Arnaud De Lie : « On a respecté l’organisateur »

Crédit photo Xavier Pereyron / DirectVelo

Crédit photo Xavier Pereyron / DirectVelo

Les discussions ont duré une heure, les échanges ont parfois été musclés, mais Arnaud De Lie n’a jamais hésité. Quitte à aller à l’encontre de la décision de la plupart de ses coéquipiers et de son staff : le Champion de Belgique a tenu à faire la course après l’incident malheureux de ce vendredi midi sur l'Etoile de Bessèges (lire ici). Deux heures et demi plus tard, c’est lui qui a levé les bras le long de la Cèze, dans les rues de Bessèges, s’emparant également du maillot de leader. Le sprinteur de la Lotto est revenu sur cette journée pas comme les autres au micro de DirectVelo derrière le podium protocolaire. Entretien.

DirectVelo : Pourquoi as-tu décidé de continuer cette étape quand il y a eu le mouvement de protestation ?
Arnaud De Lie : Il y a eu un petit dilemme mais si tout le monde s'arrêtait, l’Etoile de Bessèges aurait eu du mal à continuer. En tant que coureur, je pense que s’il n’y a plus de courses, on peut mettre la clef sur la porte et aller travailler dans le monde réel. On a la chance de pouvoir vivre de notre passion. Il y avait un dilemme. Mais personnellement, je ne me suis même pas posé la question. Je voulais continuer. On était un petit groupe de coureurs au début. Je pense qu'on était une petite vingtaine. Au final, on était 60, puis 70… Je ne sais pas combien, mais je pense que j'ai fait le bon choix (78 coureurs ont coupé la ligne d'arrivée, NDLR). J'ai gagné ici. On a respecté l'organisateur et c'est aussi pour ça que j'ai continué. C'est vraiment le cœur de la problématique.

« IL Y A EU LE CÔTÉ SENTIMENTAL »

Il y a tout de même beaucoup de questions autour de la sécurité !
Oui, c'est sûr. Je pense que la sécurité est très importante. Mais encore une fois, s'il n'y a pas de course, on ne peut pas exercer notre métier. Comme je le disais, c'était un dilemme. J'ai fait le choix de continuer. Ce choix s'est avéré être payant parce que, bien sûr, j'ai gagné. Mais je pense que c'est aussi pour ça qu'on fait du vélo, pour des conditions comme celles-ci. Je pense que tout le monde se souvient de Bernard Hinault qui gagne Liège-Bastogne-Liège sur la neige. Aujourd’hui, c'était des conditions météorologiques un peu moins extrêmes. Mais c'est ça aussi le vélo.

Comment se sont passées les discussions quand le peloton s’est arrêté ?
Pour être honnête, je n'ai pas suivi les discussions. Je me suis mis dans la voiture et suis resté au chaud. Si ça repartait, j'étais de la partie. On a entendu Radio Tour qui disait que si ça ne repartait pas, l'Etoile de Bessèges, c’était fini pour la vie. Il y a eu le côté sentimental qui est venu de mon côté. Je considère l'Etoile de Bessèges comme une course historique. La voir terminer comme ça, ça aurait été très dommage. 

« BIZARRE DE GAGNER COMME ÇA »

Cinq de tes coéquipiers n’ont pas repris la course…
C’était le chaos. Pour être honnête, j'étais sur la ligne devant. Mes équipiers étaient à la voiture. On n’a pas vraiment pu tous échanger et finalement, seul Baptiste Veistroffer m’a rejoint. Ça fait partie du truc.

C’est une victoire pas comme les autres, que tu n’es pas près d’oublier !
Oui mais ça reste une victoire. Surtout avec des conditions comme ça, c'est quelque chose que j'affectionne. Je l'ai prouvé. C'est bizarre de gagner comme ça, avec une course neutralisée, puis raccourcie, et avec tout ce que l'on a vu durant la journée. Je pense qu'on a vu du spectacle quand même. C'était une course de 130 km assez dure. Vous pouvez demander à n’importe quel coureur qui a fait la course, il vous dira qu’il a l’impression d’avoir fait 200 bornes, tellement c’était dur.

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