Alexys Brunel veut apporter plus de garanties à la Groupama-FDJ

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Alexys Brunel veut passer à autre chose, et sa prochaine présence sur l’Etoile de Bessèges devrait l’y aider. La première course par étapes française de la saison va forcément rappeler de grands souvenirs au Nordiste, lui qui avait fait sensation l’an dernier en remportant la première étape de l’épreuve (voir classement) avant de terminer sur le podium final. “Gagner pour mes tous débuts chez les pros, c’était incroyable. Je ne m’y attendais pas du tout. Ce jour-là, tout était réuni : j’avais couru intelligemment, j’avais une grosse force dans les jambes et le scénario de course m’a été favorable”, se souvient-il auprès de DirectVelo. Avant d’élargir son champ de vision. “Mais combien y’a-t-il de chances que ça marche de nouveau ? Il faut être réaliste. Ce n’est pas parce que j’ai gagné une étape là-bas l’an dernier que je vais le refaire”

Les chances de réaliser un nouveau coup de maître semblent en effet minces pour le coureur de la Groupama-FDJ. Mais l’essentiel est de toute façon ailleurs pour lui en ce moment. Cette victoire dans le Gard, il en fait une force et une source de motivation lors des moments difficiles. “Je me souviens très bien que quelques jours après cette victoire à Bessèges, j’étais tombé sur un reportage consacré au pilote de Moto GP Fabio Quartararo, raconte cet amoureux des sports automobiles. Son coach mental lui disait après une grosse perf’ que s’il l'avait déjà fait, c’est qu’il était forcément capable de le reproduire. Et c’est exactement la même chose pour moi ! Depuis que j’ai gagné cette étape, pour ma première chez les pros, je sais que c’est atteignable de nouveau”

« JE SUIS QUELQU’UN QUI MARCHE À L’OBJECTIF »

La victoire du coureur de 22 ans dans les rues de Bellegarde aurait pu représenter un tremplin idéal vers les sommets pour celui qui avait connu quelques péripéties et beaucoup d’ascenseurs émotionnels ces dernières saisons. Il n’en a rien été. Cette victoire en Classe 1 aura même été l’arbre qui a caché la forêt. D’abord parce que suite à des participations au Tour d’Algarve puis au Samyn, la saison s’est arrêtée et que le garçon l’a très mal vécu. “Je me disais que ça ne servait à rien de se faire mal à l’entraînement pendant le confinement. Je suis quelqu’un qui marche à l’objectif, et quand je n’ai rien en ligne de mire… J’étais dans une mauvaise période et je ne savais pas trop ce qu’il allait se passer. Je ne voulais pas faire des bornes pour rien et ça m’a pourri l’esprit”

Lors de sa reprise sur le Tour de l’Ain, au mois d’août, Alexys Brunel était toujours à côté de ses pompes. “Mentalement, je n’étais pas loin d’être à bout. Je n’étais pas bien pendant ce foutu confinement, et je n’ai pas su remettre en route. Quand tu n’es pas bien dans ta tête, de toute façon, tu ne peux pas marcher sur le vélo, on le sait tous”. Pour couronner le tout, le puissant rouleur a été gêné par un important problème physique qui ne lui a pas du tout permis de s’exprimer à sa juste valeur durant l’été. Sur certaines épreuves, comme le Tour de Lombardie, il dit même “vivre un calvaire” et se retrouve contraint de poser pied à terre en pleine course, incapable d’aller plus loin. “Tout ça est derrière moi maintenant. Donc basta, et on passe à la suite !”, s’exclame-t-il.  

« À CERTAINS MOMENTS, JE SUIS PIRE QUE NUL… CE N’EST PAS POSSIBLE »

La suite, justement, c’est une saison 2021 déjà cruciale. Après avoir passé près de deux mois sans rouler, “une coupure qui a fait du bien” lors d'une fin d'année “qui n’a pas été de tout repos” psychologiquement - il a été débarrassé de son problème physique en décembre -, le voilà prêt à repartir au combat, plus motivé que jamais. Et conscient qu’il a des choses à prouver. “Je suis en fin de contrat à la fin de saison. J’y pense”. Habitué à régulièrement jouer la victoire depuis les jeunes catégories, Alexys Brunel sait qu’il doit maintenant passer par différentes phases d’apprentissage, lui qui débute sa deuxième saison au plus haut niveau mondial. “Je fais du vélo pour gagner, comme je l’ai toujours fait, mais j’ai encore beaucoup à apprendre. Et ça passe obligatoirement par des missions d’équipier. Je veux épauler les leaders de l’équipe, comprendre comment ils fonctionnent, comment ils se comportent… Un jour peut-être, je pourrai faire comme eux et prétendre à un rôle de leader. Mais j’en suis très loin et j’en ai bien conscience, analyse-t-il modestement. Si je veux espérer qu’un jour, sur une course, on roule pour moi, je dois déjà apprendre à rouler pour les autres. C’est la base de la base”

Voilà donc pour les fondamentaux. En 2021, Alexys Brunel veut essayer d’être un équipier modèle. Mais aussi gagner en régularité, l’un de ses principaux défauts jusqu’à présent. “J’en avais déjà conscience, et le staff me l’a confirmé. Ils veulent que je réponde présent plus souvent. Par moments, je suis capable de faire de très bonnes choses mais à certains moments, je suis pire que nul… Ce n’est pas possible, il faut que j’apporte plus de garanties. C’est le service minimum quand tu cours dans le WorldTour”. Pour cela, avant même le stage de son équipe en Espagne, il s’est préparé avec deux amis, Mathieu Urbain (VC Lucéen) et Tanguy Bonnel, sur les routes des Pyrénées-Orientales. Les trois garçons se sont posés à Saint-Cyprien pendant ce stage, un endroit où Alexys Brunel envisage d’ailleurs de s’installer dans les semaines ou les mois à venir. “J’y pense de plus en plus. C’est bien mieux pour s’entraîner, au niveau du climat comme des routes. J’aime beaucoup le coin, j’y vais souvent en stage alors autant m’y installer plutôt que d’enchaîner les aller-retour. J’aime bien la Côte d’Azur aussi, vers Nice ou Saint-Raphaël, mais il y a trop de monde l’été pour aller rouler. Les Pyrénées-Orientales sont moins touristiques, c’est peut-être l’idéal”. Alexys Brunel l’admet lui-même : son retour du côté de Boulogne-sur-Mer sous la grisaille, ces derniers jours, pourrait finir de le convaincre. Qu’il se rassure, il devrait vite retrouver un beau soleil et une température douce sur les routes provençales du Grand Prix La Marseillaise, ce dimanche. 

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