Kévin Vauquelin : « M'arracher au maximum et faire un malaise à l'arrivée »

Crédit photo Nicolas Gachet / DirectVelo
Il a mis du temps à lâcher un premier sourire. À peine arrivé, Kévin Vauquelin avait la tête des mauvais jours, déçu du dénouement de la septième étape du Tour de Suisse. Il est allé s’asseoir sur un trottoir et s'est adossé à une barrière en bois pour essayer de reprendre ses esprits et comprendre pourquoi la victoire lui a échappé. “Je suis déçu de ma prestation, je pense que j'avais fait une copie parfaite sur la semaine entière. Malheureusement, je lance d’un peu loin. C’est dommage car je pense que j’étais le plus rapide”, regretta-t-il, à froid, auprès de DirectVelo.
Le Normand espérait reprendre un peu d’avance à João Almeida en attaquant à un peu moins de 500 mètres de la ligne, située à Emmetten, sur les hauteurs du lac des 4 Cantons, après quatre kilomètres en bosse. “J’ai senti que le rythme baissait, les 300 derniers mètres étaient plats. Mais ils ont été plus réactifs que j’imaginais. C’est la course… Félicitations à João qui a fait un très beau sprint”. Grâce à sa victoire, João Almeida reprend six secondes de bonification à son adversaire, 3e sur la ligne. “C'est vraiment le bémol de la journée”. Mais il essayait tout de même de voir du positif. “Je peux quand même être satisfait de moi”.
APRÈS LENNY MARTINEZ, KÉVIN VAUQUELIN
Le Français est resté très concentré en attendant le début de la cérémonie protocolaire. Lui et João Almeida, montés chacun à deux reprises sur le podium, ont surtout pensé à faire tourner les jambes sur home-trainer pour récupérer au maximum, et ce même pendant les trois-quatre minutes qui séparaient la prise de leurs deux paletots.
Comme sur le dernier Tour de Romandie, João Almeida est le chasseur avant le chrono final derrière un coureur français. Kévin Vauquelin, qui compte désormais 33 secondes d’avance, espère une autre issue que celle qui a été fatale à Lenny Martinez en mai dernier. Ils auront 10 kilomètres dont 9,2 à 9% en montée pour se départager, entre Beckenried et Stockhütte. “J’ai étudié le profil. C'est un peu l'image du chrono final de l'année passée. Ça va être un effort d'une grosse vingtaine de minutes”, dit Kévin Vauquelin. Sur le contre-la-montre en direction de Villars-sur-Ollon, sur le Tour de Suisse 2024, il avait concédé plus de deux minutes à João Almeida, vainqueur ce jour-là.
« J’AI DE TRÈS BEAUX DISCOURS »
Le contexte est bien différent cette année. Classé 2e le premier jour, derrière Romain Grégoire, il a depuis réalisé la semaine quasi-parfaite. “J'ai réussi à m'accrocher tous les jours sur les étapes de montagne. Il faut juste que j'arrive à le faire tout seul maintenant”. Très fort mentalement, il n’a montré aucune baisse de régime cette semaine. “Je me surpasse encore plus que d’habitude. J'ai des personnes qui me soutiennent énormément. J’ai de très beaux discours qui me permettent de me remobiliser tous les jours. On m’a dit d’arrêter de douter. Aujourd'hui, j'y ai cru au maximum. Je passe un nouveau palier. Demain, ce sera un autre jour. Ce sera un combat contre moi-même”. Il sait qu’il pourra compter sur le soutien précieux de son staff, dont les infos livrées pendant l’ascension seront cruciales. “J’aurai la voiture derrière moi et tous mes proches à distance. Je compte bien m'arracher au maximum et faire un malaise à l'arrivée”.
Prometteur depuis les rangs Juniors, l’ancien Champion de France passe un nouveau cap. “Je pense que tout le monde rêve d'être à ce niveau-là. On m'a toujours dit que les courses d’une semaine étaient pour moi. Je n’avais pas encore confirmé. Là, les planètes s'alignent. En tant que compétiteur je vis au jour le jour. Pour moi, c'est une course comme une autre. Je joue avec les meilleurs. J'essaie de toujours gagner comme j'aurais pu le faire sur un Pays de la Loire Tour. Après, on fera le bilan dimanche soir. J’espère que ce maillot jaune m'aide à avoir plus de puissance”.
Si João Almeida succède à Adam Yates, il offrirait la septième course WorldTour par étapes, sur dix, à sa formation depuis le début de la saison. Et sa troisième personnelle après le Tour du Pays du Basque et le Tour de Romandie. En cas de succès, Kévin Vauquelin serait le premier Français à remporter une course WorldTour depuis le Dauphiné Libéré de Christophe Moreau en 2007. Ce n'est pas aussi vieux que l'Eurovision, mais pour s'imposer, l'enfant du Calvados devra voler comme un oiseau.
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