Sonny Colbrelli : « Une course infernale »

Crédit photo Cloé Colinet - DirectVelo

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Le peuple italien voulait voir son héros lever les bras à Trente. Et les tifosi ont été servis. Dernier virage à 200 mètres de la ligne. Celui qui a créé des sourires sur les visages des uns et briser les espoirs des autres. Remco Evenepoel emmène à l’approche, mais juste avant d’aborder la courbe, Sonny Colbrelli passe le Belge et prend au plus large pour ne pas perdre de vitesse. L’habituel coureur de la Deceuninck-Quick Step lâche un mètre, puis deux, et plus rien n’arrête le Champion d’Italie. Le public entassé en masse dans les rues pavées de Trente frappe les barrières. Plus loin derrière la ligne, les assistants italiens, comme les spectateurs amassés autour de l’écran géant, hurlent. Sonny Colbrelli l’a fait (voir classement). "C’était une course folle. Je suis super content de gagner en Italie à la maison. Ce n’est jamais simple de gagner quand on est favori. J’ai souffert aux deux derniers tours pour suivre Remco".

Dès le matin à l’appel des coureurs, le public italien ovationne son équipe nationale. Mais Matteo Trentin et Sonny Colbrelli ont quelques faveurs particulières. Les spectateurs ne se sont pas trompés, ils seront les deux principales cartes italiennes dans le final, quelques heures plus tard. "Pour moi et pour toute l’équipe, c’était important. Nous avions remporté trois Championnats d’Europe de suite. Ce n’était pas facile. Nous étions sur notre sol, nous voulions tout donner". Dans une course rendue infernale par la France et l’Espagne dès la partie en ligne, puis par toutes les grosses nations chacune leur tour, les attaques n’ont jamais cessé sur le parcours de Trente. "Le parcours était très sélectif et dur. Mais tout s’est très bien déroulé. Je me suis mis en route avec Matteo (Trentin). Nous avons réussi à rester avec les coureurs les plus forts. Nous avons tout donné jusqu’à la fin".

« DAVIDE CASSANI PEUT ÊTRE SUPER FIER DE CE QU’IL A FAIT »

À l’initiative de Benoît Cosnefroy à 60 kilomètres du but, la course bascule sur le haut de la bosse du circuit, dans les 800 derniers mètres plus pentus. Comme dans les rues de la ville du Trentin, le public s’enflamme pour les maillots bleus azur. Matteo Trentin et Sonny Colbrelli accompagnent sept autres coureurs, entre autres Remco Evenepoel, Tadej Pogacar ou encore Marc Hirschi. "Matteo Trentin m’a dit de coller Remco car il était en grande condition. Je l’ai fait". Alors quand Remco Evenepoel attaque pour casser le groupe, dans cette même portion pentue, Sonny Colbrelli suit, accompagné par Benoît Cosnefroy. Le podium est fait. "C’était une course infernale. Nous avons toujours été là à l’avant de la course. Remco était l’homme à battre. Dans les derniers tours, nous n’avons jamais pris de relais. J’ai tout donné pour ne pas lâcher. Ce Championnat d’Europe était hyper important, à la maison. Je suis si content", souffle l’habituel coureur de Bahrain-Victorious.

Et la suite, c’est donc un « Fratelli d’Italia » qui résonne sur la Piazza del Duomo, repris en chœur par la foule venue en masse congratuler son Champion… d’Europe, avant de penser à l’échelon supérieur. "Je suis content du groupe que nous avons créé. À titre personnel, je suis dans la forme de ma carrière. Je ne veux pas trop me mettre la pression sur le Mondial. Matteo et moi avons bien travaillé. Une semaine avant, Matteo était sur la Vuelta et il n’a pas eu le temps de récupérer à 100%. Nous savons ce qu’il peut faire et sa valeur. Nous verrons ce que le Championnat du Monde nous réservera". Ce sera d’autant plus particulier que le sélectionneur italien, Davide Cassani, tirera sa révérence en Belgique. "Il a toujours cru en moi, remercie Sonny Colbrelli. Il a eu une médaille mondiale avec Matteo sur la course en ligne. Nous avons gagné quatre Championnats d’Europe, un titre mondial avec Filippo Ganna en chrono… Il peut être super fier de ce qu’il a fait". Comme l’Italie de son nouveau Champion d’Europe.

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