Matthijs Büchli : « Je commence à zéro »

Crédit photo Francis Spruyt - DirectVelo

Crédit photo Francis Spruyt - DirectVelo

L'armoire à glace est un peu moins large et passe mieux les portes. Matthijs Büchli se construit petit à petit un profil de routier sous son maillot BEAT, le même qu'il portait quand il était Champion du Monde de keirin et de vitesse par équipes. En effet, à 29 ans, le Champion olympique de vitesse par équipes à Tokyo l'été dernier a décidé de changer de voie. "Je me suis lancé dans cette nouvelle aventure. J'ai entièrement bifurqué sur la route maintenant. Cette année, je veux tout miser sur la route, assure-t-il à DirectVelo. Il n'y aura pas de compétition piste à mon programme. J'ai besoin d'être 100% concentré sur un but pour y arriver. Je veux savoir ce que je peux atteindre".

« THEO BOS M'A DIT DE NE PAS LE FAIRE »

Le vice-Champion olympique de keirin à Rio a débuté sa carrière de routier l'automne dernier, à l'Etoile de Zwolle (1.2) d'abord puis au Tour de Drenthe (1.1), à un moment où l'équipe Continentale BEAT commençait à manquer de troupes fraîches. Il n'est pas le premier Champion du Monde ou Champion olympique d'une discipline de vitesse à tenter sa chance sur la route. Il y a eu notamment Patrick Sercu, Marty Nothstein et Theo Bos, le compatriote de Mattijs Büchli. Le Néerlandais s'est reconverti en routier après les Jeux de Pékin et sa carrière sur route a duré entre 2009 et 2015. Dès sa première saison, il réussit à faire parler sa pointe de vitesse et a cueilli plus de 30 bouquets chez les pros, y compris au niveau du WorldTour, au Tour de Pologne et à l'Eneco Tour. Son cadet, aspirant routier, s'est bien évidemment tourné vers lui pour parler de son expérience. "Théo m'a dit pourtant de ne pas le faire. Je lui en avais parlé il y a deux ans. Quand je lui ai annoncé ma décision il y a quelques mois, il ne me croyait pas. Il pense que j'aurai plus de difficultés que lui car le niveau sur la route a encore augmenté".

Depuis le début de saison, il bouffe de la pluie, du vent et du pavé, loin du bois sec et chauffé des vélodromes. Le Champion d'Europe du kilomètre 2018 doit maintenant enchaîner les courses de 200 bornes. "Le plus difficile pour moi, c'est la distance. C'est difficile de se concentrer pour ne pas oublier de manger notamment. Je fais énormément de sorties endurance. C'est l'exact contraire de ce que j'ai vécu les dix dernières années". Le Néerlandais trouve une autre différence entre une course sur piste et la route. "Au départ des courses sur route, je suis très détendu. Alors que sur la piste, ma concentration était maximum dès le début car ça ne dure que quelques instants".

« UN PAS EN ARRIÈRE FINANCIÈREMENT »

Matthijs Büchli n'a pas besoin d'attendre une saison entière pour connaître son profil. "Si je peux devenir quelque chose sur la route, ce ne sera évidemment que sprinteur. J'ai besoin de parcours le plus plat possible". Depuis le début de saison, il a terminé les trois premières étapes de l'Olympia's Tour (2.2) et abandonné les autres courses. "J'ai le sentiment de commencer à zéro. Je ne sais pas du tout quand je pourrai espérer un résultat".

C'est donc vraiment pour la passion du sport que le pistard a abandonné les disciplines qui lui rapportaient de l'or. "Financièrement, c'est moins intéressant aussi. Je pouvais profiter d'un statut particulier aux Pays-Bas. J'ai aussi gagné pas mal de prix. C'est un pas en arrière financièrement". Mais attention, il ne tourne pas le dos à la piste pour autant. "J'envisage plutôt de me lancer dans un an ou deux dans les disciplines d'endurance : l'Américaine et le scratch". Il retrouvera au quartier des coureurs ses anciens coéquipiers sprinteurs comme Harrie Lavreysen ou Jeffrey Hoogland. Matthijs Büchli en est sûr, il ne risque pas de les croiser un jour dans un peloton de routiers. "Ils ne feront jamais cette folie !".

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