Marion Bunel : « Un rêve de gamine »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo
À peine sortie du Tour de France, où elle a joué les équipières pour Pauline Ferrand-Prévot, Marion Bunel a pris le départ ce samedi matin du Championnat de France Espoirs. Et c’est avec la manière que la Normande a été sacrée chez les U23. Partie dès la première difficulté du circuit avec Célia Gery, elle est parvenue à distancer son adversaire dès l’entame de la dernière boucle. Pour l'habituelle sociétaire de Visma-Lease a Bike, le rêve continue avant le Tour de l’Avenir où elle sera habillée en bleu-blanc-rouge. À l’issue de la cérémonie, elle s’est confiée à DirectVelo.
DirectVelo : Qu'est-ce que représente pour toi ce titre de Championne de France Espoirs ?
Marion Bunel : Championne de France, c'est un rêve de gamine aussi. Dans le vélo, c'est un des titres qui compte le plus, je pense. Pouvoir porter un maillot bleu-blanc-rouge, c'est incroyable. J'en ai toujours rêvé et c'était un de mes objectifs dans la vie. C'est aujourd'hui que ça arrive.
« ON A JOUÉ AU VÉLO »
Il était prévu que tu partes d'entrée de jeu ?
Oui, parce que je savais que le Championnat de France est toujours une course très tactique. Quand tout le monde est encore là, c'est super compliqué à gérer. Et entre l'économie, ou sauter sur toutes les attaques... Puis il y a l'Auvergne-Rhône-Alpes, la Bretagne ou encore le Grand Est qui avaient de beaux collectifs aussi. Donc c'était dans mon intérêt d'attaquer et d'isoler un peu tout le monde. Le circuit était magnifique pour ça. Comme dit Jean-Phi (Yon), on a joué au vélo aujourd'hui.
Tu as fait un échauffement plus poussé pour être capable, dès le premier tour, de mettre en route ?
J'ai roulé un quart d'heure avant le départ. J'ai fait quelques accélérations parce que je savais que d'entrée de jeu, ça allait bouger. Mais j'ai fait des échauffements pires que ça.
Tu te retrouves avec Célia Gery, c'était un bon duo…
J'étais confiante pour que Célia roule avec moi. Je pense qu'AURA sait faire du vélo aussi. Du coup, ce n'était que du plaisir de la jouer fair-play. Et même si on fait des relais mesurés, on se donne quand même. Et ça fait de belles courses, je pense.
« J’AI PENSÉ À MARIANNE VOS ET DANIEL LEVEAU »
Il y a eu cette attaque de ta part puis le contre de Célia Gery. Raconte-nous ce moment-là...
J'avais eu la consigne avec Anthony (Malenfant), qui suivait dans la voiture, de peut-être tenter une première fois à un tour de l'arrivée. J'étais plutôt d'accord parce que je savais que même si j'avais mal, plus c'était dur, mieux c'était pour moi. J'ai attaqué en deux temps. J'ai fait une première accélération, puis une deuxième. Finalement, Célia en a fait une troisième que je n'avais pas vue venir. Franchement, il y a eu un trou à la bascule. Pendant quelques secondes, je me suis dit : « là, avec le trou à la bascule, c'est peut-être fait ». Mais sur le Championnat de France, tant que la ligne n'est pas passée, il faut toujours y croire, il faut toujours se donner à fond. Au final, avec les vires-vires de l'arrivée, je voyais déjà que l'écart n'était pas si gros que ça. Et il y avait encore la plus longue bosse. Je grimpe bien, donc j'avais des chances de revenir. En revenant, je me suis dit que si je revenais, c'était que ça allait encore. C'était la dernière chance. C'est incroyable.
Est-ce que l'expérience a joué ?
Pendant la course, j'ai beaucoup pensé à des coureurs qui ont beaucoup gagné. J'ai pensé à Marianne Vos et Daniel Leveau. Ce sont des coureurs qui savent gagner. Je me suis dit qu'aujourd'hui, il faut vraiment que j'essaie d'être un peu pareil, de ne pas faire une course à la con, d'être concentrée. Je suis du genre à beaucoup batailler et souvent, ça ne marche pas. Aujourd'hui, j'avais envie que ça marche.
Cet écart vous a-t-il perturbées ?
C'était confortable, déjà. Après, on pouvait faire des relais. On roulait à deux. Je pense qu'on a fourni les mêmes efforts. Il y avait moins d'inquiétude. C'est beaucoup plus stable car ça assure presque déjà le podium quand on a 5 minutes d'avance. Après, on peut gérer l'écart. Et si on voit que l'écart fond, on peut en remettre un petit peu.
« J’AI AUSSI ÉTÉ AMATEUR »
Comment on passe d'équipière de la vainqueure du Tour, avec les festivités, à un Championnat de France de l'Avenir ?
Ces derniers jours, j'avoue que je ne sais même pas ce qui se passe. Le Tour de France, je n'arrive toujours pas à le réaliser. Je m'en veux parce que j'aimerais pleurer du Tour de France aussi. Mais au final, c'est tellement énorme que certainement l'émotion viendra à un moment où je ne m'y attendrai pas. Pauline a chanté la Marseillaise. On a tous chanté la Marseillaise il y a quelques jours. Aujourd'hui, c'est ma Marseillaise. À partir du moment où j'avais une minute, c'était la musique que j'avais dans la tête pour rejoindre la ligne. C'est génial.
Le fait qu'il y ait des WorldTeams et ProTeams au départ dérange un peu certains comités… Est-ce que tu le comprends ?
Je peux l'entendre, oui, forcément. C'est clair que dans le peloton, ça fait des niveaux qui sont assez hétérogènes. Récemment, il y a eu la création du Championnat de France amateurs qui peut offrir une opportunité pour les plus petites équipes. J'ai été au VC Lisieux, j'ai aussi été amateur. Je me suis aussi battue contre les plus grandes. À ce moment-là, elles me paraissaient vraiment d'un autre niveau. Je ne m'attendais pas à être ici aujourd'hui. Au final, c'est moi qui ai la médaille. J'entends les remarques, mais ce n'est pas moi qui organise. Je suis bien contente d'avoir ce maillot aujourd'hui.
Tu vas porter ce maillot sur le Tour de l’Avenir...
Je l'ai imaginé, je me suis dit avoir le maillot sur le Tour de l'Avenir, ce serait encore plus incroyable. C'est d'ailleurs la seule course que je peux faire avec ce maillot, donc c'est la seule occasion. Du coup, il faut en faire un assez rapidement, mais c'est clair que ça a été aussi une motivation de se dire qu'il y a moyen d'en profiter.
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