« Ce n'est pas la procession des Champs-Elysées » : Luke Tuckwell n’a pas fini de souffrir

Crédit photo Xavier Pereyron / DirectVelo
Que l’aube est belle. Ce moment solitaire, propice à la contemplation à la fenêtre et à la méditation, alors que le fond de l’air est encore frais. Contraste saisissant avec la fournaise des routes du Giro NextGen depuis plusieurs journées en plein après-midi, et avec l’âpre bataille que se sont menés les favoris dans les pentes de la montée finale. Luke Tuckwell y repense forcément, ce matin, au moment d’ouvrir les paupières et de contempler le paysage depuis sa chambre d’hôtel.
Après avoir chipé le maillot rose au tenant du titre Jarno Widar il y a trois jours - le Belge a quitté la course sur chute ce samedi -, l’Australien a vacillé, mais résisté, lors de cet avant-dernier acte de la semaine. Le coureur de la réserve de Red Bull-BORA-Hansgrohe a vu le Tchèque Pavel Novak réaliser un véritable numéro et revenir tout près au classement général. Le Norvégien Jorgen Nordhagen (Visma-Lease a Bike) et l’Espagnol Adria Pericas (UAE Team Emirates) ont eu aussi grappillé du temps en attaquant le leader de l’épreuve dans l’ascension finale de Prato Nevoso. Le dauphin de Luke Tuckwell, le Slovène Jakob Omrzel, a lui grapillé quinze secondes en toute fin de course, pour se rapprocher de 26 à 11 secondes au général avant la dernière journée, qui s’annonce explosive et bien moins calme que ce début de matinée passé autour d’un jus de fruits et d’un bol de céréales au fromage blanc.
MALMENÉ LE JOUR DE SON ANNIVERSAIRE
“On a essayé d’être en contrôle, de contenir nos adversaires. On s’est dit que c’était la meilleure stratégie à adopter”, explique le maillot rose. Alors qu’il fêtait ses 21 ans ce samedi, le garçon n’a pas été ménagé. “C’était clairement l’anniversaire le plus douloureux de ma vie. Mais je suis heureux d’avoir pu conserver mon maillot lors de cette journée spéciale”. Fort heureusement pour lui, « l’Aussie » peut compter sur une formation particulièrement solide autour de lui cette semaine, avec des garçons de grande qualité. “J’ai dû faire rouler Callum (Thornley) et Lorenzo (Finn) car les Visma m’ont poussé à la limite avec leur tempo très soutenu dans la montée”.
Luke Tuckwell, intelligemment, n’a pas voulu s’enflammer et a tenté de gérer la marge qu’il comptait au général sur ses différents rivaux. “Je savais que j’avais un petit matelas d’avance, je pouvais en jouer un petit peu, il ne fallait pas paniquer”. Il concède tout de même avoir "stressé" dans les derniers kilomètres. “Je ne savais plus trop où j’en étais, je n’avais pas les écarts, alors j’ai fini à bloc les dernières minutes”. Toujours lucide malgré tout, il savait que Jakob Ormzel restait son principal rival, alors il n’a pas voulu le quitter des yeux, l’apercevant toujours quelques dizaines de mètres plus haut sur la chaussée piémontaise du Prato Nevoso. “J’ai tenu, c’est le principal”.
UNE DERNIÈRE JOURNÉE QUI S’ANNONCE TERRIBLE
Ce Tour d’Italie Espoirs n’est pas gagné pour autant et Luke Tuckwell le sait très bien. Sa marge s’est donc considérablement réduite par rapport à ses différents adversaires et la dernière étape, vallonnée, s’annonce extrêmement difficile à contrôler alors que ce Tour d’Italie Espoirs se dispute, pour rappel, par équipes de cinq seulement. Voilà qui annonce du pain sur le planche pour ses quatre coéquipiers, dont le Français Adrien Boichis. “Ce n'est pas la procession des Champs-Elysées qui nous attend”, lâche le leader en faisant référence à la dernière étape du Tour de France. “Je sais que ce sera une dernière journée terrible”. Mais il va se battre avec ce qu’il lui reste de forces pour tenter, d’abord de ne pas se faire piéger par un gros groupe avec un favori en son sein, puis de ne pas craquer à la pédale dans les pentes du Prarostino et ses passages à 12%, à une quinzaine de kilomètres de l'arrivée. La bataille promet d’être belle.
En savoir plus : coureurs et équipes associés
Coureurs
