Réforme des licences : Michel Callot répond aux questions

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

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La Fédération française de cyclisme a présenté sa réforme des licences au bout de trois ans de travail et de discussions (lire ici). Ces nouveautés entraînent forcément des questions sur le pourquoi de ce changement et ses conséquences pratiques, notamment pour les Juniors ou les catégories de course. Michel Callot, le Président de la FFC, répond aux questions de DirectVelo, même si tous les cas de figure ne sont pas encore tranchés.

DirectVelo : Pourquoi y avait-il besoin de réformer les licences ?
Michel Callot : Depuis que je suis dirigeant, c’est à dire plus de 20 ans, j’entends parler de la problématique de l’offre des licences devenue touffue au fil des ans. Une simplification est demandée par tous depuis des années mais ça touchait les habitudes, la réglementation, c’était donc complexe. Nous avons donc décidé de prendre notre temps. Nous avons mis en place un groupe de réflexion qui a travaillé pendant trois ans, en concertation avec le Congrès fédéral, le Conseil des présidents de comités régionaux et le Conseil fédéral.

Qui composait ce groupe de travail ?
Il y avait des membres du Conseil fédéral, des présidents de comités régionaux et des membres du Bureau exécutif.

« LEVER LA NÉCESSITÉ DE FREINER POUR NE PAS MONTER »

Qu’est-ce qui a demandé du temps dans ce travail ?
C’est tout sauf de l’improvisation. Il fallait être le plus clair possible vis à vis de l’extérieur et dépoussiérer ce qui pouvait l’être. La réforme devait s’adresser à toutes les disciplines du cyclisme. En ce qui concerne le cyclisme sur route, il fallait aussi lever la nécessité de “freiner” pour ne pas monter en 1ère catégorie pour ne pas être confronté à des coureurs de l’élite dont c’est l’activité principale.

Cette réforme s’accompagne aussi d’une hausse du prix des licences, pourquoi ?
Il y a deux aspects à prendre en compte dans la tarification. L’inflation et l’assurance. Comme tout le monde nous sommes touchés par l’inflation et nous avons essayé de la limiter le plus possible à un euro en plus. L’impact de l’assurance est important, à 4 euros en moyenne par licence. Nous sommes en renouvellement de contrat d’assurance qui porte sur les dommages aux personnes et la responsabilité civile. Je rappelle que notre assureur nous a fortement accompagnés pendant le Covid en soulageant les comités régionaux sur la partie organisation. L’appel d’offre est très réglementé et nous sommes face à un marché de l’assurance qui est assez secoué. Il y a aussi notre sinistralité liée majoritairement aux accidents à l’entraînement (chute en groupe, chute en VTT ou en BMX). On reste un sport à risque, ça fait partie de notre sport.

Comment la FFC peut-elle réduire ces sinistres ?
En compétition, on peut agir avec le travail de la commission sécurité, même si ça n’empêche pas tout avec l’engagement que demande la compétition.

« ON POURRA AVOIR DES COURSES OPEN 2 JUSQU’AUX ACCESS 4 »

La catégorie Juniors est touchée par cette réforme…
On va parler d’U19. L’UCI parle encore de catégorie Juniors mais on va aller vers une harmonisation de l’appellation petit à petit dans tous les sports, ça permet de se repérer. Il faut se dire que c’est la même chose que pour les U23, les Espoirs, on ne raisonne plus par catégorie d’âge mais par niveau de pratique, comme les Espoirs.

Les Élites auront-ils leur place dans les courses du calendrier régional ?
On donne la possibilité d’organiser des courses ouvertes aux Élites. Si le travail se fait au niveau régional, on devrait avoir la traduction de ce qui se fait actuellement pour les 1ère catégorie et apporter la même réponse aux Élites.

Comment choisir les catégories de course, sans décourager une partie des licenciés d’y participer ?
L’organisateur va avoir la possibilité de choisir. Il y a des différences très importantes selon les régions. Il va donner la catégorie la plus élevée et la moins élevée. On pourra avoir des courses Open 2 jusqu’aux Access 4. Dans le cyclisme sur route, l’intérêt est de pratiquer dans un peloton de son niveau. Mais à certaines dates, comme l’été ou certains week-ends, il y a un intérêt pour l’organisateur d’ouvrir davantage les compétitions pour maintenir une offre.

DES JUNIORS EN NATIONAL

Plusieurs questions se posent sur la mise en place de cette réforme. Pour les équipes N1, N2, N3 pour les hommes et les N1 et N2 pour les femmes, tous les coureurs de l’effectif déclaré seront-ils classés Élites ?
Non. Le cahier des charges de chaque niveau va déterminer la partie de l’effectif classé Elite. Le but de la catégorie Elites est de regrouper les meilleurs athlètes. On laisse aussi la souplesse de choisir entre Open 1 et Elite pour les autres. Les cahiers des charges sont en cours de préparation et suivront la voie réglementaire avec le passage en Bureau exécutif et au Conseil fédéral. 

Les Juniors pourront-ils être en N1, N2, N3 et peut-on imaginer une équipe de National composée uniquement de coureurs de 17-18 ans ?
Oui, ils peuvent être recrutés par les équipes de National. Du point de vue purement théorique, ils peuvent composer une équipe entière mais, en pratique, ça demandera du temps…

Si une équipe voit son dossier de labellisation en National retoqué, est-ce que ses coureurs récupèrent tous une licence Open ?
Mécaniquement oui car ils ne rentreront plus dans le critère obligatoire d’être en Elite qui est lié à la présence dans une équipe labellisée. Mais ils conservent la liberté de choisir une licence Elite. Le but est de ne pas rendre des coureurs prisonniers d’une catégorie qui les obligerait à des longs déplacements.

HARMONISER LES MONTÉES DE CATÉGORIES CHEZ LES OPEN

Y aura-t-il des Championnats régionaux Juniors et un Championnat de France et ouvert à quel niveau de coureurs ?
Il y aura bien des Championnats pour les U19. Il y aura aussi toujours des épreuves du calendrier fédéral. La participation dépendra de l’évolution de la réglementation. Avant, on fonctionnait avec des “sauf”, on va revenir à des choses plus positives.

Comment se déroulera la montée de catégorie chez les Open ?
Comme aujourd’hui, elle sera gérée par les régions. Un groupe de travail dirigé par Didier Marchand, le président du comité de Bretagne, va aider l’harmonisation de ces montées entre régions.

Quelle sera l’équivalence de catégorie pour les féminines qui courent avec les hommes ?
Ce n’est pas encore tranché. Ce sera aussi le travail de la commission de trouver un niveau de compétition qui a du sens et laisser aux comités régionaux la possibilité de s’adapter à leurs particularités.

Dans quelle catégorie seront classés les coureurs étrangers qui arrivent dans un club français pour la première fois ?
Là aussi, ce n’est pas encore décidé.

Avant cette réforme, comment évolue le nombre de licenciés cette année ?
On va clore la saison au 30 septembre aux environs de 109 600 licenciés, alors que nous avions prévu 106 000 à l’Assemblée générale. Nous étions à 112 000 en 2019 et nous étions descendus à 102 000 avec le Covid. On a refait une partie du chemin.

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