Philippe Wagner : « Il a fallu revenir dans l'humilité »

Crédit photo Christian Cosserat - DirectVelo

Crédit photo Christian Cosserat - DirectVelo

En cette année 2025, la structure Wagner Bazin WB a pris un nouveau virage. Après deux années en N1, puis une année en Continental, c'est désormais à l'échelon ProTeam qu'évolue la structure portée par l'homme d'affaires, résultant de la fusion avec Bingoal-WB. Après les premiers mois à ce nouvel échelon, DirectVelo a profité de la présence de Philippe Wagner au Tour de Bretagne pour faire le point sur son projet, alors que les coureurs au maillot vert et blanc ont parfois peiné à exister dans le peloton professionnel.

DirectVelo : Comment jugez-vous le début de saison ?
Philippe Wagner : On a démarré en fanfare à Sharjah, on a fait une victoire. Après, je pense que les coureurs se voient vite coureurs de ProTeam. Du coup, il y a eu pas mal de déconvenues, et le temps de les réveiller, de bien les remettre dans le bon sens... Maintenant ça commence à bien rebouger depuis quelques temps. On a eu quand même deux mois de battement assez décevants. Mais quand vous avez un guerrier dans sa tête, même s'il est moins fort, ça reste un guerrier. Si on s'imagine tout de suite parmi les meilleurs, on perd une partie de son efficacité. Et je crois qu'il a fallu revenir dans l'humilité. Maintenant qu'elle est revenue, on commence à retrouver une pente positive. Ça rebouge bien. Ici (au Tour de Bretagne, NDLR), il y a (Michiel) Lambrecht qui se défend très bien, qui a mis toutes ses tripes, donc ça commence à revenir dans le bon sens.

On peut imaginer que l'ambition n'était pas simplement de prendre les échappées...
Des fois on parle des échappées, mais ce n'est pas que ça. Pour être clair, en Continental, on fait des échappées. En ProTeam, l'enjeu n'était pas du tout celui-là. Pour l'instant oui, on s'est contenté un peu de ça, mais ce n'est pas le but.

« IL NOUS FAUT DES VICTOIRES »

Il y a eu quelques déceptions comme l'absence à Paris-Roubaix...
Oui, c'était une déception, mais on a eu quand même toutes les grandes Classiques belges. Et franchement, sur Liège-Bastogne-Liège, on a quand même eu trois coureurs dans l'échappée. Et vraiment des vaillants. Celle-là pour le coup, ce n'était pas dans cette vision d'échappée publicitaire. C'était vraiment les plus vaillants de l'équipe, qui sont allés fort, fort, fort.

La Bretagne devient une terre importante pour l'entreprise. Il va y avoir des enjeux sur les prochaines courses professionnelles...
Oui, c'est impératif. Pour nous, la Bretagne, c'est déjà une terre de vélo. C'est aussi une terre de charcuterie (sourire). Donc on a des coups doubles à faire. On a lancé une marque en tout début d'année qui est la marque Paysan Breton en charcuterie. C'est une marque qui existe déjà dans les produits laitiers. Et on a la possibilité de la lancer en charcuterie. Donc, on l'a lancée. Pour nous, d'être là en Bretagne, faire de la performance, ça nous permet de promouvoir cette marque de charcuterie sur ces terres-là.

Quelles sont vos attentes et vos ambitions de manière générale ?
Il faut maintenant que nous ayons plus qu'un podium. Il nous faut des victoires. Et c'est concentrer un peu les forces les plus vives pour amener sur cette performance et créer une dynamique de gagne dans l'équipe. Les gros moments, ce sont sur les courses en Bretagne, le Tour Alsace. Les 4 Jours de Dunkerque, c'est une étape forte aussi pour nous. On est à la fois présent et sponsor de l'épreuve.

« ÊTRE CAPABLE DE PRENDRE DES DÉCISIONS »

Comment s'est faite cette fusion avec Bingoal et son sponsor coincé par la loi contre les paris sportifs ?
Pour nous, c'était un super enjeu, puisque c'était dans notre plan de marche. On a fait deux années en N1, une année avec une première fusion en Conti, et de ce fait on peut refusionner. C'est un peu le principe qu'on a dans les entreprises, si on veut générer de la croissance rapide, on fusionne. Alors c'était une fusion d'une équipe qui était déjà bien structurée, alors qu'on a eu, nous, un peu plus de mal à avoir notre place en tant que manager. On fait ce travail-là justement pour acquérir une place plus importante et apporter cette vision de chef d'entreprise qui manque encore un peu à l'équipe.

Comment se passe ce double côté France-Belgique ?
Là, il n'y a pas de problème particulier. C'est vrai que les Belges sont plus habitués à des Classiques. Et aujourd'hui, les meilleurs de l'équipe sont des Belges qui ont vraiment réussi à s'adapter sur des courses plus longues. Pour les Français, on vient les faire frotter en Belgique, leur apprendre à courir un peu différemment. Je trouve que c'est une super mixité. Cette année la plupart du staff vient de Bingoal, on avait une plus grande mixité l'année dernière. Mais on a conservé notre chauffeur-soigneur. On a Jacques Decrion qui est au centre de performance. On fera évoluer le staff au fur et à mesure du temps.

Comment se structure l'équipe avec Christophe Brandt, entre autres ?
Moi, j'ai une vision beaucoup plus directe d'une organisation comme dans mon entreprise, où à la fois je fais un management transversal et vertical. Mais il faut être capable aussi de prendre des décisions, de réadapter les choses. C'est un peu dans ce sens où j'essaie de l'emmener. C'est comme une PME. On est une PME dans l'entreprise. Le monde bouge. Si nous, on ne se réadapte pas face à un monde qui bouge, c'est plus compliqué.

« MARQUER UNE PAUSE »

Mais actuellement, tu es manager et Christophe Brandt aussi...
Moi, pour l'instant, j'ai un statut de président, mais ce n'est pas tout à fait président au sens où on peut l'entendre, comme on le voit. C'est plutôt président dans une forme associative. Donc il y a encore à apporter dans un management plus punchy.

Le projet en est là où vous souhaitiez au départ ?
Là, c'est parfait. Maintenant, il faut marquer une pause. Puis, ce qui est intéressant, comme je le dis, dans le monde actuel qui bouge, dans le monde du cyclisme, c'est montrer qu'on est bien présent. Que derrière, il y a un chef d'entreprise qui apporte aussi une vision qui est solide, qui est présent sur les courses. Et c'est se dire : si on peut donner envie à d'autres de nous rejoindre, pourquoi pas ?

Et un jour, vous imaginez peut-être rejoindre le WorldTour ?
Dans un plan de marche, vous pourrez dire oui dans 4-5 ans. Mais il faut commencer à performer maintenant. Il faut montrer qu'on peut peser sur des courses en tant que ProTeam. Et à ce moment-là, on pourra reprendre le plan de marche en avant.

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