Le Team 74-Haute Savoie voulait prolonger le plaisir jusqu’au bout. Quelques minutes après la fin de la cérémonie protocolaire du Tour du Pays Roannais, Romain Faussurier et ses coureurs sont montés sur le podium pour une photo souvenir après les victoires d’étape et au général de Thibaut Clément. “On n'était pas dans la première liste des équipes sélectionnées. On a été invité au dernier moment… C'est génial”, confie le directeur sportif originaire du Pays Roannais. Il est revenu pour DirectVelo sur ce week-end inoubliable pour sa structure qui a vu le jour l'hiver dernier.

DirectVelo : Que représente la victoire de Thibaut Clément sur le Tour du Pays Roannais ?
Romain Faussurier : Gagner une course par étapes en Élite Nationale, je pense que c'est assez incroyable pour une N3. Dans notre région, où il y a cinq N1, c'est fou. Ça fait super plaisir.

« AUCUNE CONTRAINTE »

Aurais-tu imaginé qu’il fasse coup double sur la dernière étape ?
Thibaut savait ce qu'il avait à faire sur la dernière étape. Il connaissait ses forces, il a bien joué. Dans le final, j'ai essayé de le calmer. Je lui ai dit d'être patient jusqu’à la dernière bosse. Je pensais que Larry Valvasori, qui avait essayé plusieurs fois auparavant, partirait avec lui à cet endroit, et que Thibaut pourrait gagner le général ainsi. Je ne pensais pas qu'il partirait tout seul et qu'il était si fort. Il a dit qu'il sentait plus ses jambes dans le dernier kilomètre. On a beau mettre des choses en place avant l’étape, je pense que c'est grâce à lui qu'il a gagné ! (sourire)

Quel type d’homme et de coureur est-il ?
C'est un mec incroyable. Il n'est pas là pour se prendre la tête, il est très heureux de faire du vélo. Je pense que c'est ce qui fait qu'il marche autant. On ne lui met aucune contrainte. Il va faire des cyclosportives avec Materiel-Velo.com de temps en temps. C'était le deal en début d'année. Je pense que ça lui convient comme ça. Il apporte beaucoup de bonheur à l'équipe en dehors du vélo également.

Physiquement, il est très fort…
Son résultat veut tout dire. Il a commencé la compétition à plus de 25 ans et il est capable de gagner un classement général avec autour de lui une équipe de National 3. C’est quelqu'un de très fort, on l'a vu sur cette dernière étape du Tour du Pays Roannais. Il a passé son temps à relancer dans le groupe de tête et à prendre des relais. La semaine précédente, à la Marmotte, après une course quasiment seul à revenir sur les groupes, il monte l'Alpe d'Huez à moins de 2 minutes de Tom Pidcock quand il avait gagné sur le Tour de France. Ça parle pour lui. Je pense que c'est un coureur qui aurait pu être professionnel. On ne sait jamais ce qui peut se passer par la suite.

« CAPABLE DE MONTER LES COLS TRÈS VITE »

Ça te paraît encore possible alors qu'il a 32 ans ?
Je pense que le plus gros frein, c'est lui. Je ne suis pas sûr qu'il ait envie de devenir un coureur professionnel. Mais pour une équipe qui pourrait, pourquoi pas, toquer à la porte, c’est un pari. Il est capable de monter les cols très vite. On verra ce qu’il fait sur l'Étape du Tour dans pas longtemps (le 20 juillet, entre Albertville et La Plagne, NDLR). C’est un objectif pour lui, il est capable de la gagner.

Quels sont ses défauts ?
Il traîne un peu à l'arrière du peloton, il ne veut pas se mettre la pression en début de course. Mais quand on lui demande d'être placé à un endroit, il y est. Ce n'est pas un grand sprinteur, peut-être. (sourire)

Pour l’équipe, c’est un excellent résultat pour la première année en N3…
Oui, c'est génial. Ça fait quelques mois à peine qu'on existe. On galère, notamment à trouver du staff. On a un camion qui est tombé en panne vendredi. On est venu avec deux voitures, dont celle d'un coureur qui ressemble à un camion en ce moment. C'est vraiment le bazar. C'est le début d'une équipe. On va grandir petit à petit. On a des moyens qui vont arriver, on le sait. On veut y aller petit à petit. C'est sûr qu’une victoire comme celle-là va booster tout le monde.