Et si Pauline Ferrand-Prévot avait déjà fait le plus dur ?

Crédit photo Amelco Gohin / DirectVelo

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Tout va bien pour Pauline Ferrand-Prévot. La Rémoise l’a clamé et répété depuis des mois : elle craignait les premières étapes (piégeuses) du Tour de France 2025. Confiante quant à ses capacités à briller en montagne, elle avait surtout peur de tout perdre sur une chute ou dans des cassures lors des étapes punchy des cinq premières journées. Dès les Classiques printanières, elle avait d’ailleurs répété à qui voulait bien l’entendre déjà être en préparation pour le Tour. Son choix de venir sur Paris-Roubaix, qu’elle a brillamment remporté dès sa première tentative, avait pour objectif initial de se préparer au pire pour les étapes bretonnes puis pour celles réservées aux sprinteuses. “Le début de Tour risque d’être très nerveux, il y aura des pièges de partout, je voulais déjà me préparer à ces sensations-là, à frotter dans le peloton”, concédait-elle au printemps.


PIÈGES ÉVITÉS EN PREMIÈRE PARTIE DE TOUR

Finalement, la leader de la Visma-Lease a Bike aura réalisé un quasi sans faute depuis le grand départ samedi dernier. À tel point que la question principale n’était pas de savoir, jusque-là, si elle allait concéder du temps, mais plutôt si elle n’était pas en mesure de remporter une étape, tant elle est apparue solide et dans son élément. Dans Cadoudal, le premier jour, « PFP » s’est directement montrée aérienne, et sans l’initiative de Kim Le Court, qui a fait l’effort pour boucher le trou bien qu’elle avait Marianne Vos dans la roue, l’ancienne Championne du Monde sur route 2014 l’aurait très probablement emporté. Finalement 3e sur la ligne, elle a d’emblée pris du temps à toutes ses rivales, à la faveur des secondes de bonifications et des cassures sur la ligne d’arrivée de Plumelec. “Une première journée parfaite” pour les abeilles, avec le coup double de Marianne Vos.

Depuis, R.A.S pour la Championne Olympique de Paris en VTT. Dans le Top 10 à Quimper, elle a traversé sans embûches les deux étapes réservées à Lorena Wiebes - pardon, aux sprinteuses - pour filer d’ouest en est et se rapprocher gentiment des Alpes en position idéale au général. Pendant ce temps, la grande favorite Demi Vollering a goûté au bitume et aurait pu tout perdre. Ce mercredi, lors de l’arrivée punchy à Guéret, Pauline Ferrand-Prévot a encore grignoté des secondes de bonifications lors d’un sprint intermédiaire placé en toute fin de course, en plein GPM, puis, dans une arrivée à sept, s’est montrée un poil limite pour aller faire le sprint. “C’était une étape punchy, peut-être un peu trop pour moi, moins dans mes qualités du moment”, glissait-elle brièvement après la course.

HÂTE D’ARRIVER DANS LE VIF DU SUJET 

Au départ de la première étape très importante ce jeudi, tracée entre Clermont-Ferrand et Ambert, avec trois ascensions répertoriées dont le Béal et ses 10.3 km à 5.6 %, Pauline Ferrand-Prévot est dans une situation rêvée : 2e du général, une poignée de secondes devant Demi Vollering et la tenante du titre Kasia Niewiadoma. “Je pense que maintenant, je serai un peu mieux - je l’espère en tout cas - sur les montées plus longues. J’attends vraiment ces étapes montagneuses”.

Depuis l’annonce du retour sur la route de PFP et son choix de rejoindre la Visma, la structure néerlandaise n’a eu de cesse de répéter qu’il s’agissait d’un plan sur trois ans avec l’ambition de remporter le Tour d’ici 2027. Et il a toujours été plus ou moins sous-entendu que l’édition 2025 ne serait qu’un premier test, pour construire. Mais la situation actuelle laisse à penser que la Française compte bien l’emporter dès cette semaine, à sa première tentative, comme lors de « l’Enfer du Nord », dans un tout autre registre.

STEPHEN DELCOURT SE MÉFIE GRANDEMENT

Affûtée comme jamais après une préparation spécifique visiblement au millimètre, PFP est une athlète pas comme les autres et elle a tout misé sur l’enchaînement des cols pour espérer enfiler le jaune d’ici Châtel. Tout le paradoxe de cette situation tient ainsi au fait que nombre de concurrentes, membres de staff, journalistes ou suiveurs en font déjà leur favorite alors qu’après tout, PFP n’a pas la moindre garantie, ni référence en montagne et sur les courses par étapes, depuis son retour à la compétition sur la route. “Mais il ne faut pas raisonner de cette façon-là avec Pauline. Elle sait se préparer pour un événement et elle sera au rendez-vous, j’en suis persuadé. C’est la plus grande championne de notre sport. Elle est Championne du Monde sur route, en cyclo-cross, en VTT, (en Gravel également, NDLR), Championne Olympique à Paris… Elle a réussi tous les objectifs qu’elle s’était fixée, tôt ou tard”, rappelait en marge du Tour d’Italie, il y a quelques semaines, le manager de la FDJ-Suez, Stephen Delcourt, auprès de DirectVelo.

Prudente, Pauline Ferrand-Prévot tempère en public, face caméra. “La grande favorite s’appelle Demi Vollering. Et elle est là où elle doit être”. Elle aussi, en effet, malgré la grosse frayeur du début de semaine. Alors, qui de la Française d’une équipe néerlandaise, ou de la Néerlandaise d’une structure française, aura le dernier mot ? Quid de Kasia Niewiadoma, la brillante tenante du titre, qui réalise elle aussi un sans-faute depuis samedi ? Le suspense est total. Peut-être Pauline Ferrand-Prévot passera-t-elle à côté ces prochains jours. Après tout, son dernier véritable test sur une très grosse course par étapes remonte à… 2015, lorsqu’elle avait terminé 6e d’un Giro remporté par Anna Van der Breggen. Les trois années suivantes, bien que toujours active sur la route chez Rabobank puis Canyon//SRAM, elle avait surtout privilégié les courses d’un jour. Une chose est sûre : à mi-Tour de France, nombreux sont les Français à rêver d’une victoire finale de l’une de leur compatriote, et ce n’était pas écrit d’avance. Voyons désormais ce que vaut PFP en montagne, car peu de monde n’en a véritablement idée, pas même sans doute ses principales adversaires, ou sa propre équipe. 

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Portrait de Pauline FERRAND-PRÉVOT