Un nouvel organisateur et de gros chamboulements à venir pour le Tour féminin de l’Ardèche

Crédit photo Florian Frison / DirectVelo
Oubliez le Tour féminin de l’Ardèche tel que vous l’avez connu ces dernières années. La course par étapes d’une semaine va évoluer en profondeur l’an prochain et ressemblera davantage - mais dans un contexte différent - à ce qu’elle était à ses débuts, de 2003 à 2005 notamment. L’homme à la tête du comité d’organisation, Louis Jeannin, et son équipe de bénévoles vont désormais donner un double des clefs du camion à Guillaume Delpech, Damien Pollet et toute l’équipe de "Boucles Drôme-Ardèche Organisation", lesquels sont à la tête des deux courses d’un jour pros masculines en début de saison et seront également à la baguette lors des prochains Championnats d’Europe en Drôme-Ardèche, du 1er au 5 octobre prochains.
LE MONT LOZÈRE, C’EST FINI
“Tout cela se fera en totale bonne intelligence. Chacun va essayer de chercher ses sponsors, ce sera un travail et une implication de tout le monde pour faire perdurer ce beau projet. Rien n’est signé pour le moment mais il y a des pistes importantes qui nous permettent d’espérer une belle mutualisation. Chacun doit trouver sa place, en dépassant les égos personnels”, expliquait Louis Jeannin auprès de DirectVelo après la cérémonie protocolaire finale de l’édition 2025, dimanche à Privas.
Parmi les nombreux changements d’importance à prévoir : le nombre de journées de course, drastiquement réduit. Le TCFIA, qui a longtemps compté sept étapes sur une semaine complète de compétition - puis six lors des deux dernières éditions - ne devrait plus se disputer que sur trois jours en 2026, d’un vendredi à un dimanche. Plusieurs possibilités sont toujours envisagées concernant les dates précises à poser au calendrier.
De la même façon, géographiquement, ces trois journées de compétition vont désormais se recentrer sur les seuls départements de la Drôme et de l’Ardèche, alors que le Gard, la Lozère ou encore le Vaucluse étaient constamment visités ces dernières années. Avec trois étapes en ligne ou la présence, toujours, d’un contre-la-montre individuel, qui reste à étudier et à trancher. “Certains départements comme la Lozère sont déçus, mais c’est ainsi”, concède Louis Jeannin. Pour rappel, lors de la création du TCFIA et durant de longues années, l’intégralité des villes-étapes étaient ardéchoises, y compris lors des premières éditions à six ou sept étapes, avec des départs ou arrivées d’étapes pratiquement tous les ans à Bourg-Saint-Andéol, Cruas, au Teil, au Pouzin, à Vals-les-Bains ou encore à Villeneuve-de-Berg.
PLUS DE CAMPING, MAIS L'ARRIVÉE DE LA TÉLÉVISION
Pour rentrer dans les clous et ne plus se faire réprimander par les représentants de l’UCI, l’accueil des équipes dans un camping de Saint-Alban-d’Auriolles va également être abandonné. Depuis plusieurs années, quelques formations du WorldTour présentes sur la course décidaient d’ailleurs d’elles-mêmes de loger ailleurs, à l’hôtel. Mais cette année encore, des équipes de premier rang telles que la FDJ-Suez ou PicNic-PostNL logeaient toujours au camping du Ranc Davaine. “C’était une obligation pour nous, afin d’être à l’équilibre financièrement, mais ça a chagriné le président du jury et les commissaires”, concède Louis Jeannin.
Bien que les bénévoles fassent au mieux, il est donc temps de franchir un cap et de se professionnaliser davantage pour maintenir l’épreuve au niveau UCI. “Il y a besoin de ce sang frais. Pour nous, ça devenait trop difficile financièrement, reprend l’organisateur. Il faut savoir s’arrêter avant de tomber dans le trou, et de devoir vendre la maison pour payer les dettes. Ça devenait compliqué physiquement aussi, je vais avoir 80 ans, les bénévoles sont fatigués… Il y a toute la logistique. Vous voyez nos bénévoles manipuler deux kilomètres de barrières ? C’est impossible. Mais on s’est fait taper sur les doigts par l’UCI. Il y a une réglementation et on a du mal à s’y tenir dans les conditions actuelles, avec nos moyens financiers et humains. On était au bout du bout”.
Il devient donc nécessaire de trouver un nouvel élan, et de nouveaux partenaires. La présence d’une retransmission télévisée est ainsi dans les tuyaux pour 2026. “C’est quelque chose qui pourrait tout changer au niveau des partenaires. C’est autre chose qu’un reportage Facebook”, conclut Louis Jeannin avec le sourire. Grand amoureux du cyclisme féminin depuis des décennies, il compte bien continuer de se battre pour voir l’épreuve briller dans les années à venir. En acceptant donc de passer progressivement la main à une équipe qui a fait monter les Boucles Drôme-Ardèche en prestige d’année en année. Les nouveaux (co)propriétaires de la maison TCFIA devraient s’exprimer sur le sujet au terme du prochain Championnat d’Europe.
