Boris Zimine : « Arrêter le vélo était devenu inévitable »

Non-conservé par Roubaix-Lille Métropole après deux saisons chez les professionnels, Boris Zimine avait choisi de revenir au CC Etupes en 2014. Mais faute de pouvoir retrouver son niveau, il a décidé d'arrêter le vélo, lassé d'être gêné depuis plusieurs années par des soucis de santé. Le Francilien âgé de 23 ans explique son choix à www.directvelo.com.

DirectVélo : Pourquoi as-tu choisi d'arrêter le vélo ?
Boris Zimine : Depuis un an et demi, je suis handicapé par des problèmes à mes deux artères iliaques. J'ai été opéré à quatre reprises en dix mois, la dernière en décembre dernier. Après chaque opération, il n'y a jamais eu vraiment d'amélioration. J'allais un peu mieux pendant dix jours puis les soucis revenaient. C'est un peu comme si on bouchait une fuite à un endroit, et quelques jours plus tard, un autre trou se formait un peu plus haut... C'est une histoire sans fin, un combat qui était vain. J'en ai marre de me battre pour rien. Je peux faire du foncier mais dès qu'il faut effectuer de fortes intensités, je n'y arrive pas. J'ai le niveau d'un cyclotouriste...

Depuis quand envisageais-tu d'arrêter ?
J'avoue que depuis octobre et ma non-reconduction de contrat, je pensais davantage à la suite. J'ai pris ma décision jeudi dernier. L'équipe est partie en stage vendredi. Je m'étais donné jusqu'à ce rassemblement pour prendre une décision. Mais ça n'allait pas mieux... Je me suis dit : "Là il faut que tu arrêtes..." Je n'avais plus la flamme, plus le désir de me battre. Le vélo est un sport difficile quand tu es à 100 %, alors à 50 % physiquement et mentalement... Dans ma tête, 2014 était ma dernière saison. Mais je n'aurais pas dit non si j'avais eu la possibilité de repasser professionnel en fin d'année. Je voulais finir sur une bonne note, avoir des sensations sur le vélo. Mais arrêter était devenu inévitable.

Tes proches ont-ils été surpris par cette décision ?
Ils s'y attendaient un peu... Depuis quatre ans, je ne suis pas épargné par la malchance. J'ai eu une fracture du tibia, une commotion cérébrale, d'autres soucis personnels... Ce sont beaucoup d'épreuves, elles ont été difficiles à gérer. Mes proches m'ont toujours soutenu. Ils n'ont donc pas été surpris par cette nouvelle. J'en profite pour remercier mes parents qui ont toujours été là pour moi. C'est plus embêtant pour le club, mais Jérôme (Gannat, le directeur sportif du CC Etupes) s'est montré compréhensif.

« MA CARRIERE A BASCULE LE 26 DECEMBRE 2009 »

Que retiendras-tu de tes années de vélo ?
Des belles satisfactions ! Je pense à ma 4e place au Championnat d'Europe Juniors en 2008. On avait réalisé une superbe course (Johan Le Bon s'était imposé, NDLR). Mes meilleurs années ont été celles dans la catégorie Juniors, sans aucun doute. J'en garde de très bons souvenirs. Les voyages, les stages etc avec l'Equipe de France. On ne se prenait pas la tête. Hélas, ma carrière a basculé le 26 décembre 2009 quand je me suis fait percuter par une voiture (lire ici). Depuis, je n'ai jamais réussi à raccrocher le bon wagon. Avant cela, j'étais à la fondation FDJ, j'avais un bon niveau. J'étais dans les meilleurs de ma génération avec Thibaut (Pinot), Johan (Le Bon) ou Romain (Bardet).

Aujourd'hui, ils figurent parmi les meilleurs français...
Je suis content pour eux. J'aime le vélo, ça me fera plaisir de les voir à la télévision. Une majorité de mes amis viennent de ce milieu. J'ai fait mes plus belles rencontres grâce au vélo. Je pense à la famille Pinot, à Thibaut et Julien, mais également leurs parents qui m'ont beaucoup aidé. Quand j'étais petit, j'avais deux rêves, être coureur cycliste et journaliste. J'ai réussi à avoir un contrat professionnel pendant deux ans, mais dans ma tête, je n'ai pas été professionnel. C'est comme ça. Je n'ai pas de regrets. J'ai tout fait pour parvenir au plus haut niveau mais ça ne l'a pas fait. Je sais hélas que je n'ai pas été épargné par les coups durs.

« J'AI PLEIN DE PROJETS »

Tu as eu des résultats au niveau national dès les Cadets. On a l'impression de te connaître depuis quinze ans... N'y avait-il pas également de ton côté une certaine lassitude ?

Oui peut-être que ça joue, forcément. Mais si j'avais commencé le vélo à vingt ans, la donne aurait été la même avec mes soucis de santé. On est des privilégiés sur le vélo, il n'y avait pas de lassitude. J'aime toujours le vélo mais pas le pratiquer dans ces conditions-là... Comme je l'ai dit, j'en avais surtout marre de me battre pour rien.

Que vas-tu faire désormais ?
J'ai plein de projets, c'est aussi pour ça que je prends bien le fait d'arrêter le vélo. En septembre, je souhaite intégrer une école info/com - journalisme, la même formation que suit actuellement Yannick Talabardon, à l'INSEP. J'aimerais passer le BAFA, faire le Tour de France dans la caravane publicitaire, aider le CC Etupes... J'ai envie de renvoyer l'ascenseur au club. Mon seul regret est de laisser en plan le CC Etupes alors je veux me rendre disponible pour être assistant sur les courses.

Crédit Photo : Etienne Garnier - www.velofotopro.com
 

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