Damien Monier : « Je me fais plaisir »

Crédit photo DR

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Dans une autre vie, Damien Monier était coureur professionnel chez Cofidis (neuf saisons), il prenait part au Tour de France en 2010 et, la même année, il remportait une étape du Giro, en solitaire, dans la montagne. Aujourd'hui, à 34 ans, l'Auvergnat, membre de l'équipe japonaise Bridgestone-Anchor, vient de s'adjuger le Tour international de la Guadeloupe. Il s'est imposé dimanche passé au terme de dix étapes ardues de cols, bordures et retournements incessants de situations, pour enlever son premier succès UCI deux ans après une étape du Tour de Constantine, en Algérie. Interview.

DirectVelo : Quelle place occupe le Tour de la Guadeloupe dans ton palmarès ?
Damien Monier : Une place importante ! C'est la course des « premières » pour moi : première fois que je gagne un contre-la-montre [depuis le Chrono des Herbiers Espoirs en 2003], première fois que je gagne un classement général... Et première fois que je porte la maillot de leader trois jours d'affilée (en 2015). J'avais déjà terminé 7e et 2e du général du Tour de la Guadeloupe, l'an passé j'étais encore 2e à deux jours de la fin, mais je suis tombé au sprint et je me suis fracturé la clavicule. Je suis content d'y arriver enfin !

Tu t'imposes grâce à une échappée le dernier jour. C'était serré jusqu'au bout ?
Oui, et d'ailleurs je n'avais pas pris le départ pour gagner. Je pensais surtout aider Thomas (Lebas), qui est à la fois un coéquipier et un ami. Je me suis mis à son service pendant deux jours, pour l'aider à conserver son maillot jaune. Puis il a fallu revoir nos plans par la suite. Je n'ai cru en mes propres chances qu'à la veille de l'arrivée, quand je gagne le contre-la-montre. Là, je me dis que c'est possible. Et, donc, je suis parti en échappée.

« JE N'AI RIEN DEMANDE A PERSONNE »

Comment le public a-t-il accueilli ta victoire ?
Les gens étaient super contents de nous voir gagner. Notre équipe, Bridgestone-Anchor, est très populaire en Guadeloupe depuis la première fois que nous sommes venus, il y a quatre ans. Miyataka Shimizu avait terminé 3e et c'est un coureur populaire. Cette année, nous avons été beaucoup encouragés avec Thomas (Lebas). Il y avait notre nom peint sur les routes.

Et la presse ? Elle parle beaucoup de coalitions, de trahisons en tous genres...
Avec les nombreux médias présents, la pression locale et la ferveur locale, c'est un fait : les polémiques font partie du Tour de la Guadeloupe. Mais je ne m'en plains pas spécialement. Je n'y prête pas beaucoup attention. Tout ce que je sais, c'est que j'ai gagné en partant dans une échappée le dernier jour. Je n'ai rien demandé à personne. Le leader [le Vénézuélien José Chacon, de l'AS Baie-Mahault] s'est retrouvé isolé. Ses équipiers étaient en train de s'user et il s'est retrouvé à boucher les trous tout seul dans le peloton. Je me suis dit qu'il fallait y aller. J'ai rejoint une échappée qui était déjà à l'avant, et c'est comme ça que j'ai pu creuser l'écart.

« JE PENSE FINIR MA CARRIERE AU JAPON »

Tu devais être impatient de lever les bras, après des résultats difficiles ces derniers mois ?
J'ai eu un début de saison en dents de scie. Malheureusement, les hauts se produisent quand je suis en phase d'entraînement et les bas tombent sur les jours de compétition. Je ne sais pas à quoi c'est dû. Ma préparation ? La chance ? L'âge ? Peut-être que je suis trop vieux ?

A 34 ans, tu te vois revenir un jour dans une équipe française ?
Pas forcément. Je me fais davantage plaisir sur un Tour de la Guadeloupe que sur des épreuves en métropole. J'aime bien les courses avec 50% d'amateurs et 50% de pros. On a la même physionomie de peloton sur les courses au Japon. Le peloton a un niveau assez disparate mais les sept ou huit gars qui se disputent la victoire sont très fort. En courant à l'étranger, j'ai aussi davantage d'opportunités de me frotter à la montagne, mon terrain favori. Donc, je me plais dans ce que je fais. Je suis chez Bridgestone-Anchor depuis quatre ans déjà et je m'entends bien avec tout le monde. J'ai même commencé à apprendre le japonais, pour ne pas seulement communiquer en anglais ! Je voudrais continuer à apporter des choses aux jeunes. Ce qui veut dire que je terminerai sans doute ma carrière au Japon.

Ta carrière a été heurtée par un accident à l'entraînement, en janvier 2012, lorsque tu es percuté par un automobiliste. Traumatisme crânien (tu es resté inconscient pendant 45 minutes), fractures multiples... As-tu réussi à retrouver la plénitude de tes moyens depuis lors ?
Non. Il y a eu un avant et un après cet accident. Le niveau que j'ai aujourd'hui est moindre que celui de mes années Cofidis. Mais il est tout à fait convenable pour disputer des épreuves sur le circuit Continental UCI. Et c'est là que je trouve désormais mon plaisir.

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