Boris Zimine : « Pas d’intérêt à continuer »

Crédit photo Julie Desanlis

Crédit photo Julie Desanlis

Depuis le 3 mars dernier et l'épreuve Versailles-Satory, Boris Zimine n'est plus coureur cycliste. Perturbé depuis des années par des problèmes d'artères iliaques, le Francilien a été contraint d'arrêter la compétition après une nouvelle tentative sous les couleurs du GSC Blagnac Vélo Sport 31. "Cette fois, c'est fini", confie le coureur de 27 ans qui avait déjà raccroché une première fois en 2014 (lire ici). C'est avec des remords que l'ancien coéquipier de Thibaut Pinot et Romain Bardet, en Equipe de France Juniors, va devoir tourner la page. Actuellement journaliste, il s'est fixé un nouveau projet : passer son Brevet d'Etat pour devenir directeur sportif. L'ancien pro de Roubaix-Lille Métropole se confie à DirectVelo. 

DirectVelo : Pourquoi as-tu choisi d'arrêter le vélo ?
Boris Zimine : J'arrête pour des raisons médicales. Moi, j'avais toujours envie de faire du vélo. J'ai été réopéré des deux artères iliaques pendant l'été puis en octobre 2017. Cet hiver, j'ai essayé de retrouver mon niveau. C'est redevenu nickel au niveau de la jambe droite. Mais je ne sens plus ma jambe gauche. Les médecins m'ont demandé d'arrêter le vélo. Comme je ne sens pas la jambe gauche, j'ai créé un déséquilibre. Je me suis donc détruit la santé. Comme je n'ai pas été performant, je me suis fait mal pour rien. Je ne voyais donc plus l’intérêt à continuer.

« LE VÉLO, CE N'ÉTAIT PAS UN SACRIFICE »

C'est définitif ?
Même si l'envie de faire du vélo sera toujours là, cette fois-ci, c'est définitif.

Comment le vis-tu ?
Comme quelqu'un de passionné qui abandonne ce qu'il aimait faire. Ce n'est pas évident. Tous les matins, je me levais avec un objectif. Je vivais et je mangeais vélo. Je dois maintenant me trouver des objectifs pour passer à autre chose. Je commence tout doucement à le faire. J'ai plein de projets, comme la première fois que j'ai arrêté le vélo. C'est difficile à accepter car je n'arrête pas de ma propre volonté. J'ai toujours envie de m'entraîner, de faire des sacrifices... D'ailleurs, ce n'était pas un sacrifice de faire du vélo. Je me rendais facilement compte que c'était plus sympa que la vraie vie... Mon métier actuel (pigiste à Eurosport International, NDLR) me plaît mais il y a plus de contraintes que quand tu es cycliste.

Quand as-tu pris cette décision ?
J'ai pris ma décision fin février. J'ai choisi d'arrêter sur Versailles-Satory. C'était un joli clin d’œil. C'est une course qui se dispute à une dizaine de kilomètres de la maison. Il y avait mes parents et mes grands-parents présents. C'était une bonne façon de boucler la boucle même si j'aurais préféré finir à Mantes, fin juin, au Championnat de France. 

« ON N'OUBLIE JAMAIS RIEN »

Mais il était impossible de continuer ?
Oui, c'était impossible et ça ne servait à rien de continuer. J'ai mal au dos, à une jambe... Je ne suis pas au top physiquement. C'était cool d'arrêter à Versailles-Satory, devant mes proches. Mon grand-père m'accompagnait sur les courses quand j'étais jeune. Il ne venait plus beaucoup. C'était donc sympa qu'il soit là pour cette dernière.

Après une année 2017 compliquée, tu pensais pouvoir retrouver ton niveau ?
Je sentais que j'avais toujours un problème. J'ai vu beaucoup de médecins, de kinés, d’ostéopathes... Il y avait toujours un espoir mais aujourd'hui, le problème n'est toujours pas identifié. Ça peut être neurologique comme musculaire. C'est une conséquence de toutes les opérations que j'ai subies mais ils n'arrivent pas à déterminer la cause. Avec l'entrainement, je pensais pouvoir retrouver une condition physique intéressante. Sur le physique de base, j'ai le niveau pour suivre. J'espérais donc que ça s'améliore. J'ai senti que ça allait être compliqué fin janvier au moment du stage de l'équipe. J'avais du mal lors des hautes intensités. Il y avait un gros déficit au niveau de la jambe gauche. Sur le second week-end de l'Essor Basque, j'ai compris que ça serait impossible de continuer. Il valait mieux arrêter.

Que retiendras-tu de tes années cyclistes ?
On n'oublie jamais rien. Je dois accepter la manière dont ça s'est passé. Je ne saurai jamais ce que j'aurais pu faire en pleine possession de mes moyens. J'aurai toujours des remords. Quand tu vois les copains de ta génération à la télévision, je suis content pour eux et à la fois c'est frustrant... Je ne suis pas le premier ni le dernier à vivre cette situation. J'ai eu un super exemple avec Julien (Pinot). Il a connu la même chose. J'avais échangé à ce sujet, avec lui, quand il m'entraînait. Les gens compatissent mais personne ne peut se rendre compte avant de vivre cette situation.

« M'OCCUPER D'UNE ÉQUIPE DE JEUNES »

Comment imagines-tu la suite ?
Je vais passer mon Brevet d'Etat. Sur le vélo, je n'étais pas toujours confiant sur mes capacités. Le fait d'être directeur sportif m'irait à la perfection. J'adore conseiller les plus jeunes, partager ma petite expérience... J'étais toujours là pour aider les autres. Je vais postuler dans des clubs de DN, en Continental ou encore au-dessus. Je voudrais m'occuper d'une équipe de jeunes. Je ne serais pas vraiment crédible face à un gars de 35 ans qui a une dizaine d'années de haut-niveau derrière lui.

Tu veux abandonner le journalisme ?
Mon gros projet, c'est de passer le BE. Aujourd'hui, je suis dans le journalisme. Je vais faire le Tour de France cet été. Mais je me dis que si je dois être DS, c'est maintenant, pas dans quinze ans. Ça ne sera plus le même vélo qu'aujourd'hui. Je suis encore en phase avec le cyclisme actuel. 

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