Benjamin Thomas : « Un statut dès le début de l’année »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

L’école de la piste a payé, ce vendredi, sur la troisième étape de l’Étoile de Bessèges (2.1). À quelques kilomètres du but, après avoir fait la descente à bloc, Benjamin Thomas a fait parler tout son savoir des vélodromes, pour placer une attaque digne des meilleurs sprints décollés. Piégeant ainsi Tobias Johannessen et Alberto Bettiol, ses deux malheureux adversaires du jour dans le final de l’étape tracée autour de Bessèges (voir classement). Le Champion de France du contre-la-montre confirme au lendemain de la victoire de Bryan Coquard que le recrutement de Cofidis est déjà payant. Benjamin Thomas est revenu avec DirectVelo sur ce final et la bataille à trois, mais aussi son arrivée avec Cofidis et son nouveau statut de coureur protégé, ainsi que la défense de son maillot corail, à la veille du Mont Bouquet. 

DirectVelo : Tu n’as pas trainé pour décrocher ton premier succès avec Cofidis !
Benjamin Thomas : Je connaisais bien le final, j'avais coché l'étape aujourd'hui, c'est celle qui me convenait le mieux sur le papier. On était vraiment libéré après la victoire de Bryan (Coquard). On a fait un super boulot avec Rémy (Rochas) et toute l'équipe qui m'a super bien protégé dans la dernière bosse. Je connaissais bien la descente, je savais qu'elle pouvait être piégeuse. J'ai continué à bloc et on était à trois en bas. Mes collègues comptaient leurs coups de pédale, donc à la relance en faux plat montant, j'ai tenté. Et puis c'était une poursuite jusqu'à l'arrivée. Je suis super content, ça récompense le travail de toute l'équipe. 

Comment as-tu négocié le final ?
Le pied de la bosse s'est fait très rapidement avec les EF. (Alberto) Bettiol s'est retrouvé vite seul, il restait plus de deux kilomètres. Ça s'est pas mal regardé. À la bascule, j'ai vu que Bryan était là. J'ai tenté d'y aller dans la descente, je me suis dit qu'au pire si ça faisait la cassure, il me couvrirait derrière. Ça faisait une bonne excuse pour ne pas rouler. On est souvent passé là à l'Étoile. J'ai pris quelques risques. Je n'étais pas tout à fait satisfait parce que les deux passaient juste le vélo, moi je voulais creuser l'écart pour le général. Au pire, s’ils me reprenaient, on tournait jusqu'à l'arrivée et on se la jouait au sprint. Je tenais à ne pas avoir de regrets donc j'ai mis cette attaque et j'ai bien fait ! 

« IL SE DEMANDAIT PEUT-ÊTRE CE QUE JE FAISAIS »

Tu as d’ailleurs montré toutes tes qualités de pistard avec cette attaque décollée !
(Rires). Je me suis dit, j'essaye de les surprendre. Bettiol m'a vu venir, il se demandait peut-être un peu ce que je faisais. J'ai essayé de faire l'effort maximal sur 30 secondes, car je savais qu'il y avait la petite redescente après avec le rond-point. Donc si j'avais pris 50 mètres au rond-point, à deux ils allaient se regarder, et ça se joue dans la tête. Au kilomètre, tu ne sens plus les jambes, tu vas au bout à bloc. 

Comme Bryan Coquard, tu montres à Cofidis qu’ils ont eu raison de te recruter…
C'est exactement ce que je recherchais, je ne pouvais pas rêver à un meilleur début de saison. C'est l'aboutissement d'un gros hiver. Ça représente beaucoup pour moi. On a senti dès les stages hivernaux qu'il y avait une bonne cohésion, de l'émulation. Quand on arrive dans une nouvelle équipe, on veut faire ses preuves et s'affirmer. Avec Bryan, on forme un beau duo sur cette Étoile, c'est un beau clin d'œil pour l'équipe. Je tournais un peu autour, ça me permet de renouer avec le succès et c'est ce qui compte.

« UN STATUT DE COUREUR PROTÉGÉ EST CE QUE JE RECHERCHAIS »

Tu sembles déjà très à l’aise dans le collectif…
J'ai eu un statut dès le début d'année où Cédric Vasseur m'a dit dès l'entame de la saison que je venais pour gagner des courses, et qu'il comptait sur moi pour faire ça. Il a tenu ses promesses ici en mettant une équipe qui a travaillé pour moi aujourd'hui. J'ai plus de libertés mais pas de pression, puisqu'on a plusieurs coureurs comme ça dont Bryan, et ça répartit la pression avec des leaders tels que Guillaume (Martin) ou Ion (Izagirre). Les premiers jours, comme hier, on a travaillé pour Bryan. Avoir un statut de coureur protégé est ce que je recherchais. C'est là où je m'épanouis, je suis heureux de conclure aujourd'hui et j'espère lancer une bonne saison pour l'équipe. 

Ce statut de coureur protégé te manquait ?
L'an dernier, c'était un peu spécial avec les Jeux au milieu de ma saison, qui étaient vraiment mon objectif de l'année. Là je veux faire un gros début de saison et me tourner vers des objectifs sur la route, donc j'ai plus de place. Et c'est normal de performer un peu plus à ce niveau-là. J'envisage une participation au Tour, faire le mieux possible en faisant tourner le compteur de victoires. Viser les courses d'une semaine, car quand j'ai une bonne forme je passe bien les bosses un peu en puncheur. Avec mes qualités de finisseur, sur ces étapes qui n'arrivent pas au sommet ou au sprint, je peux tirer mon épingle du jeu. Notre Étoile est déjà réussie, j'espère que ça va continuer. 

« JE VAIS ÊTRE L’HOMME À ABATTRE »

Tu te positionnes comme potentiel vainqueur du général…
Oui, comme je le disais en début d'année, je venais ici pour lever les bras. Le classement général venait ensuite. Il y a encore demain à passer. Il faudra résister parce que je vais être l'homme à abattre. Dimanche je partirai avec les compteurs à zéro pour faire le meilleur chrono possible et m'en tirer aussi bien que l'an dernier, j'espère (il avait terminé 2e du chrono d'Alès derrière Filippo Ganna, NDLR). Il faut déjà récupérer, ça fait trois jours que c'est exigeant. J'ai laissé beaucoup de forces dans les bordures, et aujourd'hui encore, donc on ne va pas s'enflammer. Une journée sans est vite arrivée. On va voir demain et j'essaierai de faire la meilleure montée possible (au Mont Bouquet, NDLR), on fera les comptes après. 

Appréhendes-tu le Mont Bouquet ?
Aujourd'hui, quand ça a mis en route dans la bosse, j'étais assez bien. Je n'ai pas trop de changements de rythme dans les bosses, je vais essayer de faire une montée régulière. Rémy (Rochas) était encore là avec moi pour me faire un bon tempo quand ça a attaqué, je vais beaucoup m'appuyer sur mon équipe demain. Et j'espère garder ce maillot demain soir. 



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