Pierre Rolland : « Je veux passer à autre chose »

Crédit photo Corentin Richard - DirectVelo

Crédit photo Corentin Richard - DirectVelo

Si la saison 2019 devait se conclure aujourd’hui, Pierre Rolland n’en retiendrait pas grand-chose de positif. Si ce n’est rien. Alors qu’il avait fait le choix de quitter l’équipe EF Education First pour retrouver le peloton français cet hiver, du côté de Vital Concept-B&B Hôtels, le grimpeur a vécu un véritable cauchemar. Pas en réussite en février, il a été victime d’une lourde chute lors du week-end en Drôme-Ardèche. Bilan : une double fracture du poignet gauche qui l’a contraint à renoncer à Paris-Nice puis à toutes les courses du printemps. Après coup, l’ancien double vainqueur d’étapes sur le Tour de France admet être passé par des moments très difficiles, physiquement comme mentalement. “Dans la tête, c’était très compliqué. Je n’avais pas mon niveau. C’était dur physiquement aussi car tous les soirs, j’étais cassé, j’avais le dos en vrac, j’avais mal au poignet… Y compris lorsque j’ai repris la compétition. On faisait des séances d'ostéo et de kiné tous les soirs. Puis le lendemain, il fallait tout recommencer”, racontait le coureur auprès de DirectVelo, ce dimanche, en marge de la 4e et dernière étape de la Route d’Occitanie. 

« SI C'ÉTAIT À REFAIRE... »

Pas plus tard qu’il y a dix jours, Pierre Rolland était encore en souffrance sur les routes du Critérium du Dauphiné. “Ce n’est pas facile de récupérer toutes tes facultés physiques quand, dans le même temps, tu disputes une course comme celle-là, avec cette intensité”. Fort heureusement, le coureur de 32 ans semble avoir enfin retrouvé (partiellement) des couleurs ce week-end, en Occitanie. Il s’est notamment porté à l’avant de la course lors des deux dernières étapes. “Le bilan, d’un point de vue sportif, n’est pas exceptionnel. Mais bon… Ce qu’il y a de bien, c’est que je commence à retrouver des sensations au niveau de l’ensemble de mon corps. Depuis ma fracture du poignet, j’ai beaucoup galéré. C’était long. Le soucis, c’est surtout qu’il y a eu beaucoup de compensation. J’avais des douleurs incessantes qui arrivaient à chaque fois au bout d’une, deux ou trois heures de vélo… Ça m’empêchait de pédaler normalement. Petit à petit, cette gêne arrivait de plus en plus tard durant les sorties. Et là, en Occitanie, j’ai vraiment senti que je pouvais plus et mieux tirer sur le guidon, se félicite-t-il. J’étais plus à l’aise. C’est le point positif de la semaine”.

Pierre Rolland admet tout de même avoir un regret : celui de la façon dont il a géré son retour de blessure. Mais il pensait bien faire à une période où la formation bretonne jouait gros. “Si c’était à refaire, j’aurais pris plus de temps pour me guérir. Mais nous étions à la chasse aux invitations pour le Tour comme pour la Vuelta. C’était donc important que j’essaie de bien marcher un peu partout. Par exemple, c’est pour ça que j’ai essayé de bien marcher sur le Tour d’Aragon (6e) pour essayer de décrocher une invitation au Tour d’Espagne. Enfin… Au final, tout était joué d’avance”, souffle-t-il au pied du bus de son équipe, sous la forte chaleur de Clermont-Pouyguillès (Gers). “Si je l’avais su avant, j’aurais pris mon temps pour bien me soigner. Peut-être que je n’aurais déjà plus du tout de douleurs à l’heure actuelle”.

« C'EST COMPLIQUÉ POUR MOI »

Cet été, l’homme aux quatorze saisons chez les pros aurait pu retrouver le sourire sur les routes du Tour de France, voire sur celles du Tour d’Espagne. Il n’en sera rien, son équipe n’ayant été conviée à aucun des deux rendez-vous. Alors, après quoi va bien pouvoir courir Pierre Rolland jusqu’à la fin de saison ? Quelles épreuves vont le motiver ? “On va attendre les invitations pour le mois d’août. Mais c’est vrai qu’un coureur comme moi, qui aime s’exprimer sur les Grands Tours, n’est pas aidé avec cette situation. En ne faisant ni le Tour ni la Vuelta, c’est compliqué pour moi de trouver un terrain d’expression. Les courses par étapes sur quelques jours, ce n’est pas pareil”.  

Et il a encore pu en faire l’amer expérience sur les routes de l’Occitanie. “Il y a toujours quelqu’un qui gêne pour empêcher l’échappée de se développer, avec des coureurs encore placés au général. Du coup, c’est difficile de s’exprimer et d’espérer jouer une victoire. Samedi par exemple, avec Nans Peters et d’autres à moins de deux minutes au général, l’échappée était condamnée”. Quand on lui demande s’il a tout de même une épreuve ou deux en tête, le 4e du Tour d’Italie 2014 n’en cite aucune. “Il va bien falloir que je choisisse mes courses mais pour l’instant, j’ai surtout hâte d’être au Championnat de France pour ensuite prendre du repos. Je veux passer à autre chose, et surtout penser à autre chose : il faut que je tourne la page de cette première partie de saison”

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