« Si on mettait des coureurs du WorldTour chez les Hommes… » : Une présence qui fait causer

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Marion Bunel, Célia Gery et Églantine Rayer Girault. Le podium du Championnat de France Espoirs 2025 a de la gueule mais il ne fait pas forcément plaisir à tout le monde. Si personne ne remet en cause le talent des trois premières, le fait de voir trois filles du WorldTour sur les trois premières marches du podium fait grincer quelques dents. “Si on mettait des coureurs du WorldTour sur le Championnat de France U23 Hommes, ça n’aurait pas de sens. Chez les filles ça doit être pareil, estime, auprès de DirectVelo, Noéline Delbove qui encadrait ce samedi l’équipe Espoirs du Grand Est. Je n'ai aucun souci avec Marion Bunel, Célia Géry ou autres mais maintenant que le calendrier féminin ressemble à celui des hommes, pourquoi pas retrouver des règlements similaires sur le Championnat de France. Ce n’est pas frustrant car la hiérarchie est respectée en l'état. À partir du moment où les filles du WorldTour ont le droit de courir, c’est tout à leur honneur. Mais c'est vrai que ça crée deux courses en une. En l’état, nous ne pouvons pas jouer dans la même cour”.


Marion Bunel (1ère) et Clémence Latimier (4e) - qui évoluait encore début mai chez les amateurs - étaient, il y a moins d’une semaine, engagées sur les routes du Tour de France. “On vient un peu à se demander quelle est la place des amatrices ou des pros dans ce Championnat. C'est un peu dommage parce que je pense surtout au public et à l'organisation”, confie Aurélien Vauléon, CTR du comité de Bretagne.

« PAS FORCÉMENT COOL »

Sur le circuit de la Tour-du-Pin (Isère), Solène Muller a terminé 5e et première concurrente amateur. La sociétaire du Grand Est a franchi la ligne à plus de onze minutes de Marion Bunel. “Pour nous, les filles de divisions nationales, ce n'est pas forcément cool, parce qu'on se dit qu'elles sont une jambe au-dessus des autres. La course est vite bouclée. Dès la première bosse, c'était terminé. Pourquoi les filles du WorldTour auraient le droit de courir et pas les hommes ?”, s’interroge-t-elle. “Forcément, nos coureuses n’ont pas les mêmes armes car il leur manque de la caisse et de la puissance”, constate Maxime Cré, également encadrant au sein du comité du Grand Est.

Comme beaucoup, Solène Muller comprend que les athlètes professionnelles aient envie de s’aligner. “C'est une course où elles peuvent jouer leur carte et avoir leur chance”. Noéline Delbove voit tout de même un bon côté à la présence de Marion Bunel en Nord-Isère. “Elle a aidé Pauline (Ferrand-Prévot) à gagner le Tour de France donc c'est quand même sympathique qu'elle ait pris le départ à la Tour-du-Pin”.

« CE N’EST PAS INTERDIT »

Les discussions sur le sujet n’ont pas attendu le succès de Marion Bunel pour commencer. “On en a déjà discuté avec les collègues, indique Anthony Malenfant, qui a retenu dans l’équipe de Normandie Marion Bunel et Églantine Rayer Girault. Effectivement, j'ai joué dessus et j'ai donné la chance aux filles d'aller chercher un titre. Ce n’est jamais joué d’avance mais on savait que sur le papier, c'était quand même favorable”. Mais pour autant, il n’est pas le plus grand supporter de la présence des professionnelles sur un Championnat de France U23. “Elles ont déjà un Championnat. Elles n'ont clairement pas le même niveau que d'autres filles qui sont notamment dans des divisions nationales”.

Célia Gery comprend que la présence de professionnelles interroge mais elle compte bien profiter du règlement tant que possible. “J'ai moins de 23 ans, j'aime courir toutes les courses possibles, surtout un Championnat de France. Marion va pouvoir porter le maillot au Tour de l'Avenir, donc c'est vraiment génial pour elle. Pour l’instant, ce n’est pas interdit qu’on soit là donc on en profite”.

« ON NE VA PAS BOUDER NOTRE PLAISIR »

Pour l’entraîneur national Emilian Broë, il faut continuer de dupliquer la règle internationale qui permet, chez les Féminines, de voir les professionnelles sur les Championnats internationaux, ce qui n’est plus le cas cette année chez les Hommes. “La question s'est posée, est-ce qu'on accepte ces athlètes de ce niveau-là sur le Championnat de France Espoirs ? On a décidé de laisser tel quel, simplement parce que ça permet de décerner le titre à la meilleure U23. Aujourd'hui, je pense que les filles qui sont devant, clairement, elles ont montré qu’elles étaient les plus fortes. Ce serait donner l'opportunité à d'autres filles de remporter un titre, mais ça reste un titre de Championne de France. Ça ne doit pas être « au rabais ». Ce titre doit démarquer le meilleur athlète d'une catégorie d'âge”.

Et peu importe si Marion Bunel est professionnelle, il y avait beaucoup de joie au sein du comité de Normandie ce samedi midi. “Ce sont des gamines qu'on a accompagnées dès les rangs Minimes. On les a toujours eues en équipe de Normandie. Les avoir encore à ce niveau-là, ça fait plaisir. On ne va pas dire non. C'est une très belle journée. On savoure forcément, on ne va pas bouder notre plaisir évidemment”. 

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