On a retrouvé : Damien Le Fustec

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Damien Le Fustec a connu son heure de gloire. C'était en août 2011 sur le circuit d'Ussel (Corrèze). Ce jour-là, il est devenu Champion de France Espoirs devant Arnaud Démare et Rudy Molard, actuellement professionnels à la FDJ. Le Breton, membre de l'Océane Top 16 pendant quatre saisons, n'a pas connu la même trajectoire. "Je n'étais pas assez régulier", reconnaît le vice-Champion de France Cadets 2006, passé également par le CM Aubervilliers 93 (2013) et le CC Périgueux (2014).
Eloigné des pelotons depuis cette ultime expérience au sein du club de Dordogne, Damien Le Fustec, aujourd'hui âgé de 27 ans, revient pour DirectVelo sur son plus beau succès.

DirectVelo : En 2011, tu as remporté, au nez et à la barbe de tous les favoris, le titre de Champion de France Espoirs après être sorti seul dans le final...
Damien Le Fustec : J'avais été vice-Champion de France Cadets en 2006, sur le même circuit (derrière Jérémie Souton, NDLR). J'arrivais plutôt confiant même s'il y avait vraiment du beau monde au départ. D'ailleurs, on sait ce que la plupart de mes adversaires sont devenus aujourd'hui... J'avais mis tous les moyens en œuvre pour décrocher ce titre. Je ne pouvais pas prévoir à l'avance ce qu'il allait se passer durant la course mais l'objectif était d'être devant au bon moment et de laisser les favoris se marquer entre eux. J'ai attaqué dans la dernière montée du circuit. J'étais là où ils ne m'attendaient pas. C'était un pari fou de sortir dans le final, mais face à un coureur comme Arnaud Démare, au sprint, il n'y aurait pas eu photo. J'ai donc tenté le tout pour le tout.

Et ça a marché.
Pour réussir à me retrouver devant dans le final de la course, j'étais fort mais mes adversaires avaient un potentiel physique que je n'avais pas et que je n'ai jamais eu. Ils étaient d'un niveau physique supérieur au mien. Tactiquement, il fallait trouver une solution pour les battre. J'ai été malin. Derrière, ça a temporisé et après c'était trop tard pour pouvoir revenir.

Tu penses avoir surpris du monde ce jour-là ?
Ce n'était peut-être pas une surprise pour tout le monde. Je sais que je n'étais pas forcément attendu. J'avais un rôle d'outsider. Au départ, peu de personnes avaient misé sur moi pour la gagne mais je savais que j'étais capable de le faire. Pour s'imposer, il faut parfois une part de réussite, c'est aussi ça le vélo.

« LE GRAAL »

Aujourd'hui, que te reste-t-il de ces instants ?
La Marseillaise reste gravée en moi. Ce sont des moments magiques. Le Championnat de France Espoirs est un titre reconnu, le remporter est quelque chose de fort. Le maillot bleu-blanc-rouge est très agréable à porter. Ces moments passent tellement vite que c'est difficile de réaliser, même si tu sais que tu es capable de gagner. Tu restes sur le cul quand tu remportes une course comme ça. J'ai toujours été très attiré par les Championnats. Qui ne rêve pas de ce titre ? C'est le Graal.

Tu devances notamment Arnaud Démare, Rudy Molard, Romain Bardet et beaucoup d'autres grands noms (voir ici)..
Quand on se penche sur les coureurs présents dans les vingt premiers, on constate qu'aujourd'hui, ils sont presque tous à la télévision et sur le Tour de France. Quand je regarde le Tour ou même d'autres courses et que je vois les noms de ma génération, avec qui je courais, c'est une fierté de les avoir battus au moins un jour. En 2011, ça rajoutait déjà une pointe de plaisir supplémentaire mais c'est encore plus le cas aujourd'hui. Leur parcours a été différent. C'est cool de les voir évoluer.

Justement aujourd'hui, on pourrait s'attendre à voir ton nom à la télévision aux côtés de tes anciens adversaires. Or, ce n'est pas le cas. Pourquoi ?
Je n'ai pas réussi à confirmer, c'est ce qui a posé problème. J'étais capable de réaliser de grands coups d'éclat mais mon manque de régularité a été un gros obstacle. Ça n'a pas joué en ma faveur. Les autres coureurs de ma génération étaient plus constants, leur régularité n'avait rien à voir avec la mienne. Je pense que la régularité s'explique par le potentiel. Le potentiel n'était pas le même.

« ÇA VALAIT LE COUP »

Est-ce un regret pour toi ?
Non, pas forcément. C'était un regret de ne pas avoir été professionnel après mon titre de Champion de France Espoirs mais je ne regrette ni mon parcours, ni d'être passé à autre chose aujourd'hui. Il faut faire des choix. Je ne les regrette pas et désormais, j'ai une vraie stabilité. J'ai pris beaucoup de plaisir sur le vélo. Je me suis souvent pris des claques dans la figure mais rien que pour les grands moments, ça valait le coup.

Tu as donc choisi de raccrocher fin 2014 ?
Je voulais passer à autre chose, je n'avais plus forcément envie de rouler. Ça ne sert à rien de se forcer et de s'obstiner à poursuivre. J'avais d'autres perspectives de vie et je voulais vivre plus facilement. C'était compliqué en étant amateur. J'avais envie d'y voir plus clair dans mes projets donc j'ai arrêté. Aujourd'hui, j'ai un travail, une vie de famille. Je suis marié et j'ai une petite fille. C'est possible de le faire en faisant du vélo mais au moment où j'ai raccroché, c'était dur de me dire que je pouvais encore vivre du vélo.

Outre ton titre de Champion de France, ton autre « coup d'éclat » restera ton succès sur la Gainsbarre 2012, une manche de Coupe de France DN1...
C'est vrai mais c'est incomparable. Une manche de Coupe de France est une belle course mais toujours un peu bridée à cause de l'enjeu. Un Championnat, c'est trop particulier, c'est à part. Mon titre reste mon plus beau souvenir.

« C'EST JUSTE GÉNIAL »

Finalement, tu as connu la « journée parfaite » aux Championnats de France Espoirs 2011. Par la suite, continuais-tu à courir pour revivre ce genre de sensations ?
Complètement, on s’entraîne pour ça : pour être performant, être bien sur le vélo et être fort. On recherche le plaisir de gagner. J'ai retrouvé ce type de sensations quand j'ai gagné la Gainsbarre en Coupe de France DN1. Parfois, tu as l'impression d'être hyper fort. C'est juste génial, ce n'est que du plaisir, peu importe la météo et les aléas. C'est quelque chose qui m'avait manqué sur le vélo et qui me manque aujourd'hui.

Justement, depuis ton arrêt, as-tu repris le vélo ?
Il y a longtemps que je ne l'ai pas touché. Ça doit faire au moins depuis août dernier. Je roule un petit peu avec mon beau-frère que j'ai converti au vélo. Je n'arrive plus à rouler tout seul. Je fais également un petit peu de course à pied. J'ai beaucoup d'autres choses à faire, ça donne moins envie d'aller rouler sous la flotte.

Comment as-tu assuré ta reconversion professionnelle ?
J'ai terminé mes études en même temps que j'ai remporté mon titre de Champion de France Espoirs, en 2011. J'ai obtenu un DUT génie civil avant de passer deux années à ne faire que du vélo pour tenter de passer professionnel. Pendant ma dernière saison, mon objectif était de trouver du travail. J'ai continué le vélo pour ''survivre'' mais je voulais arrêter. En milieu d'année 2014, j'ai trouvé un emploi dans la menuiserie extérieure. Ce n'est pas facile de trouver du boulot mais c'est encore plus dur de travailler 35 heures avec un métier physique et de courir le week-end. Certains le font, je leur tire mon chapeau, ils ont beaucoup de mérite. Depuis un an, je suis technicien service client dans une entreprise de menuiserie. Une autre carrière se construit. J'évolue petit à petit pour me faire ma place, comme j'ai pu essayer de le faire dans le vélo.

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Damien LE FUSTEC