Cyril Barthe : « C'est important dans une vie »

Crédit photo Philippe Le Cocq

Crédit photo Philippe Le Cocq

Cyril Barthe a su saisir sa chance, et forcer son destin. Ce vendredi, sous les couleurs du Comité Nouvelle-Aquitaine, l'habituel sociétaire d'Euskadi Basque Country-Murias a décroché le titre de Champion de France Espoirs, son plus beau succès. Au terme des 177,9 kilomètres de l'épreuve sur le circuit de Plougastel-Daoulas, il a devancé Alexys Brunel (Bourgogne-Franche Comté) et Maxime Jarnet (Auvergne-Rhône-Alpes). Ivre de bonheur, le coureur de 22 ans a profité de la cérémonie protocolaire pour fêter sa victoire avec ses coéquipiers. À la façon basque. ''Je viens d'à côté de Bayonne. Chez nous, le Paquito, c'est la tradition. C'était simplement un clin d’œil à notre « pays »''. Le nouveau Champion de France Espoirs se livre auprès de DirectVelo.

DirectVelo : Comme tu le souhaitais (voir ici), tu as su prendre les bonnes décisions, au bon moment !
Cyril Barthe : C'était ma dernière année chez les Espoirs, donc c'était ma seule occasion de remporter le titre dans cette catégorie. Qui ne tente rien n'a rien. J'ai tenté, et ça a marché. On était 120 au départ, beaucoup de coureurs pouvaient remporter ce titre. Pour y parvenir, il faut avoir de la réussite, de bonnes jambes, et la tête. C'est facile à dire, mais difficile à mettre en œuvre.

Que représente ce titre pour toi ?
Le titre de Champion de France est quelque chose d'important dans une vie. C'est une chose que d'inscrire son nom au palmarès. Porter le maillot de son pays est une satisfaction. C'est beaucoup de travail tout au long de la saison. J'ai eu une clavicule cassée au mois de mai... J'avais fait beaucoup d'efforts cet hiver, et c'était une frustration de ne pas pouvoir montrer ce que je valais, suite à cet accident. Je suis revenu au mois de juillet. J'ai essayé d'être au maximum régulier pour me préparer en vue du Championnat de France. Une course d'un jour, c'est toujours difficile. Tout peut se passer. Aujourd'hui (vendredi), ça m'a souri, et je suis très heureux.

« LE FAIRE À L'INSTINCT »

Dans quel état d'esprit as-tu pris le départ ?
J'étais le coureur protégé mais un Championnat est toujours délicat. On peut se faire piéger... Je venais ici avec l'idée de gagner. Si ce ne marchait pas, tant pis. Si ça avait été le cas, il aurait fallu prendre le côté positif, analyser la course, et surtout ne pas trop se prendre la tête parce que le vélo c'est quand même difficile. Alors si on se prend la tête avec les courses... Je pense qu'il faut toujours prendre le côté positif, et progresser grâce aux erreurs que l'on fait. J'aurais voulu apprendre de mes erreurs, si ça n'avait pas marché.

Tu t'es rapidement retrouvé à l'avant...
J'ai essayé de courir de la manière la plus juste possible pour ne pas faire des efforts n'importe quand et n'importe comment. Je voyais que tous les comités étaient représentés à l'avant, dans l'échappée. J'ai essayé d'y être pour éviter de me retrouver enterré dans le peloton. Au final, il y avait beaucoup de coureurs dans les comités, et ils étaient beaucoup à se rouler les uns sur les autres. Ça m'a plutôt avantagé, et je me suis fait discret. Je me plaçais en fin de groupe pour laisser travailler les autres, et jouer ma carte dans le final, notamment dans la dernière bosse.

Comment as-tu manœuvré dans les derniers hectomètres ?
Il y avait le coureur devant (Maxime Jarnet, NDLR), avec vingt secondes d'avance. La seule solution pour revenir était de monter la bosse rapidement. J'ai essayé de le faire au sommet. Partir seul était difficile. On s'est retrouvé un groupe de quatre pour le sprint et ça m'a souri. Quand on arrive pour le maillot de Champion de France, il y a de la pression, et de la tension. On ne sait pas trop ce qu'il faut faire. On doute. On se demande : ''Est-ce que je le lance ? C'est trop tôt ? Trop tard ?''. Il faut le faire à l'instinct.

« LES COUREURS NE ME CONNAISSENT PAS FORCÉMENT »

La plupart du temps, tu ne cours pas avec la majorité de tes adversaires du jour. Etait-ce un avantage ?
Pendant toutes mes années Espoirs, je n'ai pratiquement pas couru en France. Les coureurs ne me connaissent pas forcément. Ils ne savent pas comment je cours, ils ne savent pas si j'ai une pointe de vitesse... ou pas. C'était un point positif que de courir dans l'anonymat. De mon côté, je suis Français et j'aime le vélo, donc je regarde tous les résultats des coureurs de mon âge. Je connais donc les grands coureurs de ma génération.

De quelle manière avais-tu préparé cette échéance ?
J'ai couru le Tour du Limousin la semaine dernière. Ça m'a fait une bonne préparation pour le Championnat. J'ai repéré le circuit hier, et j'avais de bonnes sensations. Par contre, le vélo, ce n'est pas que des jambes. Il faut avoir de la réussite et la tête qui fonctionne bien au bon moment. Aujourd'hui (vendredi), j'ai réussi à remporter la course, et c'est le principal.

Tu as déjà eu l'opportunité de découvrir le niveau WorldTour, cette saison...
J'ai commencé en WorldTour au Tour de Catalogne. C'était une bonne expérience pour moi de courir à ce niveau pendant sept jours. L'équipe nous emmène sur de jolies courses. J'ai également fait la Classique San Sébastian, où j'ai remporté le classement par points, celui du meilleur grimpeur, et de la combativité. C'était la course de la maison, au Pays Basque. C'était quelque chose d'énorme, les spectateurs étaient à fond derrière notre équipe.

« UNE FIERTÉ POUR L'ÉQUIPE »

Et quel sera ton programme pour la suite ?
Ma prochaine course sera le Tour du Doubs, mais ensuite, je ne sais pas encore. Je n'ai jamais eu l'honneur de porter le maillot de l'équipe de France, mais ça serait un honneur, et une fierté pour moi. Ça serait aussi une récompense. Il me semble que le parcours est trop dur pour mon profil. Je suis plutôt un coureur explosif, puncheur, capable de passer des bosses ou des petits cols. Il y en a beaucoup chez moi. C'est quelque chose que j'affectionne. Je travaille sur ça, et aussi pour garder ma petite pointe de vitesse.

Quelle est l'importance de ce titre de Champion de France pour ta formation ?
On en avait pas du tout parlé. Il y avait eu des petites blagues comme : ''si tu vas là-bas, tu as intérêt de gagner''. Après, le faire, c'est quelque chose de délicat. Je pense qu'ils ont appris la nouvelle, et qu'ils ont apprécié parce que le maillot de Champion de France, c'est quand même une fierté pour l'équipe. 

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