Le monde amateur fait-il encore rêver ?

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

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Dans une époque où il vaut mieux sortir des Juniors que sortir des Espoirs pour décrocher un contrat pro, et avec un monde amateur qui s'adapte pour trouver des coureurs moins précoces, envoyer des coureurs au niveau supérieur est devenu plus dur pour les N1. "Pour nous, c'est clair que c'est de plus en plus compliqué. Mais il y en a qui passent sous les radars. Et il ne faut pas se voiler la face, certaines Conti se trompent dans le recrutement. Ce n'est pas parce qu'on est encore amateur à l'heure actuelle que ça les empêche d'aller chez les professionnels", note Sébastien Cottier. "Ça devient plus compliqué de passer. C’est une réalité qui est compliquée pour des gars qui sont arrivés tard sur le vélo de route", ajoute Benjamin Vidal, directeur sportif d'une institution comme le CC Etupes, qui a vu de nombreux grands coureurs français passer par ses rangs.

« J'ESPÈRE QUE LES ÉQUIPES GARDERONT UN ŒIL SUR CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE AMATEUR »

Denis Repérant a des exemples à Hexagone Corbas Lyon Métropole, ou durant ses années passées. "Julien Marin ne fait que progresser d'année en année, il est moins regardé qu'un coureur de 19 ou 20 ans. Ils veulent tous avoir la pépite, mais il n'y en a pas tant que ça. Heureusement qu'il y a des équipes comme Roubaix, Auber ou Nantes, qui permettent à des coureurs qui ne sont pas obligatoirement jeunes d'évoluer au niveau dessus. Il y a quelques années, on a vu des coureurs passer sur le tard. Je connais bien Julien Bernard par exemple. Au final, il est toujours chez les pros et c’est un des meilleurs coéquipiers du monde. Pourtant chez les Juniors, il était loin d'être dominateur. J'espère que les équipes garderont un œil sur ce qui se passe dans le monde amateur, parce que ça vaut le coup".

De l'autre côté, il y a certaines équipes qui souffrent moins. Comme l'AVC Aix Provence Dole. "Je trouve que c'est beaucoup moins difficile qu'à mon époque, plaisante Jean-François Rodriguez . On n'était pas nombreux à prétendre à passer à l'échelon au-dessus (ils étaient 8 néo-pros dans sa promotion en 1980, NDLR)". Le SCO Dijon aussi a l'habitude de faire passer du monde chez les pros. "On n'a pas forcément les mêmes coureurs à faire émerger. Donc c'est complémentaire. Je trouve que ce n'est pas trop mal pour nous. On pourrait toujours faire mieux, mais il ne faut pas non plus voir toujours tout en négatif", ajoute Guillaume Souyris. Certaines équipes bénéficient aussi de partenariats avec des équipes professionnelles, comme Charvieu-Chavagneux récemment. "On a un partenariat avec l'équipe Unibet. On verra ce que ça donne justement cet été, mais normalement, ça va permettre de tisser des liens avec eux".

AUCUN DÉBAT SUR LA VALEUR D'UN MAILLOT TRICOLORE CHEZ LES AMATEURS

Le calendrier amateur ne manque pas de courses réputées. Mais en 2025, le poids de ces courses est-il toujours le même... "Pour moi, ça a toujours la même saveur, c'est important. La valeur aussi. Ces courses-là ne sont pas faciles à gagner, pense Jean-Philippe Yon. Pour gagner le CLM Champenois, il a fallu qu'on fasse 52,5 de moyenne sur 40 kilomètres. Ce n'est quand même pas anodin". Jean-François Rodriguez met en avant le potentiel des Classe 2. "Il y a toujours des courses qui marquent quand même. Ceux qui passent pros sont ceux qui se montrent en Classe 2. Pas forcément en les gagnant, mais en se montrant". Alors que pour Sébastien Hoareau, même les plus petites courses ont de la valeur. "Quand un coureur nous dit « aujourd'hui, je vais aller faire une petite course de village », la première chose qu'on lui dit, c'est qu'il n'y a pas de petites courses, il faut déjà en gagner".

Mais vendredi après-midi, il n'y aura pas de débat avec le nouveau Champion de France amateur. "C’est la plus belle course à gagner de l'année. S'il n'y a qu'une course à gagner de l'année, c'est le Championnat de France. J'ai eu la chance de connaître ce bonheur-là il y a quelques années avec Alexis Renard. Il n'y a rien de plus beau", se rappelle Sébastien Cottier. "Je pense que c'est la meilleure des choses, même pour les jeunes". Deux fois Champion de France chez les pros, Nicolas Vogondy connaît l'importance d'un tel rendez-vous. Surtout que l'an passé, il était dans la voiture pour accompagner Titouan Margueritat vers le maillot bleu-blanc-rouge. "Le titre de champion de France a toujours beaucoup de valeur. Il est toujours très recherché par les coureurs et on va essayer de le défendre". Celui qui triomphera au Mont des Alouettes prendra quoi qu'il arrive une nouvelle dimension, et tous les rêves qui vont avec seront permis.

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