Paul Daumont : « Attirer l'œil d’une équipe »

Crédit photo Arnaud Guillaume - DirectVelo

Crédit photo Arnaud Guillaume - DirectVelo

Paul Daumont est à un tournant de sa carrière cycliste. Le Burkinabé de 21 ans entend profiter du Tour de l'Avenir pour se faire remarquer et venir courir en Europe la saison prochaine. L'Espoir 4, double vainqueur d'étapes sur le Tour du Cameroun et échappé sur l'épreuve en ligne des JO de Tokyo, fait le point avec DirectVelo.

DirectVelo : Quel sentiment domine en étant présent sur ce Tour de l'Avenir ?
Paul Daumont : On est content d'être là avant tout. Je pense que le stress fait partie de la course, mais on est content de faire partie de l'épreuve. On se sent privilégié. Ça va faire un peu plus d'un mois que je savais vraiment que j'allais être au départ. J'avais déjà dans l'idée de le faire, mais ma sélection n'avait pas été officialisée. On savait qu'on allait faire une équipe africaine donc pour moi l'objectif était de faire des bons résultats en Afrique afin de gagner ma place. C'est ma dernière année chez les Espoirs. Forcément, c'est important d'être là. Je pense qu'en tant qu'Espoirs, on veut toujours faire les plus grandes courses. J'ai déjà pu faire les Championnats du Monde. J'ai aussi eu la chance de participer aux Jeux Olympiques, au Tour de l'Espoir et maintenant au Tour de l'Avenir. Je pense que j'ai fait le tour des grandes compétitions de la catégorie Espoirs.

Comment as-tu préparé cet événement ?
Je suis allé en Suisse pour le préparer, au Centre Mondial du Cyclisme. Mais j'ai aussi participé aux Jeux Olympiques, où j'ai réussi à prendre l'échappée. C'était une trop grande course pour que je puisse espérer un résultat à la fin, du coup mon objectif, avec mes capacités, c'était d'essayer de faire la course sur une distance que je maîtrise, à savoir sur les 180 premiers kilomètres. Je n'ai jamais fait de course de plus de 200 kilomètres. Ça n'aurait servi à rien de rester au chaud dans le peloton, donc j'ai attaqué.

Comment s'est passée cette journée à l'avant ?
Ça a roulé très fort. On a eu jusqu'à près de 20 minutes d'avance sur le peloton. Ça n'a jamais débranché du début à la fin. Malheureusement, j'ai eu un problème avec mon dérailleur. Dans la descente, je suis resté sur le petit plateau. Je n'ai pas eu l'assistance technique à temps, du coup j'ai perdu le contact avec l'échappée. Je me suis ensuite fait rattraper par le peloton, mais je n'avais toujours pas changé de vélo. Ils m'ont repris au moment où ils ont entamé la chasse donc je me suis fait lâcher. Il devait rester une centaine de kilomètres à faire. Comme c'est un Championnat, j'ai dû m'arrêter pour la sécurité. Mais c'était bien d'avoir pu participer à l'échappée. Attaquer comme ça, c'est ce que j'aime faire. Du coup, c'était royal pour moi de prendre une échappée à ce niveau-là.

« RESTER ICI POUR FRANCHIR UN CAP »

Pour revenir sur le Tour de l’Avenir, qu'attends-tu ?
Je pense qu'ici, il y aura plus de chances de faire un résultat. Je vais essayer d'aller chasser les étapes. Je prendrai ce qui viendra, mais ce sera mon objectif, surtout sur les premières étapes de plaine et de moyenne montagne, là où les échappées ont peut-être plus de chances d'aller au bout. Ensuite, je devrai aussi aider nos leaders pour le classement général. On compte notamment sur Henok Mulubrhan. Mon rôle sera alors de l'aider en début d'étape, pour le placer.

Comment vois-tu la suite de ta carrière ?
Maintenant, il va falloir se concentrer pour avoir le niveau Élites. Même si je ne gagne pas, j'espère faire une bonne course ici pour attirer l'œil d'une équipe qui me permettrait de rester ici pour franchir un cap. Je ne me fais pas d'illusions, ce sera difficile. Surtout quand tu es issu d'une équipe africaine. Les conditions ne sont pas les mêmes. En plus, le Covid-19 est venu se rajouter à tout ça. Ce n'est pas évident, mais on essaie de se battre coûte que coûte pour essayer d'avoir de meilleures opportunités et de meilleures conditions pour mieux s'exprimer.

As-tu déjà démarché certaines équipes ?
J'ai eu quelques contacts en France, avec quelques équipes amateurs. J'attends la fin du Tour de l'Avenir pour prendre ma décision, mais je pourrais venir en France ou en Europe l'an prochain. En tout cas, c'est mon objectif. Il le faut, je ne dois plus attendre. Je veux m'installer en Europe pour y courir le plus longtemps possible. Ça peut être en France comme en Italie, en Espagne ou en Suisse, à partir du moment où je suis dans une équipe qui me permet de faire beaucoup de courses. C'est essentiel pour moi. Je fonctionne comme ça, l'entraînement, ce n'est pas trop mon truc. C'est plus facile de tenir la forme en ayant des compétitions. C'est plus amusant.

« DU VTT POUR M'AMUSER »

Comment as-tu débuté le cyclisme ?
C'est assez récent, je n'ai commencé à pratiquer le cyclisme sur route qu'en 2017. C'est arrivé assez tard. Jusque-là, je faisais du VTT pour m'amuser. J'allais à l'école à vélo, mais je n'habitais qu'à trois kilomètres donc ce n'est pas vraiment ça qui m'a décidé d'en faire. Je pense que c'est plus par esprit de compétition. J'aimais faire du vélo, mais il n'y avait pas de compétition de VTT au Burkina-Faso. J'ai pris le goût de l'entraînement en VTT, mais j'avais l'impression de m'entraîner pour rien, du coup ça m'a un peu saoulé. Celui qui deviendra ensuite mon premier entraîneur m'a dit d'essayer le vélo sur route. Moi, je ne savais pas qu'il y avait des compétitions au Burkina-Faso. J'ai essayé comme ça et ça a bien marché.

Au sein de l’équipe du Centre Mondial Mondial sur le Tour de l’Avenir, tu es le seul représentant d’un pays d’Afrique de l’Ouest...
Ça me fait aussi plaisir d'être là parce que beaucoup de gens s'intéressent à moi. Ils se demandent ce que c'est que le Burkina-Faso. Ce n'est pas un pays dont on entend beaucoup parler. Pour moi, c'est toujours une fierté d'en parler et d'être à côté des grandes nations du cyclisme en Afrique telles que le Rwanda, qui a déjà eu des coureurs professionnels, ou l'Erythrée, qu'on ne présente plus, l'Ethiopie et bien sûr l'Afrique du Sud qui marche fort depuis longtemps.

Ce qui n'est pas le cas du Burkina-Faso jusque-là...
Il y a eu Rasmane Ouedraogo, qui a fait quelques belles courses en France, mais au niveau des jeunes, on n'a jamais eu de coureur à ce niveau-là. Donc je suis content de me dire que je peux encore progresser. C'est une fierté de pouvoir côtoyer tous ceux qui sont au meilleur niveau et ça laisse quand même entrevoir un espoir pour moi. J'espère maintenant que ça va se concrétiser.

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Paul DAUMONT