Julien Jurdie : « Juste magnifique à voir »

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

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Cette fois, Decathlon AG2R La Mondiale n'a pas attendu 17 ans pour s’offrir un nouveau titre de Champion de France. Douze mois après le sacre de Paul Lapeira à Saint-Martin-de-Landelles, c’est Dorian Godon qui a fait parler sa force et sa pointe de vitesse au sommet du Mont des Alouettes, aux Herbiers. Pour le plus grand plaisir de Julien Jurdie, aux manettes de la WorldTeam ce week-end.

DirectVelo : Que représente ce titre ?
Julien Jurdie : Il y a beaucoup de fierté. C’est le quatrième de l’équipe depuis sa création. Il y a eu (Stéphane) Barthe en 1997, avant Christophe Moreau en 2007, puis on a attendu 17 ans avant de retrouver ce fameux maillot bleu-blanc-rouge. J’avais dit aux gars que je n’avais pas envie d’attendre 17 ans pour regagner un titre. Tout le monde était bien concentré au briefing. On a senti une osmose. C’est une vraie joie de pouvoir gagner aujourd’hui (dimanche). 

Comment gérer un collectif où plusieurs coureurs peuvent gagner ?
J’ai dit aux coureurs que chacun rêvait de ce maillot et que l’essentiel était qu’il soit dans l’équipe. Et c’est le cas… Paul (Lapeira) s’est sacrifié en sortant tout seul. Il savait que ses chances de gagner étaient infimes mais il l’a fait pour faire travailler les adversaires. L’emballage final, c’était juste magnifique à voir. Une fois de plus, on a eu un grand collectif de l’équipe Decathlon AG2R La Mondiale.

« IL FALLAIT INTERVENIR TOUT DE SUITE »

La course s’est-elle passée comme tu l’imaginais ?

J’imaginais une course différente. Il y a eu de l’intensité du kilomètre 0 jusqu’à l’arrivée. Ce qui ne nous a pas déplu car cette course difficile a usé nos adversaires. On savait qu’on était en sous-nombre par rapport à d’autres équipes, mais sûrement les plus forts physiquement.

À 80 kilomètres de l’arrivée, la Groupama-FDJ est partie à huit, avec Dorian Godon comme seul adversaire…
Il y a eu une cassure dans une descente. Quand tu te retournes et que tu as huit coureurs de la même équipe contre un seul adversaire, tu te dis que tu es en train de faire un coup de génie. C’était compliqué sans oreillette, on stresse dans la voiture. Les coureurs ont fait preuve de sang-froid, ils ont bien su manœuvrer. On a sacrifié un ou deux coureurs car ça sentait très mauvais à un moment donné. On n’avait que Dorian face à huit puis six Groupama-FDJ, il fallait intervenir tout de suite… Heureusement, d’autres équipes ont aussi roulé. Ça a été un petit coup de chaud. 

Quel rôle avait Dorian Godon ?
C’était le plan A pour le final. Les deux Paul (Lapeira et Seixas), Bastien (Tronchon) et Nicolas (Prodhomme) devaient être acteurs dans le final, mais il était clairement identifié que c’était lui qui devait faire le sprint. C’était simple, il y avait des coureurs protégés et le dernier était Dorian Godon. On avait dit hier soir que ça pouvait arriver en petit comité et dans ce cas, c’était tout pour Dorian. Tout n’a pas été parfait mais il s’est passé ce qu’on avait prévu. 

« UNE FORCE DE CHEVAL »

Dorian Godon n’est pas le coureur le plus connu de l’équipe…
Il était plutôt réservé quand il est arrivé dans l’équipe. Bien sûr, il s’est épanoui au fil du temps. Comme on l’a dit lors du briefing, il a une force de cheval, c’est sûrement l’un des plus forts du peloton international. On avait un doute avec la chaleur mais il s’est bien adapté. Il a beaucoup travaillé dans ce domaine, comme beaucoup d’autres coureurs. C’est un garçon atypique, un peu solitaire, qui s’entraîne souvent seul en Catalogne. Il vient de finir ses études de kiné. On a toujours su prendre Dorian avec ses qualités et défauts.

Physiquement, il est costaud…
Son physique est impressionnant, il peut rouler longtemps. Il est très puissant dans ce style de montée. Les 500 derniers mètres correspondaient à ses qualités physiques. Il a pris l’avantage physique et mental sur Romain Grégoire. Quand il est lancé, personne ne peut l’arrêter. Ce sont des qualités innées chez lui. Il a ce punch, on l’a vu quand il gagne en Romandie. Il a les watts. Tout le monde dans le peloton connaît ses qualités physiques.

Et il arrive à s’offrir le titre…
Il fallait que toutes les planètes soient alignées. On avait un petit doute concernant la chaleur, il n’apprécie pas forcément ça. Il a beaucoup travaillé dans ce domaine et ça a fait la différence dans le final. Il s’est vraiment bien adapté à cette chaleur. Il a adopté le mode économique dont on lui avait parlé hier (samedi) soir. Et puis cette dernière montée, c’était un tapis rouge pour lui. 

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