« Lennygmatique » Martinez, première lanterne rouge du Tour

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo
C’est à la fois très surprenant, et paradoxalement pas tant que cela. Drôle de mélange de sensations, d’incompréhensions et d’interrogations au moment de voir Lenny Martinez naviguer, seul, pendant de longs kilomètres, au milieu des voitures suiveuses dans le dernier tiers de course de la première étape du Tour de France. Forcément, l’image ne laisse personne indifférent. Le grimpeur de la Bahrain Victorious, l’une des principales attractions de cette Grande Boucle côté tricolore, a fini par exploser pour de bon en fin de course, pour finir seul face au vent et devant la voiture balai, à près de dix minutes du Belge Jasper Philipsen, premier maillot jaune du Tour.
Nombre de journalistes présents sur place, dans les rues de Lille, souhaitaient bien sûr recueillir la première réaction de l’Azuréen après la ligne. Mais le teint pâle et le visage très marqué du garçon a vite fait renoncer les médias. Alors, comme souvent depuis le début de la saison, c’est dans ces cas-là vers le taciturne Roman Kreuziger qu’il faut se tourner, au pied du bus de la WorldTeam. Mais là encore, difficile d’avoir la moindre explication de la part du Tchèque à chaud, lequel expliquait ne pas en savoir plus, laissant ainsi sous-entendre que le Français n’avait pas donné d’indications spécifiques à l’oreillette pendant l’étape, tout en précisant qu'il ne "voyait pas le problème" puisque Lenny Martinez ne joue pas le général.
ROMAN KREUZIGER N’A PAS DONNÉ D’INDICES POUR RÉPONDRE À L'ÉNIGME
Le discours bref et l’incrédulité de l’ancien coureur professionnel n’étaient pas sans rappeler le dernier Paris-Nice, lorsque son jeune grimpeur avait tout perdu au général sur un coup de bordures. Ici, les conséquences sont a priori moins importantes sur le papier, puisque Lenny Martinez n’a cessé de clamer depuis le début de saison, et à de nombreuses reprises lors de la conférence de presse d’avant-Tour, qu’il n’avait pas la moindre ambition au classement général. Ceux qui en doutaient ou espéraient qu’il bluffe sont définitivement fixés, déjà.
Chez Bahrain-Victorious, on semble vouloir promettre - au moins en façade - que tout va bien. Le bref récit de cette journée inaugurale, sur les réseaux sociaux, indique la satisfaction d’avoir vu Santiago Buitrago finir dans le deuxième groupe, sans problèmes mécaniques ni bobos, “l’objectif prioritaire” est ainsi rempli. Le Colombien sait que les dix premières journées du Tour vont s’apparenter à un véritable parcours du combattant pour lui, avant qu’il ne trouve un terrain bien plus à sa convenance dans les Pyrénées.
PARADOXAL : MALGRÉ LES COUPS DE MOU, UNE SAISON 2025 TRÈS REGULIÈRE
Après tout, dans l’absolu, il est vrai que les espoirs de voir Santiago Buitrago réaliser un bon classement général et Lenny Martinez remporter une étape de montagne sont encore totalement permis. L’ancien coureur de la Groupama-FDJ a bien traîné sa misère en queue de peloton, un temps, lors du Critérium du Dauphiné, avant de réaliser un numéro le dernier jour pour l’emporter au plateau du Mont-Cenis. Il avait alors déclaré avoir été "très nul" et découragé les jours précédents. L’énigme reste sans réponse mais nul doute qu’il ne serait tout de même pas bon de voir le grimpeur de poche une nouvelle fois en difficulté ce dimanche, lors de la deuxième étape tracée entre Lauwin-Planque et Boulogne-sur-Mer. Le Tour de France est bien trop énergivore pour se permettre de lâcher nombre de cartouches d’emblée, dans les contrées du Nord.
Pour rappel, Lenny Martinez avait découvert la Grande Boucle l’an passé sous les couleurs de la Groupama-FDJ, sans préparation spécifique, et avait traîné sa misère tout au long du Tour, jusqu’à une petite éclaircie le tout dernier jour, non loin de la maison, lors du chrono final de Nice. Malgré des coups de moins bien cette saison, Lenny Martinez se montre particulièrement régulier en 2025 avec des victoires d’étapes sur Paris-Nice, au Tour de Romandie - 2e du général - et au Critérium du Dauphiné, avec entre-temps une 5e place finale au Tour de Catalogne et une 4e place à la Flèche Wallonne. Le garçon a encore largement le temps de briller sur le Tour, mais attention.
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