« Léo Bisiaux est un grand talent » : Au Tour de Burgos, Julien Jurdie n’est pas surpris

Crédit photo Michaël Gilson / DirectVelo

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Un coup tactique parfait avec une énorme mine aux 700 mètres, dans un faux-plat montant, au moment où Isaac Del Toro s’écartait sur la gauche, et une force de mule pour résister à Lorenzo Fortunato - qui a bien tenté de faire la jonction avant de se rasseoir - auront permis à Léo Bisiaux de décrocher, ce jeudi, son premier succès professionnel sur les routes de la troisième étape du Tour de Burgos. Cerise sur le gâteau, l’Auvergnat de Decathlon AG2R La Mondiale s’empare également de la tête du classement général.


Ce succès, le crossman sera allé le chercher en costaud, en ayant d’abord été capable de suivre la vive accélération de Giulio Ciccone, le récent lauréat de la Clasica San Sebastian, dans le Puerto d’Orduña et ses 8.1 km à 7.4 % de pente moyenne. C’est finalement un groupe de cinq hommes forts qui s’est joué la gagne à Valpuesta, dont les deux grands favoris, Giulio Ciccone et Isaac del Toro. Mais c’est bel et bien le jeune tricolore qui est parvenu à tirer les marrons du feu. “J’ai profité du fait que les autres se regardent pour attaquer. J’ai essayé de faire l’écart directement et lorsque je me suis retourné, j’ai vu que j’avais pris de l’avance et qu’il fallait tout donner. Ça fait plaisir. Il reste maintenant deux étapes pour ramener le maillot. L’étape de demain (vendredi) devrait être plus facile, tout se jouera sur l’arrivée au sommet de samedi”, a brièvement résumé le nouveau leader du Tour de Burgos, épreuve de catégorie Pro Series. 

De retour à l’hôtel, le directeur sportif de la WorldTeam tricolore, Julien Jurdie, a fait le point avec DirectVelo. Entretien.

DirectVelo : Quelle journée pour Léo Bisiaux et l’équipe Decathlon AG2R La Mondiale !
Julien Jurdie : Effectivement, c’est un grand moment pour l’équipe et pour Léo en particulier. On se retrouve avec trois maillots de leaders sur trois courses (Léo Bisiaux prend la tête du Tour de Burgos, Nicolas Prodhomme est désormais maillot jaune dans l’Ain après sa victoire d’étape ce jour et Paul Lapeira est toujours maillot jaune du Tour de Pologne au niveau WorldTour, NDLR). On sait que Léo est un grand talent. Une première victoire n’est jamais facile à aller chercher, il faut trouver l’ouverture, maîtriser ses émotions, bien gérer le final… Léo a mis tous ces ingrédients et il l’a fait avec un grand panache. C’est une masterclass, comme on dit. C’est une victoire au forceps qui fait plaisir. Il faut être un coureur de grande qualité pour parvenir à faire ce qu’il a fait cet après-midi.

Il n’a pas du tout semblé impressionné ou intimidé par la qualité des coureurs qui l’entouraient…
Giulio Ciccone fait partie des meilleurs coureurs du moment, il l’a montré en gagnant la Clasica San Sebastian. Isaac Del Toro n’est pas facile à battre non plus. C’est un passage important pour Léo, ça va valider beaucoup de choses et lui faire beaucoup de bien mentalement. L’avenir s'éclaircit après une première victoire. Léo a déclenché les hostilités lui-même dans le MG1. Il faut du cran et des jambes pour le faire. Il était entouré de grands champions dans le final, cette victoire est amplement méritée.

« CE N’EST PAS UNE GROSSE SURPRISE »

Il avait déjà montré de très belles choses à San Sebastian, justement, où il a longtemps joué une place dans les 10 voire dans les 5 !

Pour moi, ça a été l’élément déclencheur. J’ai récemment passé quelques jours aux Arcs (Savoie), j’ai vu les gars travailler avec Alexandre Abel et je savais que Léo allait marcher fort au mois d’août. Il m’a épaté à San Seb’, même s’il a craqué dans le dernier mur et n’a pas pu rentrer dans le Top 10, qui était l’objectif. Mais je me souviens très bien l’avoir rassuré juste après l’arrivée et lui avoir dit que ce que je venais de voir dans l’avant-dernière bosse, la façon dont il avait suivi Ciccone, Del Toro et Roglic, était très prometteur. Il était clairement en train de passer un cap. On s’était fixé deux objectifs pour ce Tour de Burgos : une victoire d’étape et un Top 5 au classement général. Nous voilà avec une étape et le maillot de leader. Ce n’est pas une grosse surprise mais ça fait vraiment plaisir. Et c’est de bon augure pour la suite.

Léo Bisiaux semble avoir eu des hauts et des bas depuis le début de l’année, pour sa première saison avec la WorldTeam. On imagine que cet enchaînement de courses espagnoles, jusqu’à la Vuelta, est LE grand moment de cette saison 2025 pour lui ?
Oui, exactement, cette seconde partie de saison et cette période tout spécifiquement sont très importantes pour Léo. Avec la saison de cyclo-cross, on sait que ça peut être assez bancal derrière lors d’un début de saison sur route. La remise en route a été compliquée, même s’il a vite fait un bon Tour du Pays Basque. Pour être franc, on s’attendait à un petit peu mieux au Tour de Suisse, même si ce n’était pas une grosse déception non plus. La Vuelta sera un passage important, on a fait un gros focus là-dessus.

« JE NE M'INQUIÈTE PAS POUR LE FUTUR »

On sait qu'il est à l’aise en montagne, sur les terrains pour puncheurs et qu’il peut aussi bien se débrouiller en chrono. Comment a-t-il travaillé au mois de juillet, en préparation de ce premier Grand Tour ? Avez-vous déjà ciblé certains axes spécifiques de progression ou s’agit-il encore d’un travail d’ensemble à ce stade de sa carrière ?

On est toujours sur un travail d'ensemble pour le moment. C’est encore trop tôt pour évoquer des ambitions et d’éventuelles projections sur les Grands Tours mais oui, il a le profil pour devenir un coureur de courses par étapes. Le point d’interrogation, ce sont les courses de trois semaines. On pourra faire un premier bilan à l’issue de la Vuelta. Je ne m’inquiète pas pour le futur de Léo, il va être acteur de grosses courses WorldTour d’une semaine, c’est sûr. Tous les feux sont au vert. Il a vraiment bien bossé aux Arcs, pendant près de trois semaines.

Léo Bisiaux est le nouveau leader du Tour de Burgos à deux étapes de la fin de l’épreuve. La dernière étape, samedi, se terminera aux Lagunas de Neila, une arrivée au sommet après une ascension de 6.4 km à 9.1 % de pente moyenne. Allez-vous revoir votre ambition de Top 5 au général à la hausse désormais ?
Bien sûr que l’on va revoir cet objectif à la hausse ! Le groupe est super compétitif, avec Nans Peters en capitaine de route et un groupe soudé pour tenter de conserver le maillot. Il faudra déjà faire le boulot demain (vendredi) en filtrant les échappées. Puis samedi, ça se fera à la jambe, sur une ascension qui correspond parfaitement aux qualités de Léo. Il a démontré qu’il faisait partie des meilleurs grimpeurs alors l’objectif va maintenant être de conserver le maillot.  

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