Émilie Morier : « Monter les marches sans sauter les étapes »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo
Émilie Morier confirme sa reconversion. À 28 ans, l’ancienne triathlète termine 2e du Championnat de France Amateurs ce vendredi aux Herbiers. Une performance qui va permettre à la future sociétaire de Saint-Michel-Preference Home-Auber 93 de franchir un cap. L’actuelle coureuse du Team Grand Sud Cyclisme Féminin revient sur sa 2e place et sur ses perspectives d’avenir au micro de DirectVelo.
DirectVelo : Quelle saveur a cette médaille d'argent ?
Émilie Morier : Au début, j'étais vraiment énervée. Louper un sprint de peu, c'est toujours rageant. Mais aujourd'hui je ne peux être que satisfaite. Je suis heureuse d'être 2e chez les amateurs. C'est ma première vraie saison de vélo, j'ai encore beaucoup à apprendre. Pendant toute la course, j'ai dû bien observer. J'avais les numéros de dossards sur ma potence, mais je ne connaissais pas les visages, c’était beaucoup d'observation. Avant de passer à l'action, il y a toujours un petit temps. Je suis contente du résultat. Je pense que j'ai beaucoup à apprendre. Il ne faut pas sauter les étapes.
Comment juges-tu ta progression ?
Il faut beaucoup de courses et d'entraînement, ce niveau ne vient pas de nulle part. Tout le monde me dit : « tu commences le vélo et tu es super forte ». Non, j'ai quand même fait des kilomètres avant. J’ai un moteur grâce à la natation et à la course à pied. Aujourd'hui, je suis curieuse de savoir ce que je vais pouvoir donner en vélo avec des vraies séances spécifiques. Pour le coup, je n'ai pas vraiment commencé. J’ai hâte de monter les marches sans sauter les étapes. Je passe chez les pros, ça va être un autre monde, mais j'en suis consciente. J'ai hâte de commencer.
As-tu fait une erreur pendant ton sprint ?
Forcément, je ne l'ai pas gagné, donc j'ai fait des erreurs. Après, je sentais que j'avais les jambes. Comme elle le dit, j'ai un peu joué avec elle au dernier tour. J'ai réussi à l'arroser. Dans le vélo, il faut apprendre à courir de cette manière et ne pas faire que des relais de générosité, comme je le faisais au début. Je pense que j'ai attaqué 50 mètres trop tôt. Parce qu'en Pmax (puissance max, NDLR), ça marche aussi bien chez moi, mais j'apprends. Je ne peux pas toujours avoir la 1re place, même si je suis une mauvaise perdante et que je voulais gagner aujourd’hui.
« J’AI ENVIE DE FAIRE UN SPORT D'ÉQUIPE, ET PLUS UN SPORT INDIVIDUEL »
En triathlon, les efforts sont plus réguliers. Tu sens que c'est en explosivité que tu dois progresser ?
En triathlon, surtout en course à pied et en nage, l'explosivité n'est pas la qualité première. L’équipe de France de piste m'avait repérée à 14 ans grâce à ma Pmax. Elle est là, elle est cachée, un peu enfouie. Il va falloir faire un peu de dépoussiérage, mais on va travailler intelligemment. Pour les entraînements à vélo, je n’avais personne. Mon entraîneur était plus axé sur la natation et la course à pied. J'avais du retard à rattraper après les Jeux Olympiques de Tokyo. J'ai fait une bonne dépression qui m'a un peu éloignée de la natation et de la course à pied. J'ai toujours aimé le vélo, donc je vais là où je prends du plaisir. Je rejoins une équipe, je ne serai plus toute seule à l'autre bout du monde ou sur mes déplacements. J'ai hâte de commencer avec mon équipe et d'avoir vraiment cette cohésion. Ça va me faire aller très loin.
Tu vas rejoindre Saint-Michel-Preference Home-Auber 93. Comment s'est fait le contact avec eux ?
C'est une sacrée histoire. J'avais un partenaire commun, Saint-Michel, qui m'aidait pour le triathlon. Ils m’ont dit que si je voulais aller rouler avec des filles, il fallait faire attention, ça allait aller vite. J’ai fait mes premiers jours d'école et je n’étais pas bien dans ma chambre, mais je me suis rendu compte que finalement j'arrivais à les suivre. Je prenais du plaisir, je m'amusais un peu à attaquer mais je restais un peu sage parce que j'étais dans un nouveau groupe. Elles m'ont accueillie, c'était vraiment une équipe familiale. Elles ont toutes cru en moi dès le début en disant : “C'est quand que tu nous rejoins ?”. Il y a trois semaines, ils m'ont proposé un contrat. Ce sont eux qui m'ont fait confiance et qui m'ont amenée sur le vélo. J’ai envie de faire un sport d'équipe et plus un sport individuel.
Ils ont des attentes pour toi ?
On n’a pas eu beaucoup d'échanges parce que c'est vraiment tout nouveau. J'ai signé le contrat il n'y a même pas une semaine. J'attends d'eux qu'ils me fassent monter les étapes marche par marche. Comme je le dis, je ne veux pas sauter les étapes. Pour ce qu’ils attendent de moi, j'attends le briefing et j'écouterai. Au début je vais être un bon soldat. Je vais observer et essayer de comprendre. J’ai encore beaucoup à apprendre, mais je ne me mets pas de limites. J'ai toujours eu cette philosophie-là. S'ils me disent que je peux, je leur ferai confiance. On va avancer pas à pas. Un Tour de France, c'est peut-être possible. Je n’ai pas encore la réponse, mais je suis prête.
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