Mads Pedersen : « C’était de la survie »

Crédit photo Corentin Richard - DirectVelo

Crédit photo Corentin Richard - DirectVelo

Une véritable sensation. Puis deux. Le final du Championnat du Monde Elites a été riche en émotions. Parti en contre pour rejoindre un groupe de costauds, Mathieu Van der Poel semblait un temps presque intouchable dans la quête du maillot arc-en-ciel. Mais le Néerlandais s’est soudainement fait décrocher du groupe de tête, alors qu’absolument personne ne semblait avoir imaginé ne serait-ce qu’un instant la possibilité de ce scénario. Stupeur sur la ligne d’arrivée, à Harrogate, pour les spectateurs venus en nombre malgré une météo détestable. Un long et lourd murmure, venu des journalistes massés devant les petits écrans, traverse également les différents chapiteaux qui servent d’abris en zone mixte. Mathieu Van der Poel ne sera donc pas Champion du Monde.

Très vite, c’est ensuite le nom de Matteo Trentin qui sort largement du lot, lorsque beaucoup s’amusent à pronostiquer le scénario final du Championnat. Cité parmi les grands favoris avant même le départ, l’Italien semble en effet en position ultra-favorable dans le dernier tour de circuit, lorsqu’il n’est plus accompagné que de Stefan Küng, de Mads Pedersen, et de son propre compatriote et équipier Gianni Moscon, adepte des Mondiaux ces dernières saisons. À l’amorce du sprint final, le dénouement de cette course à l’arc-en-ciel semble une nouvelle fois acquis. Matteo Trentin lance le sprint, prend un, puis deux vélos d’avance. Mais voilà l’ancien Champion d’Europe qui se rasseoit, et qui laisse Mads Pedersen le déborder. Après pratiquement six heures et demi à prendre des seaux d’eau sur la tête, le guerrier danois triomphe à la surprise générale (voir classement). Voilà l’habituel sociétaire de la Trek-Segafredo Champion du Monde, à 23 ans seulement. DirectVelo était présent à la conférence de presse de Mads Pedersen, au Yorkshire, suite à son triomphe.

DirectVelo : Après le Grand Prix d’Isbergues, tu avais annoncé vouloir jouer le titre au Mondial. Et tu as réussi à le faire !
Mads Pedersen : C’est incroyable. Je suis tellement heureux… Je pense à tellement de choses, et notamment à mes parents, qui sont là à m’attendre devant le bus de l’équipe, avec ma fiancée. Je fais du vélo depuis que j’ai 8 ans, et ils ont toujours été là pour moi. Je ne peux les remercier suffisamment de tout ce qu’ils ont fait pour moi. Je pense aussi à la Fédération danoise, qui m’aide depuis les plus jeunes catégories. C’est top.

C’est la première fois qu’un Danois devient Champion du Monde sur route dans la catégorie reine…
C’est incroyable pour le pays et pour la fédération. On a déjà eu beaucoup de très bons coureurs durant bien des générations, et certains étaient passés près du maillot. Et cette fois, je le fais !

Qu’as-tu ressenti après la ligne d’arrivée, au moment où tu t’es allongé sur le sol ?
Je n’avais plus la moindre force. J’ai été pris de crampes en voulant déchausser. Je ne pouvais même plus me lever, tant il y avait de monde autour de moi (sourires). C’était fou.

Revenons au déroulement de ce Championnat du Monde : était-il prévu d’avance que tu attaques de si loin, à quelques 46 kilomètres de l’arrivée ?
Non, ce n’était pas le plan de sortir exactement à ce moment-là, mais je voulais sortir assez tôt dans la partie finale. On espérait aussi que Jakob (Fuglsang) ou Michaël (Valgren) ressortent, mais Mathieu Van der Poel l’a fait avant lui avec Matteo Trentin, sans autres Danois. Après, il me restait à prendre les bonnes décisions dans le final.

« J’AURAIS DÉJÀ ÉTÉ CONTENT AVEC LA MÉDAILLE »

Dans quel état d’esprit étais-tu lorsque Mathieu Van der Poel a soudainement explosé ?
Au début, j’étais plutôt sûr que Matteo (Trentin) et Mathieu seraient plus rapides que moi au sprint. Mais lorsqu’il a lâché, je me suis dit que c’était fait à 99% pour la médaille, car nous n’étions plus que quatre et je savais que Gianni Moscon allait craquer, car il avait déjà été lâché avant de revenir, et avait beaucoup travaillé.

Envisageais-tu de décrocher le titre ?
J’aurais déjà été content avec la médaille. Mais mon état d’esprit a changé petit à petit car, une fois à trois devant, tu te dis qu’il y a tout à gagner, et plus rien à perdre. Ensuite, j’ai sprinté à bloc et par bonheur, c’était suffisant.

Beaucoup parlent d’une journée mémorable ! Elle le sera plus encore pour toi…
C’était dur. 6h30 de vélo dans ces conditions, par 12°C, et avec de l’eau, beaucoup d’eau… C’était super compliqué. Cela dit, ce sont des conditions dans lesquelles j’aime courir, ça m’allait bien.

Comment imagines-tu tes douze prochains mois, avec le maillot arc-en-ciel ?
Je viserai en priorité les Classiques, clairement. Je suis trop lourd pour grimper, et j’adore les conditions météos des classiques. J’adore surtout les pavés. Ce sera l’objectif principal.

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