Kévin Vauquelin : « Il faut que j’arrête de douter »

Crédit photo Nicolas Gachet / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Gachet / DirectVelo

Il affichait un tout autre visage que la veille. Frustré d’avoir lâché six secondes sur João Almeida, Kévin Vauquelin n’arrivait pas à cacher sa déception ce samedi en attendant la cérémonie protocolaire. 24 heures plus tard, le leader d’Arkéa-B&B Hôtels a perdu le Tour de Suisse mais il était surtout ravi de la semaine passée. “Si j'avais perdu pour deux secondes, j’aurais été déçu. Mais là, c'est quand même des purs grimpeurs et des coureurs qui sont très forts devant moi”, confie-t-il à DirectVelo. Le Normand a fini 4e du chrono et termine 2e du général, à 1’07’’ de João Almeida, qui a fait coupe double sur les pentes de Stockhütte.

Ce n’est pas le stress qui a fait perdre le Tour de Suisse à Kévin Vauquelin. Il était très détendu à son arrivée au bus de son équipe, sur les coups de midi. “J’étais tranquille avant le chrono, franchement, tranquille. J'étais d'une sérénité assez extraordinaire. Je n'avais pas vraiment de pression à avoir. Je n'ai pas vraiment regardé les médias, j'ai juste vu tous les messages d'encouragement, c'était suffisant”.

PAS D’INFORMATIONS MAIS DES ENCOURAGEMENTS

En arrivant près de la rampe de lancement, il est allé serrer la main de son rival du jour, João Almeida qui devait lui reprendre 33 secondes pour renverser la course. Quelques minutes plus tard, juste avant de s’élancer, le Portugais lui a adressé un clin d'œil. Puis après les politesses, le duel a vite tourné à l’avantage du pensionnaire de l’UAE Team Emirates.

Pendant les dix kilomètres de ce chrono en bosse, il n’y a pas eu photo. “Ça allait au début. Après, j'ai senti que j'avais du mal à pousser à certains moments. Il manquait peut-être un peu le soutien d'un poisson-pilote, comme j'ai pu l'avoir hier quand João a accéléré. Il me manque encore un peu de travail dans les cols pour pousser quand je suis seul”. 

Seul, il ne l’était pas totalement. Dans la voiture suiveuse, il a surtout reçu des encouragements plutôt que des informations sur les écarts avec son adversaire. Un choix fait par le coureur en discussion avec son staff. “On avait vu que ce n'était peut-être pas le plus utile d’avoir les écarts, de toute manière il fallait vraiment pousser au maximum”. Même s’il n’avait pas reçu le verdict, il avait bien compris en franchissant la ligne que la victoire finale lui avait échappé. “Si j'avais gagné, on m’aurait sauté dessus. C'est assez simple”, plaisante-t-il.

« CROIRE EN MOI »

Ce dimanche, il n’avait pas les “meilleures jambes de [sa] vie”, mais peu importe, il repart très satisfait. “Je suis 2e du Tour de Suisse. Je pense qu'il faut que je sois satisfait de ce qui s'est passé. J'ai franchi des étapes. Il faut que j'arrête de douter et je dois croire en moi”. Mais pourquoi douter alors que son potentiel est immense ? “On n'en sait rien. On est compétiteurs, on veut toujours plus. Le doute nous amène aussi à nous améliorer. Je pense qu'il faut toujours garder un petit peu ça”. 

Son excellent Tour de Suisse arrive alors que la période est compliquée pour son équipe dont l’avenir est incertain. Si son nom circule dans de nombreuses équipes, dont INEOS Grenadiers, Kévin Vauquelin pense avant tout à l’ensemble de sa formation. “J'espère que ça va vraiment aider Emmanuel Hubert à retrouver quelque chose. Parce qu'on ne parle pas que de lui ou de certains coureurs. On parle d'une entreprise de plus de 200 personnes, hommes et femmes. Je pense qu'il faut vraiment mettre en lumière tout ça et être touché par la situation. En tout cas, moi, ça me touche”.

Il pourrait encore faire briller le maillot d'Arkéa-B&B Hôtels la semaine prochaine lors du Championnat de France. Tout d’abord sur le chrono où il avait échoué d’un rien l’an dernier, derrière Bruno Armirail. Puis sur la course en ligne, avec son arrivée pour puncheur au Mont des Alouettes. “Si je peux passer avec le maillot tricolore au Tour de France chez mes parents, ça serait quelque chose d'exceptionnel”.

AU TOUR DE FRANCE POUR ATTAQUER

Son Tour de Suisse n’a rien changé, il ira sur la Grande Boucle pour gagner des étapes, comme il l’avait fait l’an passé à Bologne. “Les neuf premiers jours sont peut-être les plus importants de ma jeune carrière. Je compte vraiment être à mon maximum”. Il est encore réfractaire à l’idée de jouer un classement général. “Sur ce Tour de Suisse, l'étape que j'ai le plus aimée, c'est presque celle de samedi, parce que j'ai joué la gagne. Se battre pour faire un Top 10, ce serait quelque chose de très beau, c’est une performance extraordinaire mais ce n’est pas ce que je préfère. J’aime être à l'attaque, aller chercher un maillot à pois et des victoires d'étapes. C'est l'essence de ce que j'aime faire plutôt que juste suivre et péter, et couper la ligne complètement à fond”.

Kévin Vauquelin a confirmé encore un peu plus cette semaine qu’il était aussi fait pour les courses par étapes d'une semaine. “Je suis content de ce que j’ai fait, parce qu'on n'a pas les plus grands moyens dans l’équipe. Cette semaine, on n’avait pas de cuisinier. J’ai aussi dû faire un stage perso. Ce n’est pas une critique, c’est comme ça mais je n'ai pas encore fait tout le travail possible. Ce Tour de Suisse a apporté beaucoup de confiance à moi et à toutes les personnes autour de moi. J'ai de la marge”.

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