Julien Marin : « J’ai franchi la ligne d'arrivée sans savoir si j'avais gagné »

Crédit photo Hexagone
Après avoir remporté sa première épreuve en Élite Nationale en avril dernier, Julien Marin n’a pas attendu longtemps pour s’adjuger le classement général d’une course par étapes. À 24 ans, il confirme sa bonne dynamique du moment en remportant les Boucles de la Charente-Maritime (voir classement), au terme d’une dernière journée pleine de rebondissements. Le coureur d’Hexagone-Corbas Lyon Métropole s’est confié sur son week-end auprès de DirectVelo.
DirectVelo : La dernière étape des Boucles de la Charente-Maritime a été un peu folle !
Julien Marin : On était plusieurs de l’équipe à être dans le même temps que le leader Manu Guerinel. On voulait vraiment arriver sur le circuit final avec le maximum de gars frais et bien placés au général afin de mettre la pression sur Paris. C'est ce qui s'est passé. Valentin Rudel arrive à se glisser dans un coup potentiellement dangereux à 60 kilomètres de l'arrivée. Paris a dû utiliser ses dernières forces pour faire la jonction devant avec les autres équipes qui n’étaient pas représentées comme Laval, Pélussin et Bricquebec. Finalement, l’échappée a été reprise dans la dernière bosse du circuit à dix kilomètres de l'arrivée. Le maillot jaune était toujours là. J'ai réfléchi et je me suis dit que le seul moyen pour le faire sortir, c'était de le surprendre par l'arrière. On était encore trois de l'équipe dans le même temps au classement général. On a tenté d'attaquer chacun notre tour. Par chance, la troisième attaque était la mienne. Louis Hardouin et Clément Dubois étaient devant avec quelques secondes d'avance. Je suis rentré sur eux à 4 kilomètres de l'arrivée. À ce moment-là, mon objectif était de creuser l’écart au maximum. Je ne voulais pas vraiment jouer l'étape.
Et il y a cette chute...
Il restait 800-900 mètres avant l’arrivée. On prenait une première cuvette avec un virage à droite. J’ai abordé cette cuvette en deuxième position derrière Louis Hardouin. Il est sorti quasiment au milieu de la route, et moi, j’arrivais derrière. Je pensais qu’il allait s'écarter à gauche. Au moment où je me retourne pour jeter un coup d'œil derrière, Louis se décale à droite et me prend la roue avant. Je tombe, et le temps que ma voiture arrive, je suis reparti loin. J’ai franchi la ligne d'arrivée sans savoir si j'avais gagné le général !
Est-ce que tu pensais au classement général au moment où tu passes la ligne ?
Quand je suis tombé, ma voiture m’a donné un autre vélo. Sébastien (Havot) m'a dit qu'il fallait que je franchisse la ligne. Une fois sur mon vélo de rechange, je me suis fait la réflexion comme quoi nous étions dans les trois derniers kilomètres. Directement j’ai dit à Seb : « Je crois que j’ai gagné ». Je me suis dit que la règle allait s'appliquer. Si ça n’avait pas été le cas, ça aurait été dommage parce que j'aurais tout perdu, mais c'est le vélo : les chutes font partie des aléas. Les arbitres m'ont tout de suite précisé que la règle des trois derniers kilomètres était prise en compte. J'étais très heureux, mais je suis tout de même assez déçu de finir de cette manière. On avait fait une belle course et Manu Guerinel s'était très bien défendu. En passant la ligne, il a sûrement cru qu’il avait gagné et finalement, on lui annonce que non. Manu a été très fair-play et je le remercie pour ça. L'équipe de Paris a été respectueuse de cette décision. Cette règle m’a “sauvé”.
« JE N’AI PAS PU ENFILER LE MAILLOT JAUNE SUR LE PODIUM »
Ce fait de course n’a pas trop gâché la fête sur le podium ?
Dans l’euphorie, je ne ressentais pas trop la douleur. J'étais super content d'avoir gagné et heureux pour mes coéquipiers. En plus, Louis (Dudek) termine 3e du général, Valentin et Florian font 5e et 6e, Florian repart avec le maillot des grimpeurs et on achève la course en étant la meilleure équipe. C’est super pour nous et pour tout le staff : ils ont fait du bon boulot ce week-end. Je n'ai pas pu enfiler le maillot jaune sur le podium à cause de toutes ces brûlures et de tous ces bandages, mais je suis tout de même satisfait d'avoir remporté le classement général.
As-tu des séquelles de cette chute ?
Le soir même, en rentrant à Lyon, je suis allé à l'hôpital. Je pensais que ça ne me prendrait pas trop de temps. Je suis arrivé à 1h du matin et je ne suis ressorti qu’à 6h30. Je m’en sors avec dix points de suture au coude. J’ai également pas mal de bleus et des égratignures sur tout le côté gauche. Rien de grave et rien de cassé. Le genou est un peu douloureux à cause de l'hématome, mais après quelques jours de repos, ça va repartir.
Dans quel état d’esprit tu étais avant cette course ?
J'avais fait un stage afin de repérer les trois étapes du Circuit de Saône-et-Loire. Quand j'ai vu la difficulté du tracé, j’avais peu de chances de gagner. Avec mes directeurs sportifs, on a préféré m'aligner sur les Boucles de la Charente-Maritime. Sébastien Havot a été très clair avec moi, il m'a dit que j'irais là-bas pour préparer le contre-la-montre par équipes de la semaine suivante en Coupe de France, et aussi pour viser la victoire au général. J'étais intimement persuadé que c'était possible. Sur la dernière étape, je savais que ça allait être dur, mais on a tous respecté le plan donné au briefing par Sébastien. Je remercie tous les membres de l’équipe, Valentin Rudel, Louis Dudek, Florian Coste, Morgann Francon et bien sûr Gautier Vial qui ont fait un énorme boulot. Ils ont su être en accord avec la stratégie et surtout, ils m’ont fait confiance.
« JE NE SAVAIS PAS FAIRE DE CONTRE-LA-MONTRE PAR ÉQUIPES »
Que représente cette victoire sur une course par étapes ?
Ça représente beaucoup. Quand Denis Repérant m'a recruté à Corbas, il sentait que j’étais capable de gagner des courses Élite Nationale. Ça faisait deux ans que je tournais autour, surtout l'année dernière. Franchement, c'est une grosse satisfaction. Il y a beaucoup de travail derrière tout ça. Il y a encore un mois, je ne savais pas faire de contre-la-montre par équipes. Si j'ai gagné le général, c'est aussi grâce au chrono, et en partie grâce à l’ensemble du collectif. Lors du week-end à Vougy, on a fait un stage pour travailler cet exercice. Je n'arrivais pas du tout à suivre les autres, ni à être bénéfique pour le groupe. Ils m'ont appris les bases et m'ont laissé du temps. Je remercie Sébastien Havot, Denis Repérant et tous mes équipiers, notamment les spécialistes du contre-la-montre, Valentin, Mathias, Aurélien et Louis pour leurs conseils. Je suis très reconnaissant.
Quelles sont les prochaines échéances pour toi ?
Je devais faire le CLM Champenois, mais finalement, c'est Florian Coste qui me remplace. L’objectif pour moi sera de bien récupérer pour l’Alpes Isère Tour, fin mai. Ensuite, je commencerai le mois de juin avec le Championnat régional d'Auvergne-Rhône-Alpes avant de partir en stage à Nice pour finir avec l'enchaînement Tour Nivernais Morvan et Championnat de France. Ce sont des rendez-vous importants pour la suite de la saison et surtout pour la suite de ma carrière.
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