pennsylvanie ?
Contrairement à ce que certains pourraient peut-être imaginer, le pays et le peuple américain prennent cette situation très au sérieux (95.015 personnes sont mortes du Covid-19 aux États-Unis dans le dernier bilan de ce jeudi midi, dont 1.152 dans la seule ville de Philadelphie, NDLR). Ce qui est frappant ici, c’est que les gens sont globalement inquiets car beaucoup n’ont pas de véritable sécurité sociale et s’ils tombaient malades, ça pourrait leur coûter un bras. Ils pourraient se retrouver endettés à vie. Du coup, beaucoup font attention. Il n’y a pas ce système d’amende comme en France. Tout marche à la confiance. Le gouvernement compte sur la responsabilisation de chacun.

Dès tes 19 ans, tu avais un discours très réfléchi et une vision bien précise de ton avenir, préférant assurer ton futur via les études plutôt qu’en tentant de devenir coureur cycliste professionnel. Que penses-tu de ceux qui, inversement, décident de sacrifier les études pour tenter le tout pour le tout en cyclisme ?
Je ne veux pas juger ceux qui font ça. Je suis le premier à dire qu’il faut vivre de ses passions et en profiter le plus possible. Depuis très jeune, j’ai toujours eu la chance d’avoir plusieurs passions, pas uniquement le cyclisme. Arrêter le vélo était le choix le plus raisonnable pour moi, mais ce n’était pas simple pour autant. Ce qui est sûr, c’est que je n’aurais jamais arrêté les études. C’était trop important à mes yeux. Or, je sentais qu’il allait devenir de plus en plus difficile de jongler entre les études et le sport de haut-niveau. J’ai donc fait un choix. Mais chacun doit faire ce qui lui semble être le mieux. Il faut juste se demander si prendre le risque d’arrêter ses études en vaut vraiment la peine.

Comment avais-tu vécu les mois qui ont suivi ton départ du Vendée U ?
Je ne me suis jamais posé trop de questions car je me suis très vite concentré à fond sur mes études. Peut-être, d’ailleurs, que j’étais moins passionné que d’autres par le cyclisme. J’aimais ça, bien sûr, mais peut-être pas assez pour faire tous les sacrifices nécessaires plus longtemps. La première année post-compétition, tu te demandes forcément si tu n’as pas fait une connerie car tu sais que par la suite, il est quasiment impossible de faire marche arrière. Ce n’est pas comme quand tu changes de métier. Là, pour retrouver ton niveau passé si tu décides de revenir à la compétition, c’est un sacré challenge. Sans prétention aucune, j’avais atteint un bon niveau donc il aurait été difficile de revenir à ce même niveau. Mais finalement, je n’ai jamais eu de regrets et tout s’est bien déroulé pour moi les années suivantes.

Tu n’as donc jamais eu de regrets…
Parfois, je suis légèrement nostalgique des années de vélo car ce sont de très bons souvenirs. Mais je n’ai jamais eu de regrets, en effet. Je me dis même qu’arrêter le vélo est l’un des meilleurs choix que j’ai fait dans ma vie car ça m’a permis de vivre tout ce que j’ai vécu depuis. Si j’avais continué le vélo, j’aurais eu combien de chance de réussir, d’en vivre et d’être pleinement heureux ? On ne le saura jamais, mais je ne peux pas avoir de regrets. Inversément, je garde de très bons souvenirs de tout ce que j’ai vécu.

« JE TENAIS À RENDRE UN PEU DE CE QUE L’ON M’AVAIT DONNÉ »

Lesquels ?
Je pense notamment aux années Juniors, mes plus belles sur le vélo. On profitait à fond sans trop se soucier de la suite. Pour mon arrivée chez les Espoirs, je sentais que ce n’était déjà plus pareil. C’est le moment où ça commence à se jouer pour une éventuelle carrière. Du coup, chacun se met à s’imaginer en tant que futur coureur professionnel. Il y a une certaine pression qui s’installe, et une petite compétition entre les coureurs d’une même équipe car les places sont chères. Lorsque tu étais au Vendée U à cette époque-là, tu espérais signer chez Europcar pour l’année suivante. Les places étaient chères et tout le monde le savait. Je n’étais pas trop là-dedans, dans cette compétition. Et le vélo a commencé à moins m’intéresser.

Tu es quand même resté dans le milieu durant quelques temps…
Lors de ma courte carrière cycliste, j’ai toujours considéré avoir eu la chance d’être entouré par des gens formidables qui étaient là pour moi, pour nous… Que ce soit les bénévoles, les organisateurs, les mécanos, les assistants… Je tenais à rendre un peu de ce que l’on m’avait donné en aidant à mon tour les Juniors, notamment. J’ai pu suivre l’évolution dans leurs jeunes années de garçons comme Mathieu Burgaudeau ou Émilien Jeannière. C’était sympa. Puis avec mes études et bien sûr mes aventures à l’étranger, je me suis doucement éloigné du cyclisme.

Qu’en est-il aujourd’hui ; suis-tu encore l’actualité du cyclisme ?
De bien moins près qu’avant, bien sûr. Je ne vais pas regarder le résumé de chaque étape du Tour d’Italie… Mais j’adorais les Classiques, plus jeune, et c’est toujours le cas. Même chose pour la piste.

Tu peux également suivre la carrière de certains coureurs que tu as côtoyé dans le peloton il y a une petite dizaine d’années, à l’image de Rémi Cavagna, que tu avais battu sur le Championnat de France chrono Juniors !
(Rires). Je me souviens qu’à l’époque, Rémi était tout neuf dans ce sport. Il démarrait, en quelque sorte. Il était encore prenable (sourires). Il avait une marge de progression énorme. C’est sûr qu’il est sympa de le voir à un tel niveau aujourd’hui. Je pense aussi à d’autres coureurs que j’ai pu bien mieux connaître encore, à l’image de Fabien Grellier. Il était encore assez discret chez les Cadets, puis il a commencé à s’affirmer chez les Juniors avant de passer un gros cap pour son arrivée chez les Espoirs. Ce sont de bons souvenirs. Je ne garde que du bon de tout ça, c’était une belle expérience de vie.




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