Cécile Lejeune, une révélation et des promesses

Crédit photo Nicolas Vaucouleur

Crédit photo Nicolas Vaucouleur

Séverine Eraud l’a concédé bien volontiers au moment de raconter sa victoire sur la Route de Loire-Atlantique, dimanche dernier : elle ne connaissait pas l’athlète du VC Morteau-Montbenoit qui lui a offert une belle résistance jusque dans les tous derniers kilomètres de la course (lire ici). Qu’elle se rassure : elle n’était pas la seule à découvrir la prometteuse cycliste de 23 ans à l’occasion de ce rendez-vous national. Et pour cause : Cécile Lejeune vient de disputer, via la Classic Vienne Nouvelle-Aquitaine et donc la Route de Loire-Atlantique, son premier week-end de compétitions au niveau national.

Au premier coup d'œil, la 2e place de la Francilienne - originaire de l’Essonne - derrière une professionnelle a donc de quoi surprendre. Mais à y regarder de plus près, Cécile Lejeune a déjà un sacré vécu dans le haut-niveau. Adepte de course à pied, de duathlon et de triathlon, elle compte un palmarès long comme le bras depuis ses plus jeunes années. Championne de France Minimes, Cadettes, et Juniors en duathlon comme en triathlon, recordwoman des 10 km en course à pied chez les Cadettes (un 34’31” établi en 2015), Championne de France Élites de duathlon en 2017… Voilà une compétitrice qui sait gagner sur les très grands rendez-vous. Repérée par des recruteurs américains, elle se retrouve à passer trois ans et demi à Phoenix, la capitale de l'Arizona, en tant que sportive de haut-niveau. Si niveau scolaire, ce séjour outre-Atlantique est une grande réussite, il tourne vite au fiasco d'un point de vue sportif. 

À la suite de différentes blessures de fatigue, et après que des médecins américains lui aient annoncé - visiblement à tort - qu'il lui serait impossible de reprendre la compétition à haut-niveau, Cécile Lejeune a subitement arrêté la course à pied après n'avoir disputé qu'une seule compétition en terres américaines. "Je suis quand même restée en Arizona pour y terminer ma Licence et même prolonger avec un Master mais je n'ai plus jamais repris la course à pied, du moins pas à haute intensité". Elle décide tout de même de se lancer de nouveaux défis par la suite, en se consacrant au cyclisme sur route.

HABITUÉE AUX EFFORTS LINÉAIRES

De retour en France, et sur les conseils notamment de Sandra Levenez (Team Arkéa), ancienne double Championne du Monde de duathlon, elle prend une licence au VC Morteau-Montbenoît. 
“Il a fallu que je me renseigne. Au début, je ne savais même pas ce qu'était une DN. Je pars de zéro. J’aimerais bien voir jusqu’où je peux aller. J’ai besoin d’apprendre, de savoir qui est qui et de me redécouvrir sur le vélo”, résume-t-elle en quelques mots.

“Au début, ça peut sembler bizarre quand tu arrives d’autres disciplines telles que le duathlon ou le triathlon, mais tu as du mal à comprendre qu’en cyclisme, ce n’est pas toujours la plus forte qui gagne. Il faut prendre les bonnes roues, ne pas rouler dans le vent, suivre le bon mouvement de course etc. Samedi, c’était la première fois que je roulais dans un peloton de 150 filles ! Il va falloir que j’apprenne à me placer, à anticiper les mouvements de course... Forcément, ça prend du temps. Mais j’ai déjà de bonnes bases et je pense que je peux faire encore beaucoup mieux”, se réjouit celle qui s’est récemment installée dans le Jura, à Dole, d'où son choix de rejoindre le club de Morteau. “Quand c’est groupé et que ça devient stratégique, qu’il faut aller chercher des attaques, ça me fait bizarre. Mais ça va venir”.

Habituée à s’auto-gérer en compétition, la néo-cycliste devrait sans nul doute apprécier la discipline du contre-la-montre, équivalente à ce qu’elle a déjà connu en duathlon et en triathlon. Dans le même sens, les courses montagneuses pourraient aussi lui convenir. “Je n'ai pas eu l'occasion de grimper trop de cols jusqu'à présent mais ça pourrait être intéressant en effet. Pour le moment, ce sont les changements de rythme qui me posent problème. J’ai du mal à m’habituer car jusqu’à présent, dans mes autres disciplines, j’ai toujours connu des efforts réguliers et linéaires”. Diplômée d’un Master en Ingénierie des développements durables, elle est récemment devenue professeur d'anglais en ligne. "Je cherche à me spécialiser vers les sportifs pour les aider sur leurs déplacements à l'international, leur gestion des interviewes, des réseaux sociaux...". Et à l'instant-T, Cécile Lejeune promet avoir “un emploi du temps assez flexible” et du temps à consacrer au vélo dans les mois à venir. Ses (nouvelles) adversaires sont prévenues, il faudra désormais compter avec elle. 

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