Carlos Rodriguez : « Le Team Ineos me laisse du temps »

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Carlos Rodriguez a été coupé dans son élan. Le 23 février dernier, l’Espagnol disputait sa première course dans la peau d’un coureur professionnel, sous le maillot du Team Ineos. La formation britannique a fait signer le garçon pour une durée de quatre ans alors qu’il n’était encore que Junior. Et c’est donc sur l’UAE Tour qu’il a officiellement lancé son aventure chez les rouge-et-noir. “C’était plutôt bien, même si ça s’est drôlement fini à cause du virus, déjà. Mais j’étais content de cette première expérience”, se souvient-il auprès de DirectVelo. Depuis, le double Champion d’Espagne Juniors du contre-la-montre n’a pas pu enfiler le moindre nouveau dossard. Mais ne veut pas se plaindre. “J’ai eu la chance de passer le confinement avec mes parents. Personne de ma famille n’a été touché par la maladie et c’est bien le plus important. De mon côté, j’ai pu continuer de m’entretenir physiquement”.

Alors qu’il était en train de franchir un gros palier entre les rangs Juniors et le plus haut-niveau mondial, dans le WorldTour, le lauréat du Tour de Gironde 2019 n’a-t-il pas peur d’être freiné dans sa progression après cette longue coupure ? “Non, ça ne m’inquiète pas beaucoup car dans tous les cas, je comptais prendre cette première année professionnelle avec beaucoup de calme et de sérénité. Le Team Ineos m’a offert un contrat pour passer directement en WorldTour, certes, mais avec un calendrier adapté à la situation et à mon âge. C’est sûr que je m’attendais à autre chose cette année, je pensais pouvoir apprendre plus de choses, sur un plus grand nombre de courses. Mais ce n’est pas très grave, tout sera légèrement décalé et j’apprendrai demain ce que je devais apprendre aujourd’hui, lâche-t-il, philosophe. Il faut y aller tranquillement et le Team Ineos me laisse du temps”.

« SI JE VEUX ENCHAÎNER LES COURSES, JE N’AURAI PEUT-ÊTRE PAS LE CHOIX »

Si la saison européenne peut reprendre en août prochain, Carlos Rodriguez sait que le calendrier sera très resserré. L’équipe comptant le maximum autorisé de 30 coureurs, il lui sera sans doute difficile d’enchaîner les compétitions. “J’irai là où je pourrai aller, sur les courses de seconde zone, j’imagine. Les plus grosses courses seront réservées aux grands noms de l’équipe, et les courses préparatoires de ces épreuves-là, également. Il faudra voir ce qu’il reste au calendrier”. Ainsi, l’Andalou - résident de Grenade - devrait selon toute vraisemblance s’aligner sur une ou plusieurs courses avec la sélection nationale Espoir. “Il va falloir réfléchir à tout ça plus en détails car dans tous les cas, on va tous finir la saison avec moins de jours de course au compteur que prévu, beaucoup moins. Cette situation demande une adaptation au niveau de chaque coureur mais aussi et surtout au niveau de toute l’équipe. Je ne peux pas prétendre à une participation à un Grand Tour, par exemple. Or, les trois vont s’enchaîner en fin d’année. Il faudra donc courir ailleurs, et la sélection nationale peut m’y aider”.

Même sans l’actuelle pandémie de coronavirus, le néo-pro comptait porter le maillot de la sélection cette année, “pour me comparer à nouveau à tous les coureurs de ma génération. Cette crise n’a fait qu’accentuer la possibilité de disputer des courses Espoirs. Si je veux enchaîner les courses, je n’aurai peut-être pas le choix”. En tête de liste, le Tour de l’Avenir, sur lequel il devrait s’aligner. “Je suis candidat à une sélection et si je suis sélectionné, j’irai”.

« PAS BESOIN DE FAIRE DES RÉSULTATS POUR LE MOMENT »

Participer à ce Tour de l’Avenir, bien que raccourci à six étapes (voir ici), serait un excellent test pour un coureur complet qui rêve des grandes courses par étapes. “J’arrive à me défendre sur tous les terrains. Les courses qui me font le plus rêver, ce sont les Grands Tours. Gagner le Tour, ce serait un rêve. Mais bon… J’en suis extrêmement loin pour le moment (sourire). Ce n’est rien de plus qu’un rêve à ce stade. Mais je ferai tout pour m’en approcher le plus possible”.

Bien qu’il tienne à rester modeste, Carlos Rodriguez sait qu’en Espagne, il est déjà considéré comme le plus grand espoir de la nouvelle génération. “C’est toujours agréable d’entendre que l’on place de l’espoir sur moi. Mais bon, c’est uniquement le terrain qui parle et l’avenir nous dira de quelle façon je vais évoluer. Pour le moment, je ne veux pas trop me projeter mais simplement profiter de tout ça et faire du mieux possible. Avoir quatre ans de contrat m’enlève de la pression. Je suis tranquille, je n’ai pas besoin de faire des résultats pour le moment. Je suis là pour apprendre”. Et quand on lui demande de combien de temps il pense avoir besoin avant d’espérer être compétitif chez les pros, il souhaite là aussi se donner de la marge. “C’est dur de répondre… Je vais devoir le découvrir sur le terrain, justement. Mais je dirais, minimum deux ou trois ans”.

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Carlos RODRIGUEZ CANO