En Ardèche, les Isérois de Grenoble ont fait la loi

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

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Il est rare d’assister à des doublés dans les rues d’Aubenas, lors de la Flèche Ardéchoise, et c’est pourtant bel et bien ce que sont parvenus à réaliser les coureurs de Grenoble MC 38, ce samedi, lors du Prix Départemental de l’Ardèche (voir classement). Sorti à deux kilomètres de l’arrivée, Lancelot Chevignon l’a emporté en solitaire avec une poignée de secondes d’avance sur son coéquipier Paul Guigard. Une sacrée performance pour deux J2 qui n’avaient pas décroché le moindre résultat marquant jusque-là dans la catégorie U19. “Je suis parti le premier dès le début de course, racontait Paul Guigard au pied du podium protocolaire. “Derrière, Lancelot a pu laisser faire”. Une aubaine pour son longiligne équipier. “Le fait que Paul soit devant m’a enlevé un gros poids. Je n’avais qu’à suivre. Je savais que la sélection allait se faire dans le premier col car il était dur. J’ai pu revenir avec les meilleurs et une fois à deux devant dans le bon groupe, c’était plus simple mentalement. On s’est encouragés et aidés”.

Les deux garçons ont ensuite parfaitement joué le coup dans le final. Alors que Paul Guigard comptait miser sur sa pointe de vitesse au sprint, Lancelot Chevignon avait pour sa part la consigne de suivre les coups. “Avec Lancelot, on s’entend super bien, on se connaît par cœur. Je sentais que j’avais de super jambes et j’ai vite su qu’il y avait quelque chose de beau à réaliser. On n’avait plus qu’à bien maîtriser la situation. On a échangé, je lui ai dit de sauter sur tout ce qui bougeait et que j’allais jouer le sprint”, reprend Paul Guigard. “Paul était le sprinteur de l’équipe, le but était de l’aider mais un gars a attaqué. J’ai sauté dans la roue, j’ai vu que ça ne suivait pas alors j’ai poursuivi mon effort et l’autre s’est écrasé. Je me suis retrouvé tout seul”, reprend Lancelot Chevignon. Il lui restait alors deux kilomètres à tenir. “Je ne pensais plus qu’à une chose : la gagne. J’ai baissé la tête, j’ai rentré les épaules et j’ai embrayé jusqu’à la ligne. Plein de sentiments se sont entremêlés. J’ai perdu mon grand-père il y a peu, c’était un amoureux de vélo (Jean-Claude Chevignon était speaker, NDLR). Je pense qu’il me voit d’où il est, je voulais qu’il soit fier de moi”.

ET POURTANT, LA SAISON AVAIT BIEN MAL COMMENCÉ

Le grimpeur-puncheur, également adepte des échappées à tirer de longs bouts droits, explique avoir “envoyé un braquet de fou” pour tenir jusqu’au bout. “En me retournant une première fois, j’ai vu que j’avais fait le trou. Je voulais rendre fier tout le monde, rendre la pareille aux entraîneurs et au staff de l’équipe aussi”. Chose faite au moment de couper la ligne en solo. “J’avais mal commencé la saison, je me suis cassé la clavicule. Je n’ai pas pu beaucoup rouler. Je n’avais pas énormément de chance depuis le début de saison. Je me suis rassuré récemment en Open et je me suis dit qu’il fallait que ce soit la bonne aujourd’hui. C’est la preuve que tous les sacrifices finissent par payer. Ça me montre que j’ai le niveau face aux meilleurs Juniors français”, se réjouit celui qui réside sur le plateau Matheysin.

Paul Guigard, lui aussi Isérois - né à Saint-Martin-d’Hères et qui réside à Eybens - sent de la même façon qu’il est en train de passer un cap. “J’ai beaucoup travaillé cet hiver. C’est la dernière chance avant les études supérieures. Peut-être qu’à partir de l’an prochain, il faudra mettre le vélo au second plan alors cette année, je veux en profiter et faire le maximum pour voir ce dont je suis capable”, explique l’étudiant en Terminale spé scientifique, désireux de rejoindre une école d’ingénieurs à la rentrée prochaine. “On a vraiment bien joué le coup, on ne vivra sûrement pas ça tous les week-ends, c’était le coup parfait”.


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