Cette année, la Visma-Lease a Bike joue la carte des courses françaises. En 2024, la WorldTeam néerlandaise n'avait disputé que les épreuves WorldTour de l'Hexagone en plus de Paris-Tours. Mais cette fois, les maillots jaunes ont déjà été aperçus sur les Boucles Drôme-Ardèche, Denain, et donc ce week-end, sur le triptyque franc-comtois. "Dans la WorldTeam, nous avons beaucoup de jeunes coureurs dans l'équipe. On voit que sur les courses du WorldTour, nous avons nos grands leaders, et la plupart du temps, notre objectif est de gagner. On doit prendre nos responsabilités en course, donc chacun a son rôle à jouer. Mais ils ont aussi besoin de courses où ils peuvent vraiment se battre dans les finals pour un résultat, et c'est pour ça que nous sommes là. Nous sommes aussi allés à Oman, à Denain en mars, et à Dunkerque le mois prochain", explique Marc Reef, directeur sportif.

C'est donc pour donner les pleins pouvoirs à sa jeune garde que la Visma-Lease a Bike étoffe son calendrier de Classe 1 et ProSeries. "Notre objectif principal avec les jeunes est de viser la victoire et des résultats, c'est ce que nous essayons de faire ici", reprend le technicien. Menno Huising fait partie du voyage, lui qui était monté sur le podium de la dernière Ronde de l'Isard et qui a régulièrement brillé dans sa catégorie d'âge. "C'est l'occasion de me montrer un peu. Les deux premiers jours n'étaient pas parfaits pour des résultats. Mais vu le coureur que je suis, ces trois jours font quand même du bien". Cian Uijtdebroeks a lui besoin de repères après des difficultés physiques. "Le dos fait toujours mal. Mais c'est aussi parce que c'est une nouvelle position, je dois m'adapter. La forme n'est pas encore là. C'est pour ça que je suis ici. Je n'ai pas l'explosivité au moment opportun. Mais j'ai pu prendre ma cadence, c'est positif".

UN TEST GRANDEUR NATURE

Offensif en Bourgogne-Franche-Comté, le Belge a pu se tester. Mais pour Marc Reef, chaque coureur aligné durant le week-end a eu l'occasion de montrer ce dont il était capable. "C'est comme un test pour tout le monde, en fait. Cian revient après une période difficile, alors il profite de ces courses pour progresser. Il n'était pas encore prêt à se battre lors de la montée finale mais il est présent à l'avant. Petit à petit, il va vers un meilleur niveau". Parmi les noms à suivre chez les Espoirs, Jorgen Nordhagen a pu jouer un résultat. Mais le vendredi, il a joué de malchance avant de se rattraper avec un Top 10 le lendemain (voir classement). "C'est vraiment dommage qu'il ait crevé, car je suis convaincu qu'il pouvait se battre pour un Top 5 vendredi. Mais Tijmen (Graat), Menno, et les jeunes de l'équipe dévo peuvent aussi. On essaie de viser un résultat avec tout le monde", ajoute Marc Reef.

Menno Huising admet qu'il avait davantage coché la journée de dimanche pour se montrer. Chose faite après un baroud dans le final. "C'était vraiment raide partout. Aujourd'hui (dimanche) était donc un peu plus un test. C'est un peu dommage qu'il y ait du vent de face dans le final. Ça gâche un peu les chances. Mais ces derniers jours, mon travail consistait simplement à montrer ma capacité à entourer les autres. Je pense avoir plutôt bien réussi en coachant toute l'équipe. Samedi, j'ai été lâché alors qu'il ne restait plus que 20 coureurs". Cian Uijtdebroeks n'est pas reparti avec un résultat significatif, mais il attendait de ce week-end des réponses. "Avec les soucis de dos depuis un an et demi... J'espère qu'on a trouvé la solution maintenant. C'est pour ça que ces trois jours-ci sont très importants pour analyser si ça revient. J'espère que ce sera le feu vert pour recommencer les vrais entraînements".

« DIFFICILE DE SAISIR SA CHANCE » MAIS « TRÈS AGRÉABLE » D'ÊTRE DANS L'OMBRE DE GRANDS NOMS

Il n'est pas toujours facile d'être un jeune coureur sous les couleurs de Visma-Lease a Bike. Avec une liste de leaders bien remplie sur tous les terrains, la stratégie est donc d'accorder du leadership à la jeune garde sur ces courses d'un moindre niveau. "Il y a des avantages et des inconvénients, je pense. Ils ne subissent pas la pression de la performance, mais celle des grands leaders. Ainsi, dans leur ombre, ils peuvent toujours essayer de donner le meilleur d'eux-mêmes. Sur certaines courses, ils peuvent simplement être présents, apprendre et donner le meilleur d'eux-mêmes pour l'équipe et leur leader, pense Marc Reef. Puis nous avons aussi des courses où ils peuvent tenter de faire des choses et viser leur propre résultat, comme ce fut le cas chez les moins de 23 ans". Menno Huising concède volontiers qu'il est "difficile de saisir sa chance, même si jusqu'ici, ça se passe vraiment bien".

Le Néerlandais voit aussi le verre à moitié plein d'être à ce qu'il estime la meilleure école à cet âge-là. "C'est vraiment excitant de devoir performer dès ses 20 ou 21 ans. Mais c'est aussi très agréable de se retrouver dans l'ombre de Jonas (Vingegaard), Wout (van Aert), Tiesj (Benoot), etc. Et d'apprendre d'eux. Nous avons tellement d'expérience et de classe dans l'équipe. J'espère que dans deux ans, j'atteindrai un niveau où je pourrai m'exprimer un peu. Là j'absorbe toutes ces expériences. C'est difficile de se montrer, mais en même temps, dans une course comme celle-ci, on a aussi nos chances, estime Menno Huising. D'un côté on peut se montrer ici, saisir sa chance, et d'un autre côté, aller en Romandie, en Catalogne ou à Liège, et courir là-bas avec un leader comme Tiesj, Wout ou Jonas pour apprendre. Ça me plait".

« UNE QUESTION DE COURBE DE PROGRESSION »

Pour un garçon comme Cian Uijtdebroeks qui a déjà quelques références, mais pas encore de victoires, la couleur du maillot ne change pas ses attentes. "Ça n'a pas beaucoup d'effets négatifs. En soi, j'ai toujours performé chez Bora. Donc je vais faire maintenant la même chose chez Visma". Les jeunes de l'équipe n'ont pas l'obligation de performer très vite. "Notre objectif est de devenir un très bon coureur du WorldTour. Peut-être avec des épreuves comme ce week-end, où on peut être offensifs, ou des étapes de montagne très difficiles où on est équipier. Mais il n'y a pas vraiment de projet précis. Il faut aussi voir comment on évolue, raconte Menno Huising. On le voit avec Matthew Brennan maintenant. Il arrive en Catalogne comme remplaçant. Et au final, il remporte deux étapes. C'est aussi une question de courbe de progression".

Surtout pour le Néerlandais, qui n'est pas même pas encore vraiment fixé sur son profil. "Là où je me dirige, c'est un peu une aventure pour moi. En WorldTour, les courses montagneuses sont trop difficiles. Mais chez les U23, la puissance peut encore jouer davantage que le poids. Mais c'est ma force, je peux courir à Denain et la semaine suivante aller sur une course de montagne. J'espère qu'un jour je deviendrai aussi bon que Tiesj Benoot. C'est un coureur que j'admire vraiment", sourit-il. Alors que pour un garçon déjà aguerri comme Cian Uijtdebroeks, le plan est différent. "J'arrive à trouver ma place. Même s'il y a la blessure, ils ont 100% confiance en moi. Pour le futur, on a de grands projets. Je ne dois pas particulièrement performer cette année. Mais après, on attend de grandes choses pour les prochaines années".

« NOUS EN VERRONS LES BIENFAITS À L'AVENIR »

Donc pour cette première année avec cette stratégie, Marc Reef et la direction de Visma-Lease a Bike testent aussi l'impact d'étoffer le calendrier de Classe 1 et ProSeries sur la progression de ses jeunes. "Ce n'est que la première année que nous prenons une telle décision de participer à des courses comme celles de ce week-end. Nous en verrons les bienfaits à l'avenir, et de plus en plus d'équipes autour de nous le font. Ce sont trois belles courses en France, et je pense que nous reviendrons encore ici à l'avenir". Mais la Bourgogne-Franche-Comté n'est pas privilégiée, car en plus des courses de Dunkerque, les maillots jaunes devraient retourner sur des courses françaises. "C'est fort possible qu'on revienne plus tard dans la saison", sourit le technicien. Et ce sera sans aucun doute, encore une fois, avec sa jeune garde.